Après être rentrés de Seattle en avion, on s'était gardé deux jours pleins à passer à San Francisco. Ça peut paraître assez peu, mais on a encore en mémoire le fiasco de l'étape finale à Miami il y a deux ans, occasionné par le contraste radical d'une ville américaine après plusieurs semaines de grands espaces et de camping sauvage...
L'atterrissage en milieu d'après-midi nous offre un grand classique quotidien de l'été à San Francisco : le fameux brouillard qui monte de l'océan Pacifique et envahit la ville et la baie.
Les quartiers les plus à l'Est (la City, Mission...) sont quand même davantage épargnés qu'Ocean Beach, la Marina ou bien sûr le Golden Gate Bridge qui marque l'entrée de la baie de San Francisco, où les journées complètes sans ciel bleu ne sont pas rares.
Pas de voiture de location, plan suicidaire à San Francisco en raison des embouteillages monstres. Pour découvrir la ville et ses collines on mise sur les transports en commun et notre mois d'entrainement dans les Rocheuses pour la marche à pied.
Du coup le trajet en métro puis en bus jusqu'à notre hébergement a pris une tournure assez compliquée... Entre la fatigue d'une journée marathon depuis le dépôt du camping-car à Everett au nord de Seattle, nos gros sacs de voyage (et la couette que l'on ne s'est pas résolus à abandonner !) et le manque de clarté du réseau et des arrêts de bus, San Francisco ça commençait bien...
Les hébergements à San Francisco sont réellement hors de prix, surtout l'été. On avait réservé le Surf Motel sur Lombard Street dans le quartier Marina, donc déjà un peu excentré, et c'est ce que l'on avait trouvé de moins cher : badaboum 360€ pour deux nuits.
À ce tarif de resort 4 étoiles on espérait quelque chose de relativement confortable, mais c'était utopique : chambre décrépie et bruyante, petit dej ridicule.
Si l'on ajoute les 100€ pour nos trois cartes de transport en commun valables deux jours... La nostalgie de la vie simple et économique en camping-car revient très vite !
Dans sa partie ouest Lombard Street est un grand boulevard, alternant motels, restos, loueurs de vélos. En revenant vers le centre, l'avenue se transforme en petite rue pour grimper et redescendre Russian Hill.
Ce sont les fameux lacets en épingle à cheveux que l'on retrouve sur toutes les brochures touristiques...
De même que les cable cars ! Il en reste trois lignes à San Francisco, qui montent et descendent les collines du centre-ville.
Techniquement les bus actuels seraient capables de grimper les pentes les plus raides de la ville, mais les cable cars sont maintenus en service pour le côté touristique (d'ailleurs d'une part le tarif à 7$ par trajet est en rapport, et d'autre part les habitants de San Francisco prennent eux plutôt les bus, qui desservent les mêmes endroits et sont plus rapides).
Ça fonctionne un peu comme un télésiège débrayable : un câble de traction tourne en permanence dans la chaussée, et le gripman pilote depuis la cabine en s'accrochant et se décrochant du câble via des pinces actionnées par levier.
Il y a aussi un système de freinage, actionné par un second opérateur.
À noter que les « Muni Pass » que l'on a pris pour nos transports en commun durant le séjour donnent le droit à une utilisation illimitée des cable cars (sympa pour une fois ou deux, mais comme évoqué c'est pas le moyen le plus optimisé de se déplacer en ville, lent et avec beaucoup d'attente aux terminus).
À San Francisco se trouve le Pier 39, l'un des bassins du port dans le quartier Fisherman's Wharf où une colonie de plusieurs centaines de lions de mer a pris ses habitudes et squatte à l'année... ou presque : en juin et juillet durant la période de reproduction ils émigrent plus au sud sur la côte californienne.
Effectivemment, la troupe n'était pas encore revenue lors de notre visite !
On peut malgré tout apercevoir quelques vieux spécimens fatalistes, qui semblent avoir définitivement mis de côté leurs instincts reproducteurs pour se consacrer à la sieste à l'année sur les quais de San Francisco...
Le brouillard ne se laisse pas semer facilement : il faut rejoindre les quartiers les plus à l'est de la ville pour trouver le soleil (et prendre plus de 10 degrés d'un coup).
Et à l'est il y a la City...
San Francisco semble toujours être un aimant pour les déshérités de tout âge et de tous horizons en quête d'une nouvelle vie, sauf que... la ville emblème du rêve américain ne fonctionne plus comme avant et qu'aujourd'hui la population la plus riche des États-Unis y côtoie directement la plus pauvre.
Les avenues de la City sont un mélange dérangeant d'une multitude de paumés et de businessmen en costard, on n'a que très peu apprécié l'atmosphère.
Et pris du même coup conscience que notre Mini-Lapinette grandissait réellement dans un monde de bisounours sur notre petite île des Antilles, à la voir incrédule, désespérée et inconsolable devant la misère et la violence ambiante.
On fuit donc vers le quartier de Mission et son Dolores Park moins oppressant !
San Francisco est réputée en tant que ville foodie, avec des influences du monde entier en lien avec sa population cosmopolite. La tendance végétarienne et vegan est aussi extrêmement présente.
Alors on n'est pas forcément des addicts inconditionnels du quinoa ou du tofu, mais ça nous correspond quand même davantage que les fast-foods à emporter...
Un peu plus loin se trouve le quartier d’Haight-Ashbury (du nom des deux rues principales qui s'y croisent). Si d'une manière ou d'une autre la culture hippie et le pouvoir des fleurs vous parle, vous savez déjà que c'est d'ici que tout est parti dans les années 1960. Là-même où s'était installée la communauté qui aspirait à la liberté... sous toutes ses formes !
Les « Painted Ladies » sont un lieu incontournable du quartier, ces maisons victoriennes ont vu vivre sous leurs toits Jimi Hendrix et Janis Joplin. Aujourd'hui ceux qui ont les moyens d'en être propriétaires n'ont sans doute plus tout à fait les mêmes convictions...
Née 50 ans trop tard !
Le quartier Haight-Ashbury marque la limite opposée du Golden Gate Park, un immense jardin public qui descend sur 5 kilomètres de long jusqu'au Pacifique et à la plage d'Ocean Beach.
C'est-à-dire que l'on retrouve le ciel gris et la température qui plafonne à 15°C.
À San Francisco c'est la règle : il faut en permanence pouvoir jongler entre deux tenues vestimentaires. Et bien évidemment jamais l'inusable polaire Peace & Love de Mini-Lapinette n'aura été aussi adaptée qu'à San Francisco...
Un jour à déambuler en ville, on considère que ça nous suffit.
Alors pour la suite on se tourne vers la location de vélos à la journée, pour un grand classique depuis la Marina : suivre la piste cyclable jusqu'au Golden Gate Bridge, traverser le pont mythique et descendre jusqu'à Sausalito de l'autre côté de la baie. Entre 15 et 20 kilomètres suivant jusqu'où on pousse.
Le retour peut se faire en ferry, mais on est chauds pour se faire l'aller-retour à la pédale !
La traversée du pont (non-payante pour les piétons, les vélos, et les véhicules qui sortent de San Francisco) peut être un peu compliquée.
Il y a une piste cyclable d'un côté du pont, et une voie piétonne de l'autre. Suivant l'heure de la journée elles alternent, ce qui est source d'erreur et contribue encore davantage au bazar lié au fait que tout le monde s'arrête pour prendre des photos.
Ces voies (totalement séparées de l'autoroute) ne sont pas larges et donc à double sens de circulation... Et du monde à traverser le Golden Gate Bridge en vélo, il y en a un paquet !
La baie depuis le point de vue à l'entrée du pont. L'endroit est surpeuplé, car directement accessible depuis l'autoroute.
Puis la grande descente vers Sausalito et le soleil !
Ça sera un peu plus compliqué au retour...
La vue sur la skyline de San Francisco...
Le front de mer de Sausalito...
Et le brouillard qui ne veut pas lâcher la baie !
Sausalito est archi-touristique, des milliers de visiteurs viennent ici chaque jour. On n'y trouve que peu d'intérêt, en revanche le coin est également connu pour sa communauté de houseboats et ça nous motive bien davantage !
En continuant après le centre-ville, ses glaciers et ses restos hypes, on arrive au bout du petit port où des rois de la bricole construisent depuis plus de 50 ans des maisons flottantes, y formant un lotissement plus ou moins altermondialiste.
Le retour en vélo vers San Francisco, c'est un peu plus d'énergie mais beaucoup moins de contraintes que de prendre le ferry (qui aurait pu nous permettre de voir Alcatraz de près, mais ce n'est pas notre trip). Et en plus d'éviter la cohue, on est libres de revenir à l'heure qui nous plait.
À part la remontée de Sausalito jusqu'au Golden Gate Bridge qui casse un peu les pattes, ça n'est pas insurmontable !
Néanmoins San Francisco nous a déçus...
Pas de façon radicale comme ça avait pu être le cas par exemple pour Miami, dont on n'attendait rien, et où au bout de trois heures on cherchait déjà la sortie.
Notre ressenti de San Francisco aujourd'hui, quand t'as dévoré Jack London et Kerouac ou en es resté à if you're going to San Francisco be sure to wear some flowers in your hair : une grosse désillusion.
On n'a peut-être pas choisi les bons quartiers, on n'était certainement pas à la bonne saison, la magie n'a pas opéré. L'impression d'être passés à côté de quelque chose, mais on reviendra sans doute pour un nouvel essai...
Retour à la maison avec pas moins de 4 vols à enchaîner, et l'inabandonnable couette en bagage à main à chaque fois !
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