Tikal, c'est l'ancienne capitale du monde Maya, un gigantesque monde perdu de temples, de palais et de pyramides isolés dans la jungle du nord du Guatemala.
Alors même si le côté touristique nous effrayait un peu, on considérait le site comme incontournable.
Et on a fait en sorte de modeler la découverte à notre sauce, en campant tout à côté du site, en patientant à l'entrée avant l'aube et en explorant les temples encore déserts dans la brume matinale...
Une fois revenus sur la route principale entre le Bélize et Flores - et donc en ayant re-encaissé la rude piste de
Yaxhá en sens inverse - l'entrée du parc national de Tikal se trouve à moins d'une heure de route, un peu après le village d'El Remate.
Le site lui-même se trouve 20 kilomètres plus loin, mais c'est à l'entrée du parc national qu'il faut tout payer (et Tikal n'est pas une visite bon marché !) :
- le ticket de base à 150Q (19€) par personne et par jour, les enfants de moins de 12 ans ne payent pas
- le camping du parc à 50Q (6€) par personne et par nuit
- l'option lever (ou coucher) de soleil pour une entrée avant l'ouverture officielle à 6h00 (ou une sortie après 18h00) : 100Q (12€) par personne (ou 200Q pour la combinaison des deux options)
vu le tarif et sachant que le brouillard masque le lever de soleil 4 matins sur 5 à Tikal, on a plutôt misé sur une entrée à 6h00 tapantes...
En arrivant après 15h00 à l'entrée du parc, le ticket est valable jusqu'au lendemain soir, ce qui permet d'économiser le coût d'une journée lorsque l'on passe la nuit sur place.
Dernière subtilité, la route jusqu'au site est limitée à 45 km/h pour protéger la faune et le temps de trajet est contrôlé à l'arrivée (avec menace d'amende salée à la clé), il ne faut donc pas mettre moins de 20 bonnes minutes pour faire les 18 kilomètres.
Et bien vérifier l'heure de passage notée par le gars au départ : pour nous il y avait 5 minutes d'avance, comme par hasard (et l'heure d'arrivée à respecter n'est pas indiquée). Du coup on a vraiment roulé très doucement jusqu'au camping...
Au camping, on est seuls. Un immmense pré (réputé propice aux embourbements après des périodes de pluie) avec quelques carbets posés sur des dalles de béton, et des sanitaires dont il faut demander la clé au gardien à chaque utilisation.
Enfin, presque seuls...
Des familles entières de coatis furètent dans les arbres alentours, pas spécialement craintifs mais pas apprivoisés non plus !
Le calme ambiant s'installe au fur et à mesure que le soleil se couche, l'immense majorité des visiteurs ne reste pas sur le site et rentre vers Flores ou El Remate.
Mais outre le camping du parc national, un ou deux petits lodges permettent également de dormir sur place. Et du coup une fois la nuit tombée, le calme n'est plus absolu du tout : leur électricité est produite par un générateur bruyant (qui coupe heureusement à 20h00)...
Réveil mis avant l'aube le lendemain matin, pour une entrée sur le site de Tikal dès l'ouverture de 6h00. Les deux gardiens ont encore la paupière lourde !
Un couple de visiteurs est là aussi... mais dès le premier embranchement, où l'on est partis chacun de notre côté, on se retrouve seuls dans la brume matinale.
Le site des ruines est démesuré, il faut une demi-heure de marche depuis l'entrée pour atteindre le temple star de Tikal, celui du Grand Jaguar !
Ambiance, avec les singes hurleurs en fond sonore !
Cachés dans la grisaille environnante, les singes restent pour l'instant invisibles... mais les toucans sont trahis par leurs couleurs !
D'ici deux ou trois heures, la
Gran Plaza entre les deux temples qui se font face - celui du Grand Jaguar sur lequel il n'est pas possible de monter, et le Temple des Masques équipé d'escaliers en bois et d'une terrasse qui surplombe la place - sera remplie de visiteurs...
À 6h30 pas de bataille pour la photo-souvenir, il n'y a que nous !
Au fil de la matinée les ruines se découvrent, lentement.
On fera plusieurs fois l'aller-retour jusqu'au Temple IV, tout au bout du site (à sans doute pas loin d'une heure de marche de l'entrée), la plus haute structure de Tikal avec ses 65 mètres, et de l'ensemble des cités du monde Maya par la même occasion.
C'est du haut de ce temple que l'on peut avoir une vue panoramique sur les autres édifices de Tikal.
Les « Sunrise Tours » viennent ici à l'aube (en entrant sur le site environ une heure avant son ouverture au public)... sauf que ce jour-ci à 8h du matin tout est encore dans la brume, et a priori c'est loin d'être une exception.
Enfin les temples finissent par émerger de la jungle...
On ne va pas blablater ici sur l'histoire de Tikal, simplement dire qu'avec sa petite voisine Yaxhá, les deux cités ont eu un long rayonnement contemporain, qui remonte environ à une période étalée des années 200 à 900.
Durant ces nombreux siècles Tikal a dominé une vaste partie du monde Maya, et il semblerait qu'à son apogée la cité s’étendait sur plus de 60 kilomètres carrés, dont seule une infime partie a aujourd'hui été fouillée.
La zone « dégagée » demande à elle seule pas loin d'une journée complète de marche sur le site, d'un complexe de structures à un autre, comme
El Mundo Perdido...
Au sein d'un si vaste espace, on croise forcément des animaux, d'autant qu'il leur est évidemment plus simple de grapiller les miettes laissées par les touristes que de chercher leur repas dans la forêt.
Les coatis - ici plus franchement sauvages - ont pleinement assimilé la leçon et trainent un peu partout au pied des temples !
Des familles nombreuses de singes-araignées vivent également sur le site...
À midi, le soleil a désormais largement dissipé la brume matinale.
Et nous, après un réveil avant l'aube, de longues heures de marche et des milliers de marches de temple grimpées, on a notre dose !
Dernier coup d'œil à un temple Maya avant sans doute pas mal de temps (il y a bien la célèbre cité de Copán au sud-ouest du Honduras, mais pas vraiment sur notre itinéraire prévisionnel le long de la côte Caraïbe) !
La suite justement, c'est la traversée de la région sauvage du Petén en direction de Río Dulce, base arrière sur le fleuve éponyme pour rejoindre notamment Livingston au bord de la Mer des Caraïbes, au fond du Golfe du Honduras...
Cette route n'est pas franchement un classique, le circuit habituel au Guatemala consistant plutôt à descendre par l'ouest du pays, via Sayaxché puis Cobán, pour rallier les points d'intérêt au sud : le lac Atitlán, Antigua et les volcans...
On se prévoit ça pour dans quelques mois, en retraversant l'Amérique Centrale cette fois le long de la côte Pacifique.
Dans l'immédiat on bifurque vers le sud-est, à travers les plaines et les collines du Petén. La route serpente un peu mais reste plutôt bonne, les villages assez rares et sans fioritures (le Petén est la province la plus pauvre du Guatemala).
On s'était noté plusieurs étapes possibles pour la nuit, donc la
Finca Ixobel juste après Poptún, la vraie ville du coin environ à mi-chemin entre Tikal et Río Dulce.
Une
finca en espagnol, c'est une maison de campagne. En Amérique Centrale c'est un ranch, une belle maison entourée d'une vaste propriété souvent exploitée en production agricole avec cultures et bétail.
Nombre d'entre elles sont converties au tourisme et proposent le gîte et le couvert, en ayant souvent mis de côté leur activité d'origine...
À la Finca Ixobel, bonne adresse qui se transmet entre voyageurs motorisés ou non au Guatemala, on trouve des petites cabanes en bois dispersées sous les arbres et quelques maisonnettes, sur un large coin de la propriété où il est possible de camper, en tente ou en camping-car.
Les soirées à la finca sont sympas, la proprio étant ouverte au wwoofing il y vit une petite équipe tournante de volontaires venus pour quelques semaines, sur le principe de donner un coup de main en échange de l'hébergement, comme nous-même avions pu le faire dans d'autres coins du globe il y a quelques années.
Il y a Manu un bricoleur québecois qui retape les cabanes, un couple de wwoofers suèdo-italien, et à l'occasion on partage également l'apéro avec des touristes français de passage.
Les très bonnes bières artisanales
El Zapote, qui nous changent agréablement de l'insipide
Gallo (la bière nationale du Guatemala que l'on retrouve partout), s'empilent rapidement sur les tables...
Finalement nous sommes restés quatre jours à la finca, au repos total et sans même se lancer en rando sur les sentiers des environs pourtant faciles d'accès, à réfléchir tranquillement à la suite.
C'est-à-dire mettre le cap sur le nord du Honduras, qui n'est pas le pays réputé le plus simple d'Amérique Centrale, et on a mis un peu de temps à prendre une décision (il existe la possibilité de traverser le Honduras en une journée par la Panaméricaine au sud du pays, et de passer ainsi en trace directe du Salvador au Nicaragua).
Après quelques heures de route vallonnée depuis Poptún, où l'on a cherché sans succès des
triángulos reflectivos (triangles de signalisation en cas de panne ou d'accident, que l'on ne possède pas, obligatoires en deux exemplaires au Honduras... et en fait au Guatemala également !) on arrive dans les rues encombrées de Río Dulce.
Au bord de l'eau, le trafic des lanchas est incessant. La ville est située à un point stratégique au niveau du goulet entre un lac immense et le fleuve qui en découle pour rejoindre ensuite la Mer des Caraïbes.
Vers l'amont, le plus grand lac du Guatemala : le lac Izabal. Quelques points d'intérêt dans ce secteur avec la forteresse d'El Castillo, les sources chaudes et la cascade de la
Finca Paraiso...
Vers l'aval, à 2 heures de lancha à travers la forêt vierge jusqu'à la mer : Livingston, communauté Garifuna du Guatemala (le
sud du Bélize largement habité par les Garifunas est tout proche, des bateaux font d'ailleurs la liaison entre Livingston et Punta Gorda) qu'il n'est pas possible de rejoindre par la route.
Et à mi-chemin sur le fleuve, un lodge tropical prisé des backpackers, la
Finca Tatin où l'on pourrait profiter de la jungle.
Toutes ces possibilités de vadrouilles nous feraient bien rester quelques jours dans les environs de Río Dulce...
Mais on sent quand même que la décision de s'attaquer bille en tête au Honduras reste un peu fragile, et qu'il ne vaut mieux pas trop laisser le temps à une nouvelle hésitation de nous faire changer d'avis !
Quant aux expéditions fluviales, on se réserve pour des opportunités un peu plus roots dans des coins reculés du Nicaragua.
Nous passons donc une seule nuit à la marina de Río Dulce, en contrebas du pont qui enjambe le fleuve.
On y peaufine notre passage de frontière prevu le lendemain, ayant enfin déniché dans les brics-à-bracs d'équipements nautiques les rouleaux de bande réfléchissantes dont on doit décorer la carrosserie du camping-car, en plus des triangles de secours, pour être en règle au Honduras...
Et puis le « camping » de la marina (en fait un parking à côté des hangars à bateaux) offre l'accès aux infrastructures.
Et Río Dulce est une marina grand luxe à l'échelle de l'Amérique Centrale, prisée des voiliers nord-américains...
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