Aux confins de la péninsule d'Osa, elle-même à l'extrémité de la côte Pacifique du Costa Rica, le Corcovado est le parc naturel le plus protégé du pays le plus protecteur de toute l'Amérique Centrale vis à vis de ses richesses naturelles.
Et malgré ses essences rares de bois tropicaux et ses rivières truffées d'or excitant les trafics, le parc du Corcovado parvient à préserver une biodiversité inégalée dans un périmètre aussi réduit de 40000 hectares.
Concrètement les biologistes estiment que dans ce minuscule carré de 20 kilomètres de côté à la jonction des écosystèmes d'Amérique du Nord et d'Amérique du sud, on trouve 5% de tout ce qui se fait sur la planète en terme de faune et de flore.
NDLR : Tuons le suspense tout de suite : avec l'explosion des cas de coronavirus au Costa Rica, le parc a finalement été fermé aux visiteurs - comme tous les autres du pays - la veille de la journée pour laquelle nous nous étions enregistrés.
C'était un coup de poker tenté 48 heures plus tôt, à 15 dollars par personne que nous n'avons d'ailleurs jamais réussi à récupérer.
Mais les animaux ne respectent pas les limites du parc, surtout avec la disparition des touristes à Osa, et même sans y pénétrer on en verra par dizaines jusqu'au poste des rangers qui contrôlent les entrées.
Depuis notre camp de base de Puerto Jiménez, l'accès au parc du Corcovado se trouve au bout d'une piste cahoteuse d'une quarantaine de kilomètres, menant à Carate, puis d'une petite marche jusqu'au poste de rangers de La Leona...
Cette piste, elle n'est pas envisageable en camping-car, même si les premiers kilomètres sont assez roulants...
Assez rapidement on atteint des gués à traverser, qui nécessitent un tout-terrain.
Nous avons donc loué un 4x4, il y a une petite agence qui propose quelques véhicules à côté de la piste d'atterrissage de Puerto Jiménez, et les touristes ayant déserté le Costa Rica nous n'avons que l'embarras du choix sur le modèle...
La première partie de la piste longe la côte jusqu'à Matapalo, avec des accès plus ou moins faciles aux grandes plages sauvages qui bordent le Golfo Dulce au sud de Puerto Jiménez.
Quant à Matapalo, constitué d'une poignée de maisons noyées dans la jungle à la pointe sud de la péninsule d'Osa, c'est un chemin complètement défoncé qui y mène.
Au milieu des cris de perroquets et des singes qui sautent de branche en branche au-dessus de la piste, le sentiment d'être loin du reste du monde devient assez prenant...
Une poignée de surfeurs communautaristes déconnectés de la civilisation vit ici, aguerris à la houle du Pacifique qui génère des vagues sérieuses sur cette portion de côte non-abritée.
C'est également juste en face, de l'autre côté du Golfo Dulce et à la frontière du Panama dont on aperçoit la côte au loin, que se trouve l'un des spots de surf les plus réputés au monde : Pavones...
Suite à ce premier essai avec le 4x4 pour faire un aller-retour depuis Puerto Jiménez jusqu'à Matapalo, nous repartons à l'aube le jour suivant sur cette même piste.
Direction Carate, environ 20 kilomètres plus loin.
Une fois passé l'embranchement pour Matapalo, la piste s'éloigne de la côte et grimpe dans la forêt.
On ouvre l'œil des deux côtés...
Une horde de pécaris déboule, et on ne descend pas du 4x4 !
Premièrement ils puent à des kilomètres (c'est d'ailleurs comme ça que les chasseurs les repèrent) et surtout les pécaris sont des animaux aggressifs qui n'hésitent pas à charger en groupe sur le moindre intrus.
C'est d'ailleurs l'une des consignes vitales des randonnées dans le Corcovado : en cas de rencontre inopinée avec des pécaris, grimper dans l'arbre le plus proche. Les accidents avec ces genre de sangliers irascibles ne sont pas si rares.
On surveille également ce qui se passe au-dessus de la piste, les singes-araignées ne s'embarrassant pas de redescendre au sol pour traverser !
Et les survols d'aras sont assez fréquents, dès que l'on ressort de la jungle en approchant de Carate...
Tout au bout de la route pierreuse, Carate n'est pas un village ni même un hameau.
Une
pulpería, quelques lodges invisibles disséminés dans la végétation alentour, et une courte piste d'atterrissage où les pilotes doivent paraît-il faire un premier passage en rase-motte pour faire fuir les pécaris avant de revenir poser leurs petits avions...
Depuis le terminus de la route, le poste des rangers de La Leona - qui contrôle l'entrée dans le parc du Corcovado - se trouve à environ une heure de marche, le long de la mer ou par un sentier en retrait de la plage.
L'entrée de La Leona est la seule du Corcovado où un guide n'est pas obligatoire pour pénétrer dans le parc national.
Mais les animaux ne se cantonnent pas à la zone protégée, et le sentier de Carate à La Leona peut être l'occasion de belles rencontres, surtout tôt le matin.
Le chemin est bien tracé, impossible de se perdre. Les serpents ont la réputation de pas mal trainer dans le secteur, il faut juste surveiller un minimum où l'on met les pieds. Mais on n'en verra pas un seul...
On tombe par contre sur un gang de singes capucins particulièrement excités et territoriaux !
Arrivés aux barraquements des rangers de La Leona, que l'on trouve déjà bien débraillés et roupillant dans leurs hamacs alors que le parc vient à peine de fermer aux visiteurs, comme nous le redoutions il est impossible de négocier une entrée même furtive dans le Corcovado, malgré nos permis déjà obtenus et payés.
On ne prévoyait pas non plus de marcher la quinzaine de kilomètres jusqu'à la station de La Sirena, le « ranch » géré par les rangers et qui permet d'y passer la nuit, et où la majorité des visiteurs se rendent par bateau depuis Sierpe ou Bahía Drake, de l'autre côté du parc.
Mais une petite incursion dans le parc national ne nous aurait pas déplu (au final ce sera pour dans quelques jours, en dehors des radars du côté de Dos Brazos)...
Pour le moment, il faut faire demi-tour et revenir à Carate, par la plage pour varier du sous-bois à l'aller.
Les singes ne sont jamais très loin, cette fois-ci des singes-araignées...
Les aras non plus !
La pause fraîcheur au retour !
Et le coucher de soleil sur
playa Preciosa un peu avant d'arriver à Puerto Jiménez...
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