L'accès classique au Lake Powell se fait par la ville de Page.
Les immenses falaises qui encadrent le fleuve Colorado sur des centaines de kilomètres - quasiment de Moab jusqu'au Lake Mead près de Las Vegas - sont à cet endroit nettement moins hautes, et le lac de barrage a suffisamment rempli la vallée pour que le niveau de l'eau atteigne des pentes plus douces, où des plages se sont formées et des marinas ont été construites.
Le barrage phénoménal qui barre le Colorado à Page et forme donc le Lake Powell, c'est le
Glen Canyon Dam.
Il a été opportunément construit dans un passage étroit où le canyon fait moins de 500 mètres de large, et un pont métallique en parallèle permet la traversée des véhicules d'une rive à l'autre.
Au passage le remplissage du lac Powell durant les années 60 et 70 a noyé définitivement des richesses naturelles et archéologiques par centaines, arches, canyons, vestiges amérindiens. Sujet étrangement peu évoqué à travers les présentations sur le site du barrage...
Pour le camping, plusieurs options un peu à l'ouest de Page, sur la route qui part vers Kanab.
Juste après le Glen Canyon Dam,
Beehive campground est un site gratuit géré par le BLM mais avec seulement 6 emplacements définis (un ou deux autres véhicules peuvent éventuellement se caser en surcharge sans trop de difficulté).
On y croisera notre première famille française depuis des lustres, les
Pioupious et leur camping-car apporté d'Europe, que l'on retrouvera un peu plus tard dans le Mojave Desert.
Un peu plus loin, à une dizaine de kilomètres du Glen Canyon Dam sur cette même route de Kanab, le
Lone Rock campground (du nom du rocher sur la gauche).
Celui-ci est payant car à l'intérieur de la
Glen Canyon National Recreation Area, une déclinaison des zones protégées gérées par le NPS au même titre que les National Parks, mais pour aucun service à part une position de choix juste au bord du Lake Powell.
Enfin juste au bord... pour ceux qui possèdent un véhicule adapté !
Cette plage est redoutable pour les véhicules lourds n'ayant pas 4 roues motrices, à cause de portions particulièrement traitresses de sable mou sur la piste qui descend au lac.
Ça peut passer à la descente avec l'élan, mais c'est sans espoir pour la remontée et un nombre incroyable de camping-cars non avertis sont restés bloqués.
Et ont dû faire appel à l'onéreux service d'un dépanneur opportuniste (rodant d'ailleurs souvent à proximité)...
Ayant eu vent de la chose, on a établi notre campement bien avant la zone à risque, sagement sur les hauteurs !
Le coucher de soleil avec la
Navaro Mountain au loin...
Les plateaux du Colorado autour de Page cachent des merveilles de l'érosion : les
slot canyons (en anglais,
a slot c'est une fente).
Antelope Canyon est le plus célèbre d'entre eux - en particulier parce que l'un des fonds d'écran de Windows l'a mis sur le devant de la scène - attirant à Page des milliers de touristes chaque jour en été (mais un nombre bien moindre en cette mi-novembre).
Les deux secteurs majeurs du slot canyon,
Upper Antelope et
Lower Antelope, se trouvent en réserve Navajo donc en dehors des terres fédérales.
La communauté amérindienne tarifie extrêmement cher la visite de l'un ou l'autre (ils auraient grand tort de ne pas le faire, malgré que le prix ait plus que doublé en peu de temps pour dépasser désormais 50 dollars par personne, l'affluence croît toujours de manière exponentielle d'année en année)...
Il y a quelques alternatives sur cette même rive sud du Colorado (« Antelope Canyon X »...) mais également à un coût excessif.
Et puis on a trouvé sur un blog de voyage une possibilité apparemment encore assez méconnue : s'enfoncer en kayak dans la partie immergée de Lower Antelope Canyon (le
slot canyon débouche dans le Lake Powell) et continuer ensuite à pied la remontée. Les
tours qui promènent les visiteurs font l'inverse et « descendent » la faille rocheuse depuis un accès sur le plateau.
Et des kayaks, on peut en trouver soit dans la ville de Page à condition de pouvoir les transporter jusqu'à la mise à l'eau (impossible avec notre camping-car), soit à la marina d'Antelope Point, même si celle-ci semble plutôt dédiée au yachting de luxe sur le Lake Powell...
Quoique à cette époque de l'année, plus aucun de ces
houseboats (qui se louent une petite fortune l'été pour des virées de quelques jours remontant la vallée du Colorado) ne navigue sur le lac.
Un kayak double se louant 40 dollars la demi-journée (5 heures, suffisant pour l'aller-retour à la rame et l'exploration du canyon) c'est autant une belle économie qu'une façon originale - qui nous correspond infiniment mieux ! - de découvrir le
slot canyon...
À noter d'ailleurs qu'il semble y avoir une astuce : il y a un péage de perception de la taxe Navajo (8$ par adulte ou 25$ par véhicule) à l'entrée d'Antelope Point, mais il n'est en fonction qu'à partir de 08h00 (et jusqu'à 15h00 ou 16h00). En arrivant tard pour la prise de renseignements, puis tôt (07h30) le lendemain pour la location des kayaks, on n'a jamais eu à payer...
L'entrée dans Antelope Canyon est facilement répérable après une petite heure de rame sur le Lake Powell depuis la marina d'Antelope Point.
En milieu d'automne et à l'ombre des parois resserrées, il y fait très (très !) frais...
Environ une trentaine de minutes après l'entrée dans le canyon, on atteint la partie émergée.
Tous les visiteurs de la journée ayant suivi cette idée de l'accès en kayak pour découvrir le canyon sont là : une quinzaine de personnes au total, autrement dit nous ne sommes pas nombreux dans la partie explorable à pied...
Le niveau du Lake Powell baissant toujours davantage au fil des années, la partie en kayak est de plus en plus réduite et celle de marche s'allonge.
Avec dans tous les cas une zone de faible profondeur où il faut tirer les kayaks en pataugeant dans la boue, avant de pouvoir les échouer sur le sable.
C'est parti pour la remontée de Lower Antelope Canyon (on se situe en fait bien en aval du secteur visité par les tours organisés) !
La marche est facile, le fond du slot canyon étant du sable ou du gravier tassé.
En revanche vu l'étroitesse de certains passages, on imagine assez bien qu'il ne vaut mieux pas se retrouver dans le coin avec un orage de fin d'été sur le plateau...
On peut progresser comme ça pendant une petite heure, jusqu'à un panneau d'interdiction qui encourage à faire demi-tour, étant sans doute proches de la zone visitée avec les guides Navajo (le Lake Powell et la partie la plus inférieure d'Antelope Canyon font eux partie du National Monument).
Et un gros merci à
Trip In Wild (lien vers leur blog ci-dessous), grâce à qui on a découvert ce bon plan !
Une dernière note sur les environs de Page, concernant
Horsehoe Bend : le fameux méandre du Colorado où le canyon forme une boucle quasi fermée, dont on retrouve la photo sur nombre de couvertures de guides touristiques.
Le point de vue était en libre accès jusqu'au printemps 2019, mais désormais le site est exploité commercialement par le NPS (le site étant dans les limites de la Glen Canyon Area) : un immense parking à 10 dollars la place, des barricades cadenassant tout autre accès sur des kilomètres alentour, et des cohortes de visiteurs canalisés jusqu'au panorama au coucher du soleil.
Déception...
Nous avons fait demi-tour, pas tant pour les 10
bucks à payer que pour l'affluence trop massive à notre goût (mais d'où pouvaient bien venir tous ces gens, la ville de Page paraissait déserte ?)
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