L'objectif suivant c'était la région de Bend, sur le versant oriental de la chaîne des Cascades. Au pied des volcans enneigés et à la limite entre les forêts de pins et le désert...
Plus de 300 kilomètres à parcourir depuis Neskowin Beach où l'on avait décidé de quitter la côte Pacifique, en shuntant finalement Newport un temps envisagé pour son aquarium marin. Bref, une grosse journée en s'arrêtant dans quelques coins sympas sur le trajet.
Passé la ville de Salem, la capitale administrative de l'état de l'Oregon, on s'enfonce dans l'une des vallées de la chaîne des Cascades qui nous fera grimper jusqu'à un col (Santiam Pass, à 1400m d'altitude) pour basculer de l'autre côté et redescendre sur la plaine de Bend.
C'est le début des immenses forêt de ponderosa pines et de cèdres rouges, dégageant une odeur persistante de pins qui ne nous quittera plus pendant quelques jours !
Premier break au bord du Detroit Lake...
Et petit détour d'une vingtaine de kilomètres par rapport à l'itinéraire direct pour aller passer une partie de l'après-midi aux « Sahalie and Koosah Falls », sur la rivière McKenzie le long de la route 126 qui bifurque vers le sud avant de grimper vers Santiam Pass.
Le genre de point d'intérêt déniché complètement par hasard en dévorant des blogs de voyage avant de partir, noté dans un coin, et qui se révèle être un super bon plan...
Deux sentiers dans la forêt longent la McKenzie River de chaque côté et deux ponts, un en amont de la chute la plus haute (Sahalie Falls) et l'autre en aval de la chute la plus basse (Koosah Falls), permettent de faire une belle balade en boucle, en deux petites heures de marche. Il y a un départ de sentier depuis la route 126 au niveau de chacune des deux cascades.
Les Koosah Falls, formées par les coulées de lave des volcans environnants qui ont envahi le lit de la rivière et créé des marches de 30 mètres de haut...
La McKenzie River...
Les Sahalie Falls, aussi impressionnantes que les chutes précédentes !
En reprenant la route en direction de Bend, la Santiam Pass marque le passage du versant Pacifique de la chaîne des Cascades au versant oriental, beaucoup moins arrosé. Le centre et l'Est de l'Oregon, et l'Ouest de l'Idaho, se retrouvent coincés avec à l'autre bout les Montagnes Rocheuses : les nuages sont bloqués de chaque côté et le secteur est semi-désertique, surtout en descendant vers le Sud.
On déboule donc dans la grande plaine très sèche qui entoure les trois quarts de la ville de Bend, avec les sommets des « Three Sisters » en toile de fond...
Juste avant Bend, un minuscule state park avec un campground très sympa : Tumalo, du nom de la rivière qui passe juste à côté. Ça sera notre camp de base pour au moins une nuit.
Côté météo ça commence à être sérieusement les grosses chaleurs : 30°C en soirée, avec une conséquence directe sur le budget bières !
Une petite colline au-dessus du terrain de camping offre un chouette panorama sur les montagnes environnantes...
La Tumalo River, bienvenue pour se rafraîchir !
Le sport local consiste à la descendre avec le courant, sur des radeaux pneumatiques de toutes sortes. Pas un supermarché de Bend n'a pas son allée centrale encombrée par des bouées, canots et autres animaux gonflabes divers et variés !
La ville de Bend elle-même est vraiment top, un vrai coup de cœur ! Des quartiers résidentiels au milieu des pins, le centre-ville le long de la Deschutes River et rempli d'espaces verts, les sommets enneigés autour.
Pour ne rien gâcher il y a une multitude de petits pubs qui étalent leurs terrasses au bord de la rivière...
Et un nombre conséquent de sympathiques brasseries ou micro-brasseries (plus de vingt !), la plupart avec pignon sur rue et espace de dégustation dans un coin de la ville.
La plus connue étant la Deschutes Brewery qui brasse une bonne dizaine de bières et exporte dans tout le Nord-Ouest américain. Du coup on en a testé un certain nombre durant tout le trip, avec une consommation de la blonde « Mirror Pond » qui frise l'indécence...
Le coucher de soleil sur les Three Sisters depuis Bend...
Impossible de prolonger notre séjour au Tumalo State Park, complet pour les jours à venir, alors on met le cap vers les sommets et la neige : Three Sisters Wilderness, la réserve naturelle immense qui englobe la forêt et les montagnes à l'ouest de Bend, paradis de la rando et du canot sur les lacs.
La route magnifique qui y grimpe est baptisée Cascade Lakes Scenic Byway et passe au pied du Mount Bachelor, le plus grand domaine skiable de l'Oregon qui culmine à 2700m d'altitude. Une station un peu particulière puisque située intégralement dans un espace protégé, constituée uniquement de remontées mécaniques mais sans le moindre bâtiment.
Les Three Sisters sont traversées par le « PCT » : Pacific Crest Trail, un itinéraire de randonnée de 4000 km qui traverse les États-Unis, en suivant la chaîne côtière de la frontière mexicaine à celle du Canada. Le parcours a été médiatisé par le film Wild il n'y a pas très longtemps.
Nous on va faire plus cool et surtout composer avec la neige : fin juin au-dessus de 2000m d'altitude, il en reste encore une sacrée couche et on n'est équipés que de nos chaussures de trail habituelles, en toile...
À noter que pour toutes les balades dans la Deschutes National Forest, en gros tout le secteur à l'ouest de Bend, un permis est nécessaire. Il coûte 5$ par jour et l'enregistrement est à faire soi-même en déposant formulaire et argent dans une boîte que l'on trouve à chaque départ de sentier.
On ne veut quand même pas se priver d'une belle rando à la journée dans le secteur : les Green Lakes, 15 km de marche (400m de denivelé à grimper, 5 heures aller-retour) jusqu'au pied de la South Sister.
Comme on nous l'avait promis au visitor center de Bend, ça passe mais il y a beaucoup de neige dès que l'on commence à monter en altitude.
En arrivant aux Green Lakes à 2200m, les pieds détrempés et les cuisses en feu à cause des efforts multipliés à marcher dans la neige pendant les deux tiers du parcours, tout est blanc...
Et les lacs eux-mêmes sont encore gelés !
Notre Mini-Lapinette est comme une dingue, elle a déjà vu la neige toute petite dans les Alpes mais ne s'en rappelle pas. On tient désormais notre carotte magique pour toutes les futures randonnées du voyage : « on fera un bonhomme de neige à l'arrivée » !
Pas de point de chute prévu pour passer la nuit, mais les forêts fédérales comme la Deschutes National Forest proposent généralement des espaces plus ou moins aménagés pour camper facilement sur le principe du « premier arrivé premier servi ».
Il y a d'un côté quelques terrains officiels, parfois avec un gardien, et des emplacements bien propres comprenant table et fire ring sur chacun pour une dizaine de dollars par jour. Et de l'autre côté des coins déboisés mais sans le moindre aménagement où le dispersed camping est gratuit et permis sous limitation de durée (une quinzaine de jours maxi). Pas toujours accessibles via les chemins de terre avec un camping-car...
Dans la première des deux catégories au cœur de la Deschutes National Forest, le Elk Lake campground est top !
Il n'y a qu'une vingtaine d'emplacements mais quasi personne donc aucun problème pour s'y poser.
Complètement paumé en pleine nature, tout au bord du lac et avec le Mount Bachelor en toile de fond, ça fait un super camp de base !
Panorama magnifique sur South Sister, depuis un peu plus loin sur la rive du Elk Lake.
Il y a un loueur de canoës et de stand up paddles à côté du terrain de camping (qui profite de l'isolement pour pratiquer des tarifs à 40$ pour 2h) : on se lance après un briefing poussé à Mini-Lapinette au sujet des risques de chavirage et de la température de l'eau...
Retour vers Bend, un peu contraints et forcés : placards et frigo sont vides faute d'avoir assuré un réapprovisionnement digne de ce nom depuis le départ de Seattle. Ça restera un petit regret, on aurait pu passer un ou deux jours de plus posés tranquillement au bord du Elk Lake, à faire quelques randos dans les environs et à regarder pousser les pins.
Et puis la paire de lunettes perdue devient problématique...
Soirée tranquille à Bend, et puis on se décide à amorcer la route vers le Yellowstone... à plus de 1000 km vers l'Est, où l'on envisage d'être d'ici une petite semaine en zigzaguant « un peu » sur le parcours (finalement on fera quasiment le double en kilométrage).
Mais on ne s'éloigne pas trop vite de ce coin de l'Oregon qui nous a vraiment pris aux tripes : quelques dizaines de kilomètres au nord de Bend se trouve le Smith Rock, une formation rocheuse un peu dingue dont on avait vu des photos alléchantes avant de partir. On met ça sur les tablettes pour le lendemain, après une nuit à l'arrache le long de la route qui y mène à travers la plaine.
Le réveil au milieu des champs, au pied de la Black Butte et du Mount Jefferson...
Avant de débarquer au Smith Rock State Park, près de la ville de Redmond.
Pas de terrain de camping dans ce parc pour les véhicules (simplement une aire où planter des tentes) donc ça sera excursion à la journée.
Le coin est magnifique, des falaises basaltiques de 200 mètres de haut à la limite du désert, formées par la Crooked River qui a creusé son lit à travers les gigantesques coulées de lave des volcans environnants...
L'activité sportive du secteur c'est l'escalade, avec des voies réputées mondialement dans la communauté des grimpeurs. Nous on s'oriente plutôt vers la rando, et vaut mieux être matinal étant donnée la fournaise ambiante.
L'itinéraire phare dans le parc c'est la Misery Ridge Loop, une boucle de 3h avec des raidillons assez terribles qui mènent au sommet des falaises.
De là-haut le panorama est sensationnel sur la plaine et la chaîne des Cascades au loin !
Le Monkey Face (mouais...) qui constitue le Graal du parc pour les grimpeurs émérites, avec des voies d'escalade a priori parmi les plus difficiles au monde...
Le retour vers le point de départ, au pied des falaises. Énormément de faucons dans le coin, et on y a vu nos premiers « eagles of North America » (pygargues à tête blanche) dont l'apparition semblait provoquer des élans de patriotisme incontrôlés chez chaque randonneur américain.
Revenus bien cramés physiquement de la rando, quand même assez éprouvante en plein cagnard tout du long, y a brainstorming sur la suite des aventures. On part vers l'Est ça c'est clair, ça serait bien d'être vers Boise dans l'état de l'Idaho le lendemain, mais par où : en ligne droite dans le désert par le sud, ou à travers les forêts d'Ochoco et de Malheur (!) par le nord sur des routes moins faciles mais des paysages plus variés ?
Finalement on part sur la deuxième option, la plus longue mais qui nous permet également un crochet par les Painted Hills en fin d'après-midi...
Ces collines formées par des successions de couches géologiques de natures différentes, accessibles par un détour de 15 kilomètres sur une piste gravillonnée depuis la route principale, sont non seulement photogéniques mais également un gisement a priori assez extraordinaire de fossiles en tout genre.
Puis comme prévu on se lance dans une longue traite de route avec le camping-car, en grande partie de nuit à travers l'est de l'Oregon, jusqu'à la frontière avec l'Idaho. Celui qui ne conduit pas est affecté à la surveillance constante du gibier susceptible de débouler de chaque côté de la route, il y a des chevreuils en pagaille, et on frôlera même un wapiti dans la Malheur Forest.
« John Day », « Prairie City »... les minuscules villages traversés ont un furieux air de Far West !
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