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La péninsule de Kenai

La péninsule de Kenai

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Au sud d'Anchorage, la péninsule de Kenai est un concentré de nature sauvage, avec des hauts sommets, d'innombrables glaciers qui descendent jusqu'à l'océan ou dans des lacs remplis d'icebergs, et des fjords et bras de mer qui s'enfoncent entre les montagnes.
En plus de la faune terrestre classique de l'Alaska, trainent ici le long de la côte : orques, lions de mer, phoques... et de nombreuses espèces de baleines, à l'année ou durant leur migration estivale, du béluga à la baleine bleue.

Deux villes assez développées (du moins durant la courte saison d'été) constituent des camps de base tout indiqués pour rayonner sur les sentiers de rando ou s'embarquer sur des bateaux à la découverte de la côte : Homer, à la pointe sud-ouest de la péninsule, et Seward, donnant accès au Kenai Fjords National Park.

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Quant à Anchorage, la grande ville de l'Alaska (300 000 habitants soit 10 fois plus que Fairbanks ou Juneau, ses deux dauphines en taille), on n'en aura qu'un très vague aperçu.
La faute d'une part aux feux de forêts - sur la péninsule de Kenai justement - dont la fumée dense est rabattue directement sur Anchorage par les vents orientés au sud : on n'y voit rien et l'odeur permanente de barbecue finit par prendre à la gorge.

Et d'autre part à une autre préoccupation que la ville elle-même. Embarqués sur la quatre voies qui contourne plus ou moins la ville, on se retrouve à court d'essence et le bidon de secours ne peut plus rien pour nous : on l'a utilisé à Dawson City dans un cas semblable, et là-bas le coût de l'essence proportionnel à l'isolement nous avait dissuadés de le remplir à nouveau...
Une sortie prise en catastrophe, des à-coups du moteur qui nous donnent des sueurs froides, et une fin en roue libre jusqu'à une station heureusement pas trop loin seront les seules conséquences.

Alors finalement on s'est lancés sans trop s'attarder sur la route qui longe Turnagain Arm, le bras de mer qui sépare « le continent » de la péninsule de Kenai. Un peu moins dans la zone des fumées, les montagnes finissent par apparaître... À Anchorage, on pouvait se croire dans une immense plaine !

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Mais une fois dans l'intérieur de la péninsule, il faut se rendre à l'évidence il est inutile de chercher à avancer plus loin : le Swan Lake Fire (qui brule plus ou moins en continu les environs de Copper Landing depuis juillet) a été réactivé par le fort vent actuel et la sécheresse record qui perdure en Alaska cet été.

Des bouchons énormes se forment car la seule route qui mène à Homer n'est praticable qu'en convoi, et sa fermeture pouvant intervenir à tout moment, on pourrait bien se retrouver coincés là-bas pour une durée indéterminée : on raye Homer du parcours.

Et la vallée qui mène à Seward, moins menacée par la progression du feu, est complètement noyée dans une fumée opaque. Pas la peine d'aller par là-bas pour le moment non plus...

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On part se réfugier à proximité de Hope, un minuscule village sur la côte de la péninsule de Kenai qui borde Turnagain Arm. Les hautes montagnes et le courant d'air qui s'engouffre dans le bras de mer protègent le secteur des fumées.
Un coin en bord de mer pour la nuit, un ourson noir en balade, et le growler ramené de la brasserie Hoodoo de Fairbanks, sauveront une journée compliquée !

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Le lendemain on sort les vélos pour visiter Hope...

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Ce qui nous prend pas des heures, même en sillonnant chaque rue terreuse dans les deux sens, en s'arrêtant devant les anciennes cabanes de mineurs joliment entretenues - et habitées - et en élargissant le parcours jusque dans les prés salés.

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Hope paraît ne pas être sorti du siècle dernier, et ça semble pleinement convenir à la petite communauté qui vit ici !

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Le vent bien orienté ayant un peu dégagé le secteur de Seward, et surtout la situation devant s'améliorer les jours suivants, on rejoint finalement le Golfe d'Alaska.
Seward abrite un vaste port au fond de la Resurrection Bay, la pêche est très développée ici : outre les saumons de taille record, les énormes halibuts (flétans) de plusieurs centaines de kilos et les king crabs pullulent, comme si tout avait pris un coup de gigantisme dans le coin.
Durant la saison estivale les paquebots de croisière viennent faire escale à Seward, et les bateaux pour les excursions vers les fjords et les glaciers dans le parc national de Kenai partent également d'ici.

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Et justement notre premier objectif à Seward est de faire le tour des sorties dans les fjords. Le programme vanté reste sensiblement le même d'un prestataire à l'autre : wildlife et tidal glaciers (« glaciers qui se jettent dans la mer »).

Ce qui les distingue ce sont la durée des sorties (de 6 à 10 heures, les glaciers du parc national ne sont pas juste à côté) et la dimension des bateaux (comité restreint étant à tempérer avec la perspective d'une journée de navigation sur une petite embarcation dans le Golfe d'Alaska, qui peut brasser pas mal).
Et les tarifs, dans tous les cas élevés mais variant du simple au double : entre 150 et 300 dollars par personne suivant le parcours et la taille du bateau.

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À noter que fin août la saison est déjà close pour certaines sorties, et que notre choix s'en trouve limité.
Après s'être faits embrouillés par Aialik et assassinés financièrement par Northern Adventures (300€ par personne et pas de tarif enfant), les deux étant des petites structures, on s'est tourné vers les plus gros bateaux de la compagnie Major Tours : libre choix du jour, prix plus raisonnables, pas de risque de mal de mer pour la partie sensible de l'équipe, et en fin de saison peu de chance que le gros catamaran à moteur soit bondé.

On réserve la sortie longue de 7-8 heures qui mène jusqu'aux glaciers Aialik et Holgate (ils proposent également une virée un peu plus courte de 6 heures qui ne mène qu'au premier), pour dans deux jours : après de une étude poussée des prévisions météo - ensoleillement, fumées, état de la mer - ça nous semble le bon timing !

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Seward est une petite ville sympa où après avoir laissé le camion sur un parking à l'extrémité de la ville, on peut se balader partout en vélo.
Une longue piste cyclable suit tout le bord de mer, en grande partie constitué de centaines d'emplacements de camping (ressemblant plutôt à des places de parking, à 20$ la nuit) gérés par la mairie, faisant le bonheur des pêcheurs qui peuvent lancer leur ligne quasiment depuis leur camping-car ou leur caravane.
Des phoques et des loutres de mer sortent de temps en temps leur tête à quelques mètres du rivage.

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Et c'est à Seward que l'on découvre pour la première fois ce qui rythme la vie des pêcheurs de toute la côte de juin à septembre : les salmon runs.
Dans chaque ruisseau qui finit dans l'océan, des milliers de saumons remontent le courant pour venir pondre puis mourir, tous ceux d'une même espèce à la même période pour chaque rivière.

Le chinook (saumon royal) ouvre le bal en juin, puis les sockeyes (saumons rouges) prennent le relais en juillet-août. D'autres espèces comme le saumon chum viennent pondre en masse à des périodes moins figées, mais toujours simultanément.

À Seward c'était le début du run des saumons coho (saumons argentés), qui une semaine plus tard nous offrira des spectacles inimaginables un peu loin du côté de Valdez, car tout ce que le coin compte en ours, aigles, lions de mer... vient profiter de l'aubaine pour faire du gras avant l'hiver !

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Davantage randonneurs que pêcheurs, on installe notre camp dans la vallée du Exit Glacier, à pied d'œuvre pour attaquer les sentiers...

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La rando qui nous attire ici : « Harding Icefield Trail ». Très réputée, elle grimpe le long du Exit Glacier jusqu'au champ de glace infini qui alimente la plupart des gigantesques glaciers de la péninsule de Kenai.
1000m de dénivelé, 18 kilomètres, 6 à 7 heures pour un bon marcheur. Un vrai test pour une gamine de 7 ans qui trottine pas mal sur des profils généralement un peu moins sportifs !

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Exit Glacier vu du point de départ : météo favorable !
Une petite balade permet d'atteindre la langue du glacier, c'est celle que font 99% des visiteurs, et elle est chaque année un peu plus longue car le glacier recule à une vitesse phénoménale.
Lors de notre passage un détour du sentier avait été installé, pour contourner l'aire de répartition d'une famille d'ours noirs un peu trop territoriale.

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Le sentier qui grimpe vers le Harding Icefield est de toute façon connu pour la forte probabilité d'y croiser un ours. Avec le bear spray à portée et surtout quelques claquements de mains réguliers ça ne nous inquiète pas trop.
Mais effectivement le premier tiers du parcours grimpe en lacets à travers la forêt, et la visibilité reste réduite sur ce qui pourrait se trouver 10 mètres plus loin sur le chemin...

Cette partie mène à la première des deux étapes intermédiaires : Marmot Meadows d'où l'on surplombe désormais le glacier.

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L'endroit porte bien son nom (la « plaine des marmottes ») !

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On s'était donné comme objectif éventuellement restreint le point de vue aux deux tiers de la rando : Top of the Cliffs.
Mais comme souvent quand il y a un but qui la motive (« une étendue de glace jusqu'à l'horizon !») Chloé est inarrêtable et laisse sur place bon nombre d'autres randonneurs dans la montée finale à travers les alpages !

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Le panorama au sommet, réellement incroyable avec des glaciers à perte de vue...

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À peine voilé par la fumée des feux de forêt !

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La longue redescente dans la vallée, finalement sans le moindre ours aperçu. Même en fin de saison c'est une rando qui reste relativement fréquentée, et tous les marcheurs prennent soin de faire un minimum de bruit pour signaler leur présence, manuellement comme nous mais aussi de l'enceinte portative aux horribles clochettes accrochées au sac-à-dos (certains se servent même de leur portable pour diffuser un son de grelots).

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La journée qui suit est celle sur le bateau confortable qui doit nous balader de Seward aux fjords et aux glacier du Kenai National Park : on va pouvoir récupérer tranquillement de la grosse rando de la veille sans avoir autre chose à faire qu'admirer le paysage !

La météo ne nous a pas fait de mauvaise blague et c'est bien le grand beau prévu avant l'arrivée d'une grosse perturbation dès le soir. En plus la mer est d'huile, ça va vraiment être relax...

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Et un peu partout dans la baie des tribus entières de loutres de mer profitent également du calme plat !

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Outre pour les glaciers qui descendent jusqu'à l'océan (ça y avait pas trop de challenge) on misait beaucoup sur cette sortie pour apercevoir quelques baleines à bosse, qui viennent passer l'été dans le Golfe d'Alaska. Et on espérait sans trop y croire croiser des orques, leur fréquentation des eaux du coin étant plutôt habituellement au début de l'été.

La mer lisse aidant à dicerner le moindre remou, aileron ou souffle de cétacé, c'est à peine sortis de Resurrection Bay que la capitaine alerte les passagers par le haut-parleur du bord : Blow ! Blow ! At two o'clock !
Tout le monde se précipite pour voir les souffles, puis les dos, de trois énormes baleines proches du bateau : ce ne sont pas les baleines à bosse attendues (plus « petites ») mais des fin whales c'est-à-dire des rorquals communs, les plus gros dans la famille après la baleine bleue.

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Et histoire de régler de bonne heure le succès de la journée, des ailerons reconnaissables entre mille surgissent en rang serré à peine entrés dans Aialik Bay, la vallée des glaciers...

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Les orques, et il y en a tout autour du bateau !

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Parmi la petite vingtaine d'ailerons qui affleurent, certains dépassent largement les autres : ce sont les mâles. Les femelles et les jeunes ont un aileron plus petit et davantage recourbé.

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Par contre, et on le savait en prenant nos billets avec Major Tours qui embarque 100 à 200 personnes plutôt que les prestataires qui n'emmènent pas plus de 20 passagers, il faut parfois jouer des coudes pour avoir un poste d'observation...

Heureusement c'est la toute fin de saison (c'est même la dernière sortie de l'année pour ce parcours) et le bateau est à peine à moitié plein, sachant également que beaucoup de gens se lassent très vite, ont froid, etc... et ne squattent pas indéfiniment à l'extérieur.
Et puis il y a aussi le sacro-saint buffet à volonté (nous on est en mode pique-nique pour économiser sur les billets) qui retient une catégorie non négligeable de personnes à table du matin au soir !

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Holgate Glacier, notre premier tidal glacier (qui se jette dans la mer).
Ça craque de partout et ça résonne dans la baie !

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Le bateau reste à distance respectable pour avoir le temps de s'écarter suffisament si un morceau de glace plus gros que les autres venait à céder.
La vague générée pouvant être conséquente et largement à-même de faire chavirer un gros navire : il arrive assez fréquemment que des blocs grands comme un autobus se détachent du glacier...

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Aialik Glacier, le deuxième que notre bateau approche, au fond d'Aialik Bay. C'est le plus impressionnant, et le seul que les sorties plus courtes visitent.

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Lui vèle de vrais icebergs avec leur cortège de growlers (les glaçons autour) qui parsèment la baie...

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Et font le bonheur des phoques !

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Pour se rendre compte de l'épaisseur du glacier...

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Ils passent un peu au second rang derrière les baleines et les orques, mais il y a aussi une densité d'oiseaux marins à rendre hystérique un ornithologue dans la réserve formée par le parc.
Outre les aigles à tête blanche (qui nous émerveillaient il y a encore pas si longtemps et qu'on ne prend même plus en photo tellement ils sont communs le long de la côte !) on peut voir en nombre cormorans, pingouins, macareux...

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Également quelques familles de lions de mer...

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Une petite troupe de Dall's porpoises (espèce locale de gros marsouins) est aussi venue jouer avec le bateau, et quelques mountain goats (bouquetins) se laissent apercevoir de temps en temps en haut des falaises.
Bref à la fin de la journée il n'est pas si évident de se remémorer tout ce que l'on a pu croiser en animaux, mais la ranger du parc national présente à bord (qui se charge des explications scientifiques) synthétise parfaitement tout ça sur une carte.

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Et notre junior ranger (avec un galon de plus glané à Kenai, après celui du Denali) a elle aussi tenu ses comptes !

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La météo ayant basculé du tout au tout, mais comme prévu, sur « grand mauvais temps » en fin d'après-midi, les quelques kilomètres en vélo du port au parking du camping-car ont pris une tournure assez sportive...

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  liens utiles

Kenai Fjords National Park