La suite de notre descente vers le sud de la Baja California : Todos Santos, ou La Mecque du surf sur la péninsule...
Avant d'arriver à Todos Santos, nous faisons une étape de deux jours dans le village de Loreto, en pleine ferveur pré-Noël !
Loreto se situe sur la côte orientale, au bord de la Mer de Cortés, et au pied de la Sierra de la Giganta, une chaîne de montagnes particulièrement escarpées qui sépare les deux versants de cette partie du sud de la Basse-Californie.
Le coin est reputé pour ses missions, les anciens édifices réligieux (bâtis entre autres par les Jésuites) à des fins d'évangélisation.
Pour les amateurs de vieilles pierres équipés d'un véhicule tout-terrain, c'est le paradis. Nous, on ne peut pas envisager les pistes infernales dans les montagnes avec le camping-car, et on se tourne plutôt vers la mer...
La baie de Loreto et les îles au large forment l'une des réserves marines du Golfe de Californie. Comme les autres zones protégées de la Mer de Cortés, le
Bahía de Loreto National Park est réputé pour ses baleines, dauphins et colonies de lions de mer.
Manque de chance pour nous, le vent souffle en force durant nos journées sur place et la mer reste trop agitée pour envisager une sortie bateau...
Du coup à Loreto, il nous reste quoi ?
Ben déjà les margaritas sur le Zócalo, la place principale de la plupart des villes et villages mexicains. Loreto étant notablement fréquenté par les touristes et snowbirds nord-américains, le tarif moyen du cocktail en terrasse s'en ressent...
Et surtout, il nous reste chaque soir l'ambiance des fêtes précédant Noël, ses vendeurs ambulants de tacos, de tamales, de soupes indéfinissables... et les spectacles de toutes les écoles du coin !
En coupant le trajet avec une étape à Ciudad Constitución plutôt qu'une interminable journée au volant, on débarque donc à Todos Santos, village touristique sur la côte Pacifique (en fait légèrement en retrait, il n'y a pas de front de mer en centre-ville) en pleine expansion.
Beaucoup de marchands de souvenirs, de restos, quelques surfshops, mais ça reste assez cool et très loin - pour le moment - en terme de bétonnage des complexes hôteliers de Cabo San Lucas à la pointe sud de la péninsule.
Notre camp de base, après avoir exploré plusieurs accès aux plages des alentours en jouant un peu avec le feu sur des pistes très sablonneuses, c'est la plage de La Pastora, environ 5 ou 6 kilomètres vers le nord à l'écart du village.
La piste étant infernale pour le camping car, les approvisonnements au village se font à vélo...
Un parcours (avec des bonnes côtes en approchant du village) qui sortait par les yeux de Mini-Lapinette au bout de quelques jours !
Car nous sommes restés posés un bon moment à La Pastora, où il y avait toujours quelques vans à camper avec nous mais l'espace est immense.
Par contre seuls les 4x4 peuvent s'approcher vraiment au bord de l'eau, et même en restant en retrait il y a des zones traîtresses de sable mou : on s'est fait avoir en manoeuvrant, mais heureusement en une heure de pelletage et de cales glissées progressivement sous les roues on a sorti nos 6 tonnes tout seuls (avoir des roues jumelées à l'arrière aide aussi) !
NDLR : exceptionnellement sur le blog, la suite du récit prend une forte tournure surfistique !
La planche de surf a été louée dans l'un des shops de Todos Santos, après avoir - pour la seule et unique fois du voyage - cherché désespérément une occase en ville. Mais l'offre est limitée, voire nulle. Et nous avons eu la flemme de pousser jusqu'aux surfcamps d'El Pescadero, un peu plus au sud.
C'est assez cher d'un point de vue mexicain (négociée à 15$ par jour) mais les vagues de qualité supérieure sont à ce prix !
La Pastora forme une pointe pas très marquée, mais suffisante pour que la houle de nord-ouest majoritaire à cette époque déroule parfaitement sur le spot principal, avec d'autres pics autour dans un rayon de 500 mètres qui valent aussi le détour.
Le fond ce sont des gros rochers, et il n'y a pas beaucoup d'eau à marée basse, ayant tapé plusieurs fois les cailloux. Ca finit en shorebreak sableux.
Les rentrées de houle c'est assez variable, c'est quand même le Pacifique qui est en face donc ça peut venir d'un peu partout suivant la saison, et de toute taille.
La Pastora est moins exposée que les plages du sud de Todos Santos (à El Pescadero), autour du 20 décembre sur une semaine (en deux épisodes) c'était généralement autour du mètre de houle, avec un jour costaud et un jour quasi flat.
Le vent est toujours offshore tôt le matin, souvent nul du milieu de matinée au début d'aprem, puis classiquement un thermique plus ou moins fort se met en place et retombe, mais pas toujours, dans la soirée.
La fréquentation à l'eau reste très, très raisonnable : rarement plus de dix personnes, et atmosphère archi cool.
Il y a beaucoup d'expats à Todos Santos, quand ça se retrouve pour surfer c'est vraiment dans la bonne ambiance tout le monde se connait...
Absolument aucun localisme et accueil chaleureux des surfeurs de passage, en tout cas sur ce spot !
Le niveau est disparate, les gars connaissent la vague par cœur mais y a clairement un large éventail de morphologies... Plus explicitement le surfeur en surpoids est assez répandu, ce qui nuit indéniablement à son style et à ses performances.
Mais certains se gavent pendant des heures, et tous les jours.
Ce gars-là par exemple je l'ai vu le premier à l'eau tous les matins, le dernier encore dedans le soir, avec juste une petite sieste dans la benne de son pick-up à un moment de la journée.
Chaque jour sans exception, sur toutes sortes de planches, à enchaîner hangtens interminables ou airs énormes suivant le support utilisé, et tubes à gogo dans tous les cas. Hallucinant...
D'ailleurs il surfe en intégrale alors que tout le monde est en maillot ou au pire pour les frileux comme moi et quelques autres, en lycra (l'eau doit être dans les 23-24°C)...
Jesus style !
Bref, du bon surf pour certains !
Et puis on n'a pas tous les jours la chance de surfer avec des baleines en toile de fond... Mais ici à La Pastora, à cette époque c'est bien réel puisque des groupes de baleines à bosse passent quotidiennement à environ 500 mètres de la côte, en pleine migration vers le sud ou la Mer de Cortés.
Saison de reproduction oblige, sauts impressionants et battements de caudale assurés !
Le plus incroyable, c'est d'imaginer que nous avons peut-être croisé ces mêmes spécimens 15000 kilomètres plus au nord, dans
les fjords d'Alaska quatre mois plus tôt !
Un matin de bonne heure et alors que l'on était que deux ou trois surfeurs dans l'eau, il y a aussi deux mantas, immenses, qui ont décollé à quelques dizaines de mètres et sont retombées dans un énorme splash.
Les gangs de pélicans font également partie du paysage !
Le soir, une asso locale de protection des tortues, Los Tortugueros, encadre la mise à l'eau de bébés tortues fraîchement éclos, sur la plage de Las Playitas (à mi-chemin entre le village de Todos Santos et la plage de La Pastora).
Ils ont récolté les œufs dans les nids originaux deux mois plus tôt, juste après chaque ponte, pour les mettre à l'abri dans des nids recreusés sous leur serre protégée, car trop de prédateurs en sont friands.
Nous sommes à la période des éclosions pour les tortues olivâtres...
C'est toujours rigolo d'y assister, mais encadré de cette manière et avec 50 spectateurs, on est quand même assez loin de nos
« rencontres privées » sur les plages de Martinique !
Un peu au nord de Playa La Pastora, il y a un bar de plage isolé auquel on accède par la piste ou en longeant la plage, mais semble-t-il lieu de sortie de tous les expats de Todos Santos.
Le cadre est sympa, mais l'ambiance un peu trop surfaite... On a fui assez rapidement.
Pour finir, une virée dont on se serait bien passés...
Au sud de Todos Santos, à la pointe de la péninsule de la Baja California : Cabo San Lucas, et sa voisine San José Del Cabo. Alias « Los Cabos ».
Une horreur de côte bétonnée, farcie d'hôtels tout inclus, un coin touristique à l'extrême, insipide et à la réputation insécuritaire.
On n'y aurait normalement jamais mis les pieds, mais c'est là que se trouve la billeterie la plus accessible pour les ferries vers le continent (qui partent de Pichilingue, le port au nord de La Paz).
Et nous venons d'apprendre que la liaison pour Mazatlàn est à nouveau opérationnelle et que l'on peut finalement éviter Los Mochis, et la province anxiogène du Sinaloa, modulo un changement de billets dans un guichet de la compagnie Baja Ferries.
D'où notre présence ici...
Présence furtive, étant donné qu'après avoir initialement envisagé un bivouac sur un parking de plage, l'atmosphère du coin nous a fait fuir sans trainer pour retourner un ou deux jours supplémentaires à Todos Santos !
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