Les quelques jours de bivouac à Bahía de Los Ángeles nous ont fait du bien, mais côté températures c'est encore largement en-dessous des espérances.
On poursuit donc davantage vers le sud, en direction de la prometteuse ligne virtuelle du Tropique du Cancer, qui passe sur l'extrémité de la Baja California.
La ville de Guerrero Negro marque le changement d'état entre Baja California Norte et Baja California Sur.
Rien de terrible pour cette première bascule entre provinces mexicaines : un poste de douane, surtout actif dans le sens inverse du nôtre (celui de la remontée de la drogue vers les États-Unis), et une taxe de 20 pesos pour la soi-disante aspersion d'un produit anti-bactérien sous le châssis du camping-car au passage d'un portique.
Des salines occupent cette partie de la côte Pacifique, ainsi que des lagunes peu profondes où les baleines grises viennent à la fois se reproduire et donner naissance aux baleineaux, de janvier à avril.
Mais nous ne nous sommes pas attardés à Guerrero Negro, où l'on a cherché désespérément une
purificadora, un vendeur d'eau potable, avec suffisamment de pression pour nous approvisionner directement par le biais d'un tuyau (suite à ce problème récurrent car la pression est généralement trop faible ou les embouts ne correspondent pas, nous avons bricolé quelques semaines plus tard notre propre système de remplissage du réservoir d'eau potable avec des
garrafones de 20 litres).
En poursuivant la
Carretera Transpeninsular, qui entame ici son changement de côte pour basculer vers le Golfe de Californie, on arrive à l'oasis de San Ignacio.
Simple étape dans un camping à 80 pesos, joliment placé sous les palmiers tout au bord de l'eau (« Don Chon »).
La lagune est alimentée par des sources, improbables en plein désert mais sans doute liées aux failles sismiques qui permettent à l'eau de remonter du sous-sol, comme dans les déserts de Californie.
Les volcans Las Tres Vírgenes, immanquables dans la plaie côtière lorsque l'on approche de la Mer de Cortés...
Puis l'arrivée à Mulegé, une autre oasis qui profite à toute une vallée cultivée.
Ayant découvert la hacienda « La Habana » au bout d'une piste infernale pour les amortisseurs et à ne faire qu'une fois en camping-car, c'est l'occasion de se poser quelques jours, d'autant qu'à force de gagner vers le sud on tient enfin nos 30°C quotidiens !
On peut camper sur la propriété, Faby la
dueña n'étant pas là à ce moment-là, c'est un snowbird canadien qui gère l'endroit et s'en gargarise un peu trop pour être agréable. M'enfin on vit notre vie sur notre coin de terrain, s'en trop lui prêter d'attention.
La hacienda possède un grand verger en libre accès, et est entourée par des orangeraies : orgie de fruits tropicaux, à commencer par des jus d'agrumes à longueur de journée !
Le village de Mulegé est à quelques kilomètres en vélo. Pas insurmontable, mais sans ombre et avec des passages sablonneux, on ne peut pas se farcir la piste trois fois par jour...
D'autant qu'il faut surveiller où l'on met ses roues !
Mulegé est un petit village tranquille et sympa, un peu en retrait de la côte (le phare de Mulegé en bord de mer se trouve à 2 ou 3 kilomètres du centre du village).
Deux endroits ont nos faveurs : la brasserie artisanale locale...
Et les tacos de Mario, les meilleurs que l'on ait trouvés en Baja California !
C'est également depuis Mulegé que l'on planifie notre future traversée vers le « continent ». Depuis La Paz, deux ports d'arrivée envisageables de l'autre côté de la Mer de Cortés : Topolobampo ou Mazatlán.
Mazatlán est plus au sud et évite d'avoir à traverser la province anxiogène du Sinaloa, point chaud des cartels de la drogue au Mexique. Surtout, l'arrivée à Topolobampo (le port de Los Mochis) se fait en fin de soirée et promet une nuit compliquée à l'arrivée.
La traversée pour Mazatlán a donc généralement la faveur des voyageurs... sauf qu'à ce moment-là, le ferry est en réparation, et que malheureusement c'est bien par le Sinaloa qu'il va falloir tansiter.
Première épreuve avec la réservation des billets, par téléphone (on passe nos appels via Skype) et en espagnol exclusivement...
Au sud de Mulegé, la
Transpeninsular longe la côte orientale de la Basse-Californie.
Une immense baie quasi fermée apparaît alors : Bahía Concepción...
Tout le long de cette baie, sur plusieurs dizaines de kilomètres, des anses abritées et des plages de sable blanc s'enchaînent les unes après les autres.
Un concept un peu particulier de camping s'est démocratisé sur cette portion de côte paradisiaque : les
palapas.
Santispac, Escondida, Los Cocos, El Burro, El Coyote... chaque plage de Bahía Concepción a son
caretaker : un gars qui entretient les cahutes en bambou, ramasse les déchets, ratisse la plage de temps en temps, et garantit une certaine sécurité des lieux (sans vivre forcément sur place, ça dépend des plages).
En contrepartie de ses services, ce « gérant auto-proclamé » passe la plupart des soirs et des matins pour demander une taxe aux nouveaux arrivants, généralement autour de 150 pesos (7€) par jour, plus ou moins négociables suivant la durée du séjour envisagé sur place.
Bref même si le principe peut surprendre car les plages restent des terres publiques, et n'ont pas toujours été privatisées de cette façon par le passé, le fait est que le camping à Bahía Concepción reste assez sensationnel, et que disposer d'une
palapa pour se protéger un peu plus de l'impitoyable soleil mexicain qu'avec notre simple auvent, c'est un sacré bonus.
Reste le choix de la plage, toutes ne se valant pas à notre goût.
Playa Santispac, la première rencontrée en venant de Mulegé, est sale, remplie de
snowbirds installés pour plusieurs mois (ils constituent au demeurant plus des trois quarts des campeurs sur les plages de Bahía Concepción) et ressemble surtout à un grand parking poussiéreux avec quelques petits restos...
Après les avoir toutes visitées (sauf Playa Escondida, au bout d'une piste défoncée difficilement praticable avec un gros camping-car) on a opté pour Playa Los Cocos, la moins fréquentée et la plus tranquille, bien abritée du vent de nord qui se lève tous les après-midis.
La vue depuis la colline escarpée en retrait de la plage !
Los Cocos au premier plan, puis Ensenada la petite plage derrière la pointe, et Santispac tout au fond...
Notre spot sur Playa Los Cocos se trouve à peu près au milieu de l'anse.
Depuis ce même point de vue, Playa El Burro est la baie suivante (ici ce sont de vraies maisons en bois qui ont été bricolées, et l'esprit semble assez communautariste), puis au fond Playa El Coyote souvent agitée.
Nous avons quelques voisins, majoritairement des snowbirds canadiens, mais chacun vit plus ou moins dans son coin. En tout cas, le désintéressement vis à vis des voyageurs itinérants comme nous est assez palpable.
Ça nous va parfaitement, et un rythme plutôt à la cool s'est mis en place pour quelques jours !
Balades dans les alentours...
Il faut faire un minimum attention aux bestioles, le désert de Basse-Californie étant notablement fourni en espèces aussi peu recommandables que les serpents à sonnette, scorpions et araignées venimeuses...
Et puis la végétation du coin est hostile (non ce sont pas des
peyotls, les cactus hallucinogènes) !
Les couchers de soleil magiques de Bahía Concepción...
À la nuit tombée on entend parfois des soufflements résonner sur l'eau, après s'être posé pas mal de questions on finit par comprendre : des dauphins viennent chasser très près de la plage.
Pour résumer, Bahía Concepción c'est de l'eau turquoise et beaucoup de soleil toute l'année, mais le camping y est un peu différent de ce à quoi l'on peut s'attendre au nord de la frontière mexicaine...
Prendre note que :
- les emplacements sur les plages fonctionnent en « premier arrivé premier servi », sans aucune organisation, et les mois d'hiver voient de nombreux snowbirds investir les lieux sur le long terme, avec camping-cars et caravanes... certains prennant leurs aises et s'appropriant parfois plusieurs palapas, les places peuvent être chères
- ne surtout pas s'attendre à des toilettes propres et entretenues... au mieux un abri en bois délabré avec un siège au-dessus d'un trou dans le sol
- les vendeurs ambulants passent à toute heure (poisson, fruits et légumes, eau, bois, tapis, hamacs...), ils n'insisteront pas après un no gracias poli mais ils repasseront néanmoins tenter leur chance chaque jour
- aucun branchement électrique ou robinet d'eau, il faut être un minimum autonome... quand à la vidange des eaux sales, comme à peu près partout au Mexique c'est en pleine nature dans un coin isolé
- moustiques et sanflies peuvent être infernaux, répulsif indispensable !
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