À Smith Rock dans l'Oregon il y avait eu brainstorming sur la suite du programme, débouchant sur l'objectif d'atteindre le Yellowstone en zigzaguant un peu et notamment à travers l'état de l'Idaho.
Et c'est comme ça que les Sawtooth Mountains sont arrivées sur la table à cartes, un massif un peu à l'écart des routes classiques et qui marque le début des Montagnes Rocheuses.
Un coin dont on a entendu parler à la fois pour sa faune sauvage, sa multitude de lacs glaciaires ou encore ses sources chaudes...
De Smith Rock à Stanley, le minuscule village au cœur de la chaîne des Sawtooth dans l'Idaho : 800 kilomètres... la première moitié a été avalée lors de l'épisode précédent [Central Oregon] en bonne partie de nuit à travers tantôt le désert, tantôt les forêts de l'est de l'Oregon. Ce qui nous avait valu d'ailleurs quelques frayeurs à cause du gibier !
La seconde moitié démarre le lendemain matin, après une nuit courte et compliquée sur un emplacement mal choisi en bord de route, à proximité de la frontière entre l'Oregon et l'Idaho dans l'immense plaine de la Snake River...
Au passage on bascule à l'heure des Rocheuses, avant de traverser l'agglomération de Boise, capitale administrative de l'Idaho et élue à l'unanimité par les Lapinous « ville la plus moche vue depuis longtemps », farcie de zones commerciales et industrielles sur plusieurs dizaines de kilomètres.
Heureusement on a rapidement laissé la plaine derrière nous pour s'enfoncer dans la longue vallée qui nous fait grimper dans les Sawtooth Mountains. Cette route est baptisée Ponderosa Pine Scenic Byway du nom de la variété de pin qui compose les forêts du coin.
Un itinéraire magnifique, mais interminable : plus d'une demi-journée pour parcourir les 200 kilomètres de route sinueuse avec plusieurs cols élevés à franchir.
Et débarquer à Stanley au pied de la chaîne des Sawtooth, dans une large plaine à plus de 2000m d'altitude, au carrefour de trois vallées...
Le village se limite à quelques chalets en bois, une station-service et... quand même quelques restos et un ou deux pubs, qui se préparent à mettre le paquet pour juillet et août. Parce qu'en dehors des vacances d'été, Stanley c'est 63 âmes recensées, c'est marqué à l'entrée !
Stanley est au bord de la Salmon River, vantée comme le plus long cours d'eau sauvage des États-Unis (sans aucun aménagement sur 500 km). Elle est aussi surnommée « the river of no return » en référence aux trips en raft ou canoës qui proposent de la descendre pendant plusieurs jours à travers des coins sans la moindre occupation humaine. Décor planté...
Tous les environs font partie de la Sawtooth National Forest, avec un nombre conséquent de campings dans un rayon d'une vingtaine de kilomètres autour de Stanley. Après plusieurs jours de camping sauvage on aimerait bien se trouver un camp de base un minimum aménagé, par exemple au bord du Redfish Lake.
Problème après avoir pas mal tourné avec le camping-car : tout est complet, archi complet (bon les campings n'ont pas 50 emplacements non plus...), on est le premier week-end de juillet qui marque le départ du grand barnum estival, même dans ce coin paumé de l'Idaho.
On opte finalement pour du dispersed camping du côté du Stanley Lake : comme dans l'Oregon et sans doute dans la plupart des états américains, dans les forêts nationales il y a généralement des espaces déboisés où le camping est permis gratuitement, sous réserve de durée de séjour non exagérée.
Pas dérangés par les voisins !
Par contre on garde un œil sur les bestiaux potentiels qui pourraient sortir de la forêt pour s'intéresser à nos assiettes : les Sawtooth Mountains abritent, entre autres, une population notable d'ours noirs et quelques meutes de loups.
Celui-ci venu vadrouiller à proximité, on a eu du mal avec sa carte d'identité... une garde forestière qui l'avait aperçu aussi penchait pour un croisement entre un coyote et un renard.
Il y a de nombreuses sources chaudes dans le secteur de Stanley (et comme dans tout l'Idaho d'une manière générale), certaines archi-brulantes comme ici les « Sunbeam Hotsprings » où il faut construire des bassins pour mélanger la source à 60°C avec l'eau fraîche de la rivière, sous peine de finir cuit comme une écrevisse.
Les Américains sont des grands fans de la trempette dans les bains chauds et appellent ça le soaking.
D'ailleurs à deux pas du village il y a un bassin chaud au bord de la Salmon River, accessible par une piste en terre qui nous a mis sérieusement en galère avec le camping-car : à cause de sa longueur démesurée (et d'un regrettable excès de confiance !) on s'est retrouvés en porte-à-faux sur une butte, les roues arrières motrices décollées du sol, complètement bloqués.
S'en sont suivi quelques heures où l'on était pas vraiment fiers, finalement tirés d'affaire par un gars du coin et son 4x4 qui a réussi a nous faire sortir de cette embrouille avec un peu d'ingéniosité et le renfort de grosses chaînes récupérées au village. Bilan : arrière du chassis un peu abimé, sauf en rampant sous le camping-car ça se verra pas !
L'autre activité à ne pas louper dans les Sawtooth c'est les randos, et y en a un paquet...
Comme on ne compte pas non plus passer trop de temps dans le coin (le Yellowstone nous attend et si possible avant que le grand rush estival ait définitivement démarré) on opte pour une seule rando, mais grasse : le Sawtooth Lake, 14 kilomètres aller-retour au cœur des montagnes, 600m de dénivelé, 5h00.
Le départ est à Iron Creek, au bout d'une piste à une dizaine de kilomètres de Stanley.
Aux deux tiers de la rando, un premier grand lac : Alpine Lake.
Puis un autre plus petit, magnifique, encore un peu plus haut...
Avant de déboucher sur le Sawtooth Lake, à 2600m d'altitude et que l'on s'était imaginé gelé comme les lacs complètement pris en glace dans l'Oregon quelques jours plus tôt.
Le Mount Regan qui surplombe l'autre côté du lac...
Et quand même quelques beaux névés pour le rituel bonhomme de neige !
La suite des aventures : 550 km de route à avaler pour rallier Stanley au Grand Teton National Park, notre prochaine étape envisagée, qui jouxte le sud du Yellowstone.
Pour quitter les Sawtooth Mountains on a le choix entre deux vallées : celle de la Sawtooth Scenic Byway qui grimpe quand même un col à 2700m (Galena Summit) avant de redescendre vers les plaines de l'Idaho, et celle de la Salmon River qui part pas trop dans la direction qui nous intéresse mais qui a l'air sympa, donc pour laquelle on opte malgré le détour.
Depuis Stanley jusqu'à Challis, les 100 kilomètres de la Salmon River Scenic Route (ce qui fait au passage que les trois routes qui arrivent à Stanley sont « scenic » !) zigzaguent dans une vallée assez magnifique où les paysages changent tout le temps, mêlant forêts de pins, prairies à chevreuils, gorges étroites, plaines rocheuses...
Challis, bled complètement perdu et entouré de ranchs, où les quelques personnes aperçues portaient toutes un chapeau de cow-boy...
On sort ensuite vraiment des Sawtooth, avec une immense zone désertique à traverser jusqu'à Idaho Falls. Une partie est protégée et porte un nom évocateur : Craters of the Moon.
Après un coucher de soleil sensationnel, le trajet a été fait en quelques - longues - heures de conduite nocturne : pas simple de ne pas piquer du nez sur le volant, une fois le régulateur de vitesse du camping-car enclenché sur des lignes droites approchant les 50 kilomètres, à peine pimentées par un maigre virage de temps en temps !
Pour l'anecdote, la nuit en plein désert de l'Idaho il y a un secteur gigantesque qui illumine les environs, avec des points de contrôle et la défense absolue de s'arrêter sur des dizaines de bornes : c'est un centre de recherche nucléaire. Aussi vomitif que le nom de la ville voisine : Atomic City...
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