Après une quinzaine de jours passés au Bélize, un pays qui nous a réellement emballés et requinqués à la suite du Mexique, c'est plein de motivation que l'on s'attaque au Guatemala !
On s'y précipite tellement que l'on a zappé la dernière étape prévue au Bélize à quelques kilomètres de la frontière, aux Clarissa Falls.
Du coup on débarque au poste-frontière de Benque Viejo del Carmen en milieu d'après-midi et sans la préparation millimétrée des changements de pays précédents, en mettant de côté la sagesse qui voudrait que l'on n'achève pas à la nuit tombée des formalités interminables.
Surtout que l'on ambitionne le lac de Yaxhá - et les temples Maya sur ses rives - comme premier point de chute au Guatemala, au bout d'une piste réputée délicate qui s'écarte de la route principale une cinquantaine de kilomètres après la frontière...
Finalement, la sortie du Bélize et l'entrée au Guatemala resteront notre passage de frontière le plus rapide de toute l'Amérique Centrale !
En 45 minutes à peine, avec des officiers d'immigration pas franchement aimables mais raisonnablement efficaces et réglos, et en se félicitant de la souscription quelques jours plus tôt de l'assurance du camping-car pour ce nouveau pays (les formalités sont détaillées à la fin de l'article).
Petit détour avec le camping-car « histoire de se mettre dans le bain » dans les rues étroites de Melchor de Mencos, la première ville juste de l'autre côté de la frontière.
Recherche d'un distributeur de billets (machine que l'on pressent assez rare sur notre parcours à travers le Petén, une région où vivent moins de 10 habitants par km²), réapprovisionnements divers car on n'a pas pris le risque de passer la douane frigo plein : le rituel de l'arrivée dans un nouveau pays...
Au bout de nos 30 premiers kilomètres au Guatemala, sur la route tranquille à travers la plaine - et en bon état ! - qui rejoint Flores et le lac Petén Itzá depuis le Bélize, une piste terreuse part sur la droite : l'entrée du parc national où se trouvent les ruines de Yaxhá (prononcé
iacha) est à 9 kilomètres, et le site lui-même à trois de plus.
Faut être honnêtes, cette piste n'est pas faite pour des camping-cars de 6 tonnes, même en période sèche.
Elle est défoncée, pleine de pierres traîtresses, et il y a des passages un peu pentus : il faut plus d'une heure de crispation sur le volant pour atteindre l'entrée du parc.
De là, deux possibilités pour passer la nuit :
Soit un espace dégagé (le camping officiel du parc à 80Q/personne sans limite de durée) au pied des ruines, et donc à 3 kilomètres supplémentaires de piste. L'ayant faite en vélo le lendemain, cette dernière portion ne paraît pas faisable sans 4x4, et en tout cas pas en véhicule lourd.
Soit un écolodge isolé dans la jungle au bord du lac de Yaxhá,
La Sombrero. Le parking est minuscule mais la proprio y accepte les voyageurs en véhicule aménagé, pour 80Q la nuit (pour nous trois) avec l'accès aux douches...
Et à l'extraordinaire terrasse face à la
laguna !
Il y a même une piscine, matérialisée par un ponton flottant entourant une cage immergée.
Ce dispositif un peu particulier permet de sécuriser la baignade dans le lac...
Car les crocodiles sont nombreux dans la
laguna de Yaxhá, et patrouillent le long des rives...
L'espèce locale est le crocodile de Morelet, ceux que l'on retrouve en Amérique Centrale uniquement.
Et encore, désormais il n'en existe plus qu'au Guatemala, au Bélize, et dans les marais et les fleuves au sud du Mexique comme au Chiapas où l'on en avait aperçu quelques-uns sur le Río Usumacinta en allant à
Yaxchilán, car l'espèce est réputée pour la qualité de sa peau et particulièrement braconnée, le Mexique et le Guatemala n'étant pas particulièrement des exemples en matière de protection de la faune et de ses habitats.
En tout cas à classer dans la catégorie « croco balèze » : certains spécimens observés dans le lac de Yaxhá atteignaient les 6 mètres de long !
Et celui-ci qui rode le long du ponton mesure bien dans les 3 mètres...
À l'écolodge on a beau nous assurer qu'à leur connaissance jamais un client n'a fini dans le ventre d'un crocodile, on se méfie quand même.
Pas d'approche inconsidérée, et pour la piscine façon cage à requins, bizarrement pas un de nous n'a été motivé !
Le cadre reste assez magique, avec les singes hurleurs et les perroquets qui assurent l'ambiance sonore de la jungle environnante !
Et on repère aussi quelques aracaris dans les arbres autour du lodge...
L'écolodge justement, c'est un projet de Gabriella, la propriétaire italienne qui a participé durant des années aux fouilles sur le site de Yaxhá.
Un personnage un peu lunatique, pleine de conseils et avenante un jour, peu bavarde et râleuse le lendemain, et qui jongle de façon parfois déroutante entre l'espagnol, le français et l'anglais dans une même conversation !
Nous n'étions peut-être pas son genre de clients habituels, bloquant la moitié du parking avec notre camping-car, et sans doute pas les plus rémunérateurs. Mais quoi qu'il en soit, les bungalows tout en bois noyés dans la jungle et face au lac, et l'espace commun qui fait également resto, sont tout simplement magnifiques...
Lever de soleil dans la brume...
La
lancha de l'écolodge sert à rejoindre les ruines de Yaxhá par le lac (ou un second site Maya moins étendu sur une île à l'opposé de la lagune : Topoxté). Une alternative sympa au restant de piste infernale pour atteindre les pyramides par la jungle.
Le prix demandé n'est pas excessif : 80 quetzals (un peu moins de 10€) aller-retour pour nous trois.
Les billets d'entrée pour Yaxhá s'achètent au centre d'accueil à environ 500 mètres de l'écolodge en reprenant la piste principale (du coup si l'on choisit l'option bateau il faut y faire l'aller-retour au préalable). C'est là que l'on trouve également les guides.
L'entrée coûte 80 quetzals et normalement les enfants ne paient pas. Sauf que la personne au guichet n'a rien voulu savoir, et que nous avons dû raquer trois tickets...
Et puis nous voila partis devant les guides qui ouvrent de grands yeux, en direction des ruines sur nos vélos !
Trois kilomètres en montée de plus en plus raide et de plus en plus défoncés, on finira par laisser les vélos contre un arbre à 500 mètres du site.
On garde dans un coin de la tête que les jaguars y sont encore plus rares qu'au Bélize, mais que Yaxhá se trouve à l'intérieur du plus grand secteur protégé du Guatemala, la « Biosphère Maya » qui englobe également le parc national de Tikal et d'autres secteurs protégés autour de ruines perdues dans la forêt vierge : Nakún, Naranjo, Topoxté...
Et des panneaux incitent à ne pas débouler dans les virages sans visibilité, on ne sait jamais ce qui pourrait se trouver en travers de la piste !
À l'entrée du site, un gardien vérifie nos billets. Il y a deux ou trois 4x4 garés, avec les chauffeurs qui attendent les visiteurs qu'ils ont amenés depuis Flores ou El Remate. On ne sera pas nombreux au milieu des temples...
Les stèles couvertes de glyphes retraçant l'histoire de la cité sont nombreuses à Yaxhá, ce qui a permis aux archéologues de retracer des liens étroits avec Tikal, distante d'une quarantaine de kilomètres (à vol d'oiseau au-dessus de la jungle).
Le rayonnement des deux cités a d'ailleurs été contemporain, et remonte grosso modo à une période du IIIème au VIIème siècle.
Pour un lieu aussi isolé, les temples de Yaxhá sont plutôt bien dégagés et entretenus. Leur ouverture au public reste très récente, et des aménagements (escaliers en bois) étaient encore en construction...
Et il n'y a quasiment personne (peut-être 10 personnes croisées au total en plusieurs heures passées au milieu des ruines) !
Les temples principaux - qui mesurent pas loin de 35 mètres de haut - offrent un panorama infini sur le lac de Yaxhá et la jungle du Péten.
Le coucher de soleil sur le site est paraît-il extraordinaire (pour le lever ce n'est pas possible, l'ouverture n'est qu'à 8h00)... mais il faut penser au retour en vélo !
Alors pour nous le coucher de soleil ce sera à nouveau au bord du lac avec les crocos, une fois rentrés à l'écolodge !
À noter que quelques centaines de mètres avant les ruines de Yaxhá, une piste secondaire sur la droite s'enfonce dans la jungle. Elle rejoint la cité Maya de Nakún, 15 kilomètres plus au nord : tout une aventure, gros 4x4 baroudeur requis...
PASSAGE DE DOUANE... |
prix indicatifs en dollars béliziens, 1€ ~ 2,2 BZ$ en 2020 |
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Bélize > Guatemala, poste-frontière de Benque Viejo del Carmen
Note : ici, pas d'aller-retours entre différents bureaux de part et d'autre de la frontière. Toutes les étapes du processus se succèdent logiquement au fur et à mesure de l'avancée sur la route entre les deux pays.
sortie du Bélize
- aucune difficulté : parking immense devant le bâtiment des douanes béliziennes, clotûre des visas et du permis pour le véhicule
tous les étrangers quittant le Bélize, enfants compris, doivent payer un assortiment de taxes dont le total s'élève tout de même à 40 BZ$ par personne (ou 32.50 BZ$ pour les transits de moins de 24h à travers le pays)
- des changeurs de monnaie (les officiels sont censés porter une carte autour du cou... comme ils en ont quasiment tous une - vraie ou pas - on s'est fait indiquer un gars réglo par la douanière : c'est le dernier endroit pour se débarrasser de nos dollars béliziens et récupérer des quetzales, la devise guatémaltèque (début 2020, on obtenait environ 8 quetzals pour 1 euro)
- passage à la fumigation (40 quetzals)
entrée au Guatemala
- parking (gratuit) à côté des bureaux de l'immigration... et les places sont limitées, ça peut vite être le bazar et bloquer le passage
- remplir la carte touristique au premier guichet (la durée de séjour par défaut est de 90 jours), rien à payer
- un second guichet permet d'obtenir le permis d'importation temporaire pour le véhicule, pour la même durée, qui nécessite :
- deux photocopies du passeport et du permis de conduire de chaque conducteur, et des papiers du véhicule (plus simple de les avoir à l'avance, sinon une échoppe mitoyenne à la douane côté guatémaltèque fait des copies à 1 quetzal)
- le paiement d'une taxe de 160 quetzals, soit dans une banque officielle à Melchor de Mencos à 2km de la douane (à rejoindre en taxi puisque le véhicule n'est pas encore autorisé à circuler au Guatemala), soit dans la même échoppe que ci-dessus, qui prendra une rallonge de 20 quetzals pour effectuer l'opération via leur terminal (en supposant qu'il fonctionne...)
bien vérifier les infos saisies par l'agent d'immigration (numéro de chassis, immatriculation, noms...), l'arnaque classique étant d'y coller une « faute de frappe » et de refuser la correction ensuite après le paiement, sauf bakchich
- pas d'inspection intérieure du camping-car
l'assurance du véhicule
- pas d'assurance gouvernementale obligatoire pour les véhicules étrangers au Guatemala (au contraire du Bélize et du Costa Rica), et même pas d'assurance obligatoire tout court (c'est également le cas au Salvador et au Honduras)
- deux possibilités :
- rouler la centaine de kilomètres jusqu'à Flores sans être assuré, là où se trouvent les bureaux de compagnies d'assurance les plus proches
- souscrire une assurance à l'avance en contactant une compagnie par internet, ce que nous avons fait quelques jours auparavant depuis le Bélize, chez Seguros Universales (plus précisément nous sommes passés par un courtier : Conseguros)
le coût est de 120 US$ pour deux mois, l'assurance est valable dans toute l'Amérique Centrale sauf au Bélize et au Costa Rica, formule au tiers pour un véhicule que l'on a valorisé qu'à 9000 US$ pour réduire la cotisation, franchise de 450 US$ (concrètement si un conducteur sans assurance nous rentre dedans, ou si on plante tout seuls le camping-car, on n'est pas couverts)
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