On a passé le mois de décembre complet en Baja California. C'était sans doute trop, et à la sortie on regrette un peu ce glandouillage d'un mois entier sur la péninsule.
D'une part nous étions en manque de rythme suite à une Californie (américaine) qui nous avait cassé les pattes, avec la côte de la SoCal trop construite, les difficultés pour y camper, les travaux sur le camping-car, et une météo capricieuse. Et d'autre part notre épisode en Baja California s'est vu allongé en raison d'un ferry en panne pour rejoindre le continent ensuite.
On espère donc rebondir en se lançant à travers le Mexique « continental », sans réel itinéraire prévisionnel !
Le 31 décembre, après une nuit de traversée depuis La Paz, nous débarquons du ferry à Mazatlán.
On ne verra pas grand chose de la ville hormis ses avenues embouteillées pour rejoindre la Zona Dorada : le secteur des complexes hôteliers un peu au nord. Mazatlán est un fief du all inclusive.
Qu'est-ce-que l'on peut bien fabriquer ici ? Et ben on s'était mal imaginé un réveillon du Nouvel An à l'arrache sur un parking de supermarché ou de station-service en mode angoisse dans la province du Sinaloa, donc on s'est trouvé un petit hôtel à Mazatlán.
Rien de fabuleux, mais de quoi passer la soirée un peu plus sereinement !
Notre baptême de « nuit Pemex » c'est pour le lendemain sur la route en direction de Tepic et du sud.
Les grandes stations-service de la compagnie pétrolière mexicaine, souvent ouvertes, éclairées et gardées 24h/24, constituent une opportunité classique pour les voyageurs en recherche de coin où passer la nuit sur un long trajet.
Mais le bruit ambiant restant généralement assez élevé, ça ne peut rester que des plans de secours...
Nous faisons également connaissance avec le système routier du Mexique continental : « libres » et « cuotas ».
Les libres ce sont les routes nationales classiques et non payantes, avec leur lot de villages à traverser et leur nombre infini de topes, les ralentisseurs incessants qui sont la bête noire de la conduite au Mexique.
Les cuotas se sont les routes payantes, généralement des autoroutes à 4 voies, mais pas toujours. Avec un camping-car (considéré comme un autobus avec deux essieux) ça peut revenir assez cher : les tarifs sont variables suivant les infrastructures ayant dû être construites, mais en moyenne en traversant le Mexique c'est environ 300 pesos (15€) pour 100 kilomètres.
Alors au début, la plupart des voyageurs - dont nous faisons partie - ont tendance à se dire qu'ils ont le temps, et s'acharnent à utiliser les routes non payantes. Mais c'est une telle dépense d'énergie, une telle source de fatigue et de stress...
Quasiment tous, au fil de la traversée du Mexique, nous nous résolvons rapidement à allouer le budget nécessaire aux autoroutes... et finissons même par hurler à l'infamie lorsqu'il n'en existe pas sur notre itinéraire !
La Baja California ayant fini par nous lasser des campings et activités balnéaires, nous avons quitté la côte et abandonné l'idée des villages en bord de mer de la province du Nayarit (Chacala, Sayulita...) conseillés par d'autres voyageurs, pour plutôt prendre la direction de l'intérieur des terres, avec les volcans de Mexico comme lointain objectif.
On débarque donc dans la province du Jalisco et ses paysages vallonnés, dominés par quelques volcans élevés (et actifs) comme le Nevado de Colima, un peu plus vers le sud.
Le long de la route, les champs d'agaves bleus se multiplient...
Dans cette région à l'ouest de Guadalajara, nous sommes au cœur de la zone de production de la tequila.
D'ailleurs, seules les distilleries du Jalisco (et de quelques rares secteurs des provinces périphériques) possèdent l'appellation « tequila », ailleurs au Mexique on parle de mezcal (distillé à partir d'une autre, ou de plusieurs autres, variétés d'agaves).
La ville de Tequila est évidemment la capitale... de la tequila.
Très fréquentée (mais étant donnée la situation à l'écart des zones touristiques classiques, plutôt du tourisme local de Mexicains venus de Guadalajara), c'est une véritable ruche où les étals d'alcool en bidon, les vendeurs de tonnelets, les tours organisés dans les distilleries environnantes, et les bars sont partout.
Un peu plus loin, El Arenal est déjà moins oppressant. C'est là que se trouve la distillerie Tres Mujeres, l'une des plus sympas à visiter.
30 pesos (1€50) par personne la visite guidée avec dégustation, la même prestation coûte jusqu'à dix fois plus cher dans d'autres distilleries.
L'idée est évidemment d'encourager les visiteurs à repartir avec une bouteille !
Pour le guide, c'est un peu la loterie suivant celui qui est dispo (il y a des départs de visite toutes les 30 minutes environ). Le notre ne parlait qu'espagnol, mais a fait un effort notable pour ralentir son débit et nous avons saisi le sens général des explications à chaque étape de fabrication.
D'autant que nous sommes assez familiers du processus d'élaboration des rhums martiniquais à partir de la canne à sucre, et sans être identique à ce qui se fait ici, il y a pas mal de similitudes.
Pour la tequila, c'est le cœur de l'agave (la piña) qui est utilisé. C'est une plante à croissance lente, et il faut entre 6 et 10 ans avant qu'un agave soit suffisamment développé pour être coupé.
Différence notable avec la canne à sucre, il y a une étape de cuisson préalable d'environ 24 heures avant le pressage pour extraire le jus des cœurs d'agave (afin de transformer l'amidon en sucre apte à la fermentation).
Ensuite c'est le même principe : fermentation du jus en cuves, puis double distillation pour obtenir la tequila claro (blanche).
Une partie est mise en vieillissement en fûts de chêne, et l'on retrouve suivant l'âge des appellations qui varient : joven, reposado, añejo.
L'espace dégustation au milieu des tonneaux...
Le guide n'est pas avare sur les doses (et remettra ça habilement une fois à la boutique), les petits groupes de visiteurs ressortent des caves nettement plus bruyants qu'en y entrant !
Une alternative à la classique reconversion d'un vieux fût en mini-bar !
Pour conclure sur la tequila : pas franchement convaincus.
Ça reste un alcool élaboré à base de ce qu'on pourrait assimiler à un tubercule, sacrément plus pauvre en arômes qu'un rhum agricole... De là à parler d'alcool de patate comme la vodka il y a de la marge, en tout cas pour les tequilas bonifiées par le vieillissement, mais tout de même nous ne sommes pas fans.
Pour ne rien arranger, il y a peu de « bonnes » tequilas (dans le sens d'avoir été obtenues par une production sérieuse), car la législation est laxiste, et l'état des installations ainsi que le bon respect des procédés de distillation à l'image du Mexique : pas toujours hyper rigoureux.
Ça mérite néanmoins une photo souvenir !
Les nuits sur un parking en ville ne nous faisaient pas rêver, mais la quête d'un camping dans les environs a tourné à l'aventure : dès que l'on s'écarte du réseau routier principal, l'état des routes devient catastrophique.
Et lorsqu'il y a des petits villages à traverser, l'étroitesse des rues pose souvent problème, sans parler du pavage grossier qui fait tout voler à l'intérieur du camping-car !
En direction de Guadalajara, le Bosque de la Primavera est un coin sympa et isolé pour camper dans les pins, avec en prime les eaux chaudes du Río Caliente à proximité (énormément de sources thermales se trouvent dans les environs).
Mais quel enfer pour atteindre le spot !
On y rencontre d'autres familles en voyage, les Graines de globe trotteuses et les Québecois de Roule ma poule, avant de reprendre la route le jour suivant.
Au sud de Guadalajara et au bord d'un lac (la Laguna Atotonilco), plusieurs balnearios ont exploité les sources chaudes du secteur pour devenir de vrais parcs aquatiques avec bassins multiples et toboggans, dans une eau à 35°C.
Du coup on se pose pour quelques jours relax au Parque Acuático Chimulco, qui dispose en outre d'un terrain de camping...
Ici, ce sont les Français de la Gecko Family que nous retrouvons.
Après n'avoir croisé quasiment personne durant les 5 premiers mois de l'Alaska à la Basse-Californie, car nous étions en timing décalé sur les itinéraires classiques à travers l'Amérique du Nord, nous avons rattrapé dans cette partie du Mexique plusieurs familles qui avaient un peu levé le pied en arrivant sur les plages de la côte Pacifique, une partie que nous nous avons totalement zappée.
Les enfants s'éclatent, les parents partagent quelques apéros, et tout le monde prolonge un peu son séjour sur place...
Le parc aquatique se trouve à Villa Corona, petite ville tranquille dont on rejoint le Zócalo (la place du centre-ville au Mexique, qui généralement concentre l'animation... sauf à l'heure de la sieste !) en quelques minutes de vélo depuis le camping.
Comme à chaque fois que l'on en a l'occasion, gavage de tacos !
Il y a une part d'inconnu, ne saisissant pas toujours la dénomination locale des garnitures proposées (ni les explications du vendeur d'ailleurs)...
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