Ebauchée à peine un mois à l'avance,
cette escapade d'une semaine en Norvège avait tout du trip « coup de tête », après être tombés un peu par hasard sur un carnet de voyage (Chasing the northern lights in Tromsø) détaillant un séjour tout au Nord
du pays pour traquer les aurores boréales...
Epatés par les photos, grosse envie de passer Noël sous la neige, côté insolite de la destination à cette époque de l'année en plein dans la nuit polaire, on a relativement peu trainé pour
prendre nos billets d'avion !
L'hiver de cette année est en plus annoncé comme particulièrement propice aux aurores boréales, le soleil connaissant un pic d'activité électromagnétique en 2012 (a priori ça sera aussi valable
en 2013). Quand au choix de Tromsø, c'est tout simplement parce que c'est la ville réputée comme ayant la plus grande fréquence en aurores boréales sur le globe, idéalement placée par 70°N (les
aurores se forment majoritairement entre le 65ème et le 75ème parallèle, et non le plus au nord possible).
Une vraie expédition scientifique, on vous dit !
Le trajet en ligne directe de la carte est utopique et cache des escales à Paris et Oslo. On y passe d'ailleurs une courte nuit de transit, dans un hôtel à proximité de l'aéroport. Le rapide
passage à l'extérieur confirme qu'on a bien fait de prendre le stock de pulls, il fait -10°C dans la capitale norvégienne !
Et le lendemain matin de bonne heure, décollage vers Tromsø tout au nord du pays...
Au passage du Cercle Polaire, quelques centaines de kilomètres plus au sud que Tromsø, on peut dire au revoir au soleil : au-delà de cette ligne virtuelle (66°N et des poussières), à cette époque
de l'année où les jours sont les plus courts, le soleil ne passe plus au-dessus de l'horizon. C'est la nuit polaire. A Tromsø, elle dure de fin novembre à mi-janvier.
Mais ce n'est pas pour autant l'obscurité totale, et en atterrissant à Tromsø en fin de matinée on découvre cette fameuse lumière bleutée propre aux régions polaires, qui dure deux ou trois
heures par jour quand le ciel est dégagé.
On récupère comme prévu notre voiture de loc, heureusement elles sont toutes montées en pneus neige pour circuler sur les routes complètement blanches.
Première surprise : les « couchers de soleil », en fait la lueur orangée de fin de journée (vers... 13h00 !), sont carrément interminables.
Et une heure plus tard...
Pour l'hébergement, on s'est déniché un petit chalet perdu dans les sapins, à une vingtaine de kilomètres à l'écart de Tromsø. Le coin est complètement isolé, sur la grande île de Kvaløya qui
fait face à celle de Tromsø (toute la côte est un dédale de fjords et d'îles montagneuses) à laquelle elle est reliée par un viaduc.
L'endroit s'appelle Håkøybotn, et la propriété sur laquelle se trouve le chalet est baptisée Holemark Gård. Autrement dit si vous devez demander votre chemin, vous êtes foutus...
Evidemment on s'est un peu paumés en route, et les indications des proprios Sylvi et Asbjørn joints au téléphone nous ont justement laissés perplexes : d'une part les noms de lieux sont
effectivement imprononçables pour nous, et de leur côté ils ne parlent pas très bien anglais. On y reviendra un peu plus loin, mais le norvégien ne ressemblant absolument pas aux langues que l'on
connait on a galéré pour pas mal de trucs...
Nos seuls voisins sont des chevaux à fourrure qui supportent sans broncher les degrés en-dessous de zéro.
Avant la nuit, on cherche un spot où revenir se poser dans la soirée pour espérer voir des aurores boréales : pour mettre toutes les chances de notre côté il faut essayer d'avoir une vue dégagée
vers le nord.
Ici on se dit que ça pourrait être pas mal (en fait on a pensé, à tort, que c'était le fameux Ersfjord duquel on avait vu pas mal de photos avec des aurores pile dans l'alignement du fjord...
mais en fait non).
On revient donc le soir (les
nordlys, quand il y en a, se forment entre 18h00 et 2h00 du matin avec un pic d'activité autour de 22h00). Mais le ciel s'est couvert et les trouées sont
rares. Comme les prévisions d'aurores boréales consultées avant de partir indiquaient une activité croissante pour les jours suivants, on n'insiste pas pour cette première fois, l'appel du feu de
cheminée au chalet est le plus fort !
Le lendemain de notre arrivée, on prend la route pour une balade en voiture le long des fjords en direction des Alpes de Lyngen, les hauts sommets de la région. Il y a une belle boucle à faire,
et au moins une traversée en ferry.
Sauf que le temps dégagé d'hier a disparu, et qu'avec les nuages ce n'est plus du tout la même luminosité...
On aura seulement cette clarté blafarde pendant à peine deux heures en milieu de journée, avant que la nuit ne retombe totalement en tout début d'après-midi.
Du coup balade écourtée, mais en prenant une petite route du côté de Laksvatn (on donne les noms imprononçables des villages pour que d'éventuels futurs voyageurs puissent se répérer), on
aperçoit un fjord complétement pris en glace...
Les Lapinous sur la banquise !
Le soir et sur les conseils de l'office du tourisme de Tromsø, on reprend la voiture pour s'enfoncer dans les terres où des éclaircies sont envisageables. On roulera finalement plus de 100 bornes
pour avoir un ciel dégagé (c'était prévu, faut pas être regardant sur le plein d'essence quand on traque les aurores boréales ! Les sorties proposées par l'office du tourisme vont parfois les
chercher jusqu'en Finlande, à 3 heures de route).
Au final on se pose du côté de Nordkjosbotn, tout au fond du fjord. Deux heures à scruter le ciel en grignotant du
sognemorr (un genre de saucisse fumée dont on s'est aperçus après coup
que c'était en partie de la viande de cheval... bouark !), pour rien de transcendant : tout juste une petite lueur blanchâtre un peu suspecte apparue durant quelques minutes... déception !
Catastrophe au matin du 24 décembre : ça s'est radouci et il tombe des cordes ! En quelques heures la couche de neige est lessivée, et on se dit que notre Noël blanc a du plomb dans l'aile...
Les courses pour le repas de Noël et les deux jours suivants (fériés en Norvège) s'avèrent... compliquées. On ne comprend absolument rien aux étiquettes et les produits ne sont pas facilement
identifiables. Rien que le saumon, le plus grand rayon du magasin évidemment, a plusieurs dénominations suivant la façon dont il est préparé. Alors on prend un peu de tout pour essayer, ce qui
nous vaudra quelques surprises (passée celle du passage en caisse : tout est très, très cher)...
Entre autres, faire griller à la poele ce qui était en fait du poisson fumé (le résultat est archi salé et immangeable), ou se retrouver avec un pain de levure en pensant avoir acheté une brique
de beurre.
Mais côté météo, miracle dans l'après-midi !
Une bonne quinzaine de centimètres tombés en quelques heures, c'est plus qu'il n'en faut pour sortir les luges, faire les cons dans la neige et redonner une ambiance de circonstance au paysage
!
On a décidé de couper notre réveillon en plusieurs parties : les entrées, une expédition pour traquer les aurores, et la suite des agapes après...
Petits toasts de
julpostei (pâté de Noël à la composition indéfinissable mais traditionnellement avec de la corne de renne), et de saumon fumé norvégien évidemment dont on a d'ailleurs
fait une consommation indécente tout au long du séjour ! Arrosés de
juleøl (bière de Noël, brassée par Mack à Tromsø) et de
julebrus, son équivalent sucré et sans alcool.
Vous aurez donc déduit que
Jul est le terme norvégien employé pour Noël... « Joyeux Noël » se disant
God Jul, dont nos premières prononciations très scolaires nous ont values
des yeux ronds de la part des Norvégiens. En fait, ça ressemble plutôt à quelque chose comme « gouyoul » !
La suite du festin comprenait normalement du
honning gravlaks (saumon mariné sucré/salé avec de l'aneth et du miel), mais les aurores boréales n'attendent pas ! Hasard des éruptions
solaires, c'est pour cette nuit de Noël que les prévisions sont les plus favorables, 3 sur une échelle de 10 ce qui veut dire qu'à la latitude idéale de Tromsø il y a quand même de bonnes
chances, et comme les jours précédents le principal challenge sera de trouver un ciel sans nuages...
On prend donc la voiture en direction d'un petit village de pêcheurs le plus près possible de l'océan (ça doit se dégager par là) : Sommarøy, de l'autre côté de l'île à une cinquantaine de
kilomètres. Avec les chutes de neige de l'après-midi et l'absence totale d'autres conducteurs sur ces petites routes isolées, ceux de chasse-neige compris réveillon de Noël oblige, ça tourne
franchement à l'aventure nordique !
Lapinette aperçoit par la vitre le même genre de lueurs blanchâtres que l'autre soir... sauf que cette fois-ci ça s'intensifie et ça vire au vert, ça y est c'est sûr c'en est une !
Début du spectacle !
Dans un vent glacial, on a sorti le trépied et un peu (beaucoup !) tatonné avec les fonctionnalités de notre nouvel appareil photo, pas encore trop familiers avec les réglages manuels de focale,
ouverture, sensibilité ISO et autre vitesse d'obturation.
On avait quand même un peu révisé les grands principes avant de partir, et heureusement une aurore boréale, même si ça bouge dans tous les sens, ça dure longtemps.
Ce qui nous a permis de mettre en boîte, entre deux hurlements hystériques devant les ondulations lumineuses, un certain nombre de clichés dont il est assez compliqué de n'en choisir que
quelques-uns !
Dur de se décider à quitter une telle magie... mais après plus d'une heure à observer le ciel qui parfois s'illumine sur 180 degrés, on est frigorifiés (ayant bravé la règle numéro un du chasseur
d'aurores : jamais sans son thermos !).
On reprend la route du retour, dans le même état qu'à l'aller à savoir une patinoire heureusement recouverte d'une bonne couche de neige fraîche, avec une petite idée dernière la tête, ayant
repéré le coin où ont été prises les magnifiques photos d'aurores boréales que l'on trouve sur la plupart des dépliants touristiques de Tromsø...
Ersfjordbotn, un petit village presque sur le chemin du retour, au fond d'un fjord encaissé et rectiligne jusqu'à l'océan qui permet de voir l'horizon. Et comme justement les aurores semblaient
se former pile dans l'alignement du fjord... on a droit a un nouveau festival !
Quel soir de Noël ! Même en rentrant au chalet bien après minuit, on aperçoit encore des lueurs vertes au-dessus de la montagne, les aurores boréales n'en finissent pas de l'autre côté...
Les jours suivants la météo est délicate :
storm. « Tempête », à tel point que les ferries restent à quai à Tromsø et qu'on commence à avoir des doutes sur le maintien des vols pour
revenir à Oslo...
La nuit polaire à Tromsø par mauvais temps : voila ce que donne le pic de luminosité...
Glurps c'est sombre, la photo est prise à midi pile !
Du coup les balades dans la forêt au-dessus du chalet tournent un peu à l'expédition nocturne ! Petite peur viscérale de rongeurs, la Laponie c'est aussi le territoire des loups...
Sylvi et Ajbørn nous avait indiqué une petite cabane, on a fini par la trouver. Et ce ne sont pas des loups que l'on a vu passer dans la forêt, mais trois élans : ces bestiaux sont carrément
énormes ! Mais il faisait bien trop sombre pour les avoir en photo...
Un tout autre spécimen local !
Belle lumière sur Holemark Gård, avec Tromsø au loin de l'autre côté du fjord...
L'endroit donne vraiment envie de revenir en été, quand le soleil ne se couche pas de début juin à mi-juillet...
Les paysages sont extraordinaires, et puis il y a toute la culture Sami à découvrir (Lapone) à l'intérieur des terres, ce que nous n'avons pas eu le temps de faire.
LES BONS PLANS DES LAPINOUS... |
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pour traquer les aurores boréales...
Les sites de prévisions d'activité :
Aurora Forecast | Geophysical Institute facile à lire, avec une échelle d'activité de 0 à 9
NOAA POES Auroral Activity niveau d'activité sur la gauche de la carte
Solar Terrestrial Dispatch rechercher les "Auroral Activity Lights" (High Latitudes pour Tromsø)
Tromsø Geophysical Observatory suivi de l'activité éléctromagnétique en temps réel
Les prévisions météo :
Weather forecast for Tromsø
Quelques infos sur les aurores boréales :
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elles se forment majoritairement entre 18h00 et 2h00 du matin, avec un pic d'activité vers 22h00 : inutile de geler toute la
nuit !
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la meilleure période pour les observer est logiquement lorsqu'il fait nuit durant la totalité de cette tranche horaire, soit d'octobre à mars environ à
Tromsø
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on les observe généralement en regardant vers le nord, donc il faut plutôt choisir un point de vue dégagé dans cette direction, celles de faible intensité
restant basses sur l'horizon
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il faut s'éloigner au maximum des sources de lumière, principalement des villes
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pour l'éclairage de la lune, il y a deux écoles : les nuits sans lune que l'on avait volontairement choisies offrent un ciel bien noir permettant de
distinguer les aurores de faible intensité, mais les plus fortes sont de toutes façons visibles même avec un quartier de lune, qui a alors l'avantage d'éclairer le paysage pour les
photos
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ne pas hésiter à se déplacer sur de grandes distances... les tour-opérateurs spécialisés roulent souvent jusqu'à Skibotn, à 2h de route dans l'intérieur
des terres où le climat est plus sec et protégé des nuages par les montagnes (a contrario après une grosse perturbation la côte se dégage plus vite, ce qui s'est produit pour
nous)
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pour info, une sortie organisée avec un guide au départ de Tromsø coûte environ 800 NOK (~100€)
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