La cordillère de Talamanca sépare les versants Caraïbe et Pacifique du sud du Costa Rica, nous contraignant à de longs détours depuis Manzanillo pour franchir la chaîne de montagnes, puis rejoindre notre nouvel objectif : la péninsule d'Osa.
C'est là-bas, tout au bout de la côte Pacifique, que nous avons décidé d'aller nous isoler pour une durée indéterminée, et suivre du plus loin possible l'évolution des évenements liés à l'arrivée del virus dans le pays.
Sur ce trajet qui nous prendra plusieurs jours, on peut avoir la chance d'observer dans les forêts d'altitude au cœur de la cordillère de Talamanca (surtout de mars à juin durant la reproduction) l'oiseau emblématique des Mayas : le quetzal.
Le parc national de Los Quetzales protège les différents écosystèmes du secteur, mais ce n'est pas nécessairement sur les sentiers de la réserve, peu développés et trop élevés en altitude, que les oiseaux se rencontrent le plus. Certaines zones limitrophes comme le village de San Gerardo de Dota offrent davantage d'opportunités.
A Siquirres on quitte la plaine qui borde la côte Caraïbe pour attaquer les montagnes. Une route difficile en camping-car, très vallonnée, qui serpente durant 100 kilomètres jusqu'à Cartago sur le plateau central.
C'est trop sur une seule journée avec le trajet déjà avalé depuis le départ de Cahuita : on se pose dans un genre de parc aquatique en pleine nature qui accepte les campeurs (
Paradero Turístico San Buenaventura à Turrialba), au bord d'un petit lac.
Nous sommes au pied du volcan Turrialba, le deuxième plus haut du Costa Rica après l'Irazú, aux éruptions régulières depuis une dizaine d'années (il « pétera » d'ailleurs à nouveau quelques mois après notre passage, en juillet 2020).
Mais depuis la vallée, les nuages masquent la plupart du temps le sommet à plus de 3300m d'altitude...
Le lendemain matin on reprend la route, jusqu'à Cartago dans un premier temps.
Au passage, des courses au supermarché marquent notre premier contact avec la réalité de l'épidémie qui est en train de s'installer en Amérique Centrale : le nombre de cas grimpe en flèche à San José et dans les villes environnantes comme Cartago, tout le monde porte un masque.
On retrouve ici la route Panaméricaine, pour une section loin d'être anodine : le
Cerro de la Muerte. La route grimpe dans la cordillère de Talamanca, jusqu'à atteindre le point culminant de tout l'itinéraire qui va de l'Alaska au Panama, à 3200m d'altitude.
Si sur les crêtes on trouve le
paramó, la végétation d'altitude formée de buissons et petits arbustes (qui se retrouve également dans les Andes), les forêts en contrebas sont le royaume du quetzal.
Presque 2000 mètres à monter depuis la plaine centrale ! On a posé la montre de rando sur le tableau de bord, histoire de surveiller l'altitude et de faire des pauses avec des paliers réguliers : après des semaines passées en bord de mer, l'acclimatation est assez brutale et notre Mini-Lapinette en particulier se plaint de maux de tête.
Nous sommes bien au-dessus des nuages de la vallée, quasiment à la même hauteur que les volcans Irazú et Turrialba qui émergent eux-aussi au loin...
Au détour d'un virage, un panneau discret marque l'entrée d'un chemin de terre tout juste assez large pour nous.
C'est comme ça - après être allés jeter un œil à pieds - que l'on se pose à
Iyok Ami.
Un ecolodge tout simple : des baraques en bois, un jardin organique, une salle commune cosy avec une bibliothèque multilingue enrichie par les voyageurs de passage.
L'ensemble noyé dans la forêt d'altitude, celle-là même où se cachent les quetzals à cette période de l'année.
Le propriétaire n'a pas le moral : ses chambres restent vides, sa clientèle principale est étrangère et les groupes d'ornithologues passionnés qu'il accueille habituellement annulent leurs voyages les uns après les autres en raison du coronavirus.
Du coup il nous accepte sans difficulté sur son petit parking inoccupé (pour 10000 colones par nuit), avec accès à la douche chaude.
Le magnifique lever de soleil est compris dans le tarif !
Mais à 2800 mètres d'altitude, même sous les tropiques ça caille.
Improbable réveil costaricien à 4°C !
Dans ces conditions, les séances d'observation du quetzal au lever du jour demandent une préparation vestimentaire adéquate. L'équipement nord-américain est ressorti des malles pour l'occasion !
Les quetzals ont leurs habitudes et c'est dans un créneau horaire a priori bien établi - très tôt le matin - qu'ils viennent se nourrir dans leurs arbres favoris à proximité du lodge : les avocatiers (en fait une variété sauvage aux fruits plus petits).
Mais ce n'est pas une garantie infaillible, et nous n'avons pas avec nous de guide aguerri scrutant la forêt et familier du chant de l'oiseau.
Pour cette fois-ci, la séance de guet matinal ne donnera rien.
Le spot « officiel » d'observation du quetzal au Costa Rica de bonne heure le matin - encadrée par des guides touristiques - c'est le village de San Gerardo de Dota à une dizaine de kilomètres, dans une vallée en contrebas du Cerro de la Muerte, en bifurquant un peu plus loin sur la route (la descente sinueuse et extrêmement raide n'est pas envisageable en camping-car).
Dès la mi-journée, la plupart des jours, les nuages montent de la vallée et noient la forêt d'altitude dans une brume épaisse, qui ne disparaîtra qu'au coucher du soleil...
Pour nous c'est l'occasion de laisser s'écouler doucement l'après-midi, bien au chaud dans le gîte.
Et puis une petite sortie autour du chalet malgré les nuages et la bruine, un éclair multicolore qui passe d'un arbre à un autre...
C'est bien un quetzal, immortalisé avec difficulté et pas à sa juste valeur faute de luminosité !
C'est la femelle...
Le mâle avec son interminable panache de plume qui prolonge la queue se trouve un peu plus loin, bien masqué dans les hautes branches.
Extraordinaire à voir lorsqu'il s'envole, mais trop rapide pour la photo !
Le queztal est en voie d'extinction, d'autant que les programmes de reproduction échouent, les oiseaux ne supportant pas la captivité.
On le trouve encore dans les montagnes du Guatemala ou du Honduras (des excursions étaient possible sur les hauteurs du
Lago de Yojoa), et ailleurs au Costa Rica une petite population se maintient a priori du côté du parc de Monteverde.
Le propriétaire du lodge a mis en place tout un réseau de sentiers à travers la forêt tropicale.
Points d'observation, carbets, accès à une (petite) cascade... un boulot de fou, il y a de quoi marcher plusieurs heures !
Le séjour à
Iyok Ami était plutôt sympa, coupés du monde mais pour une fois peut-être un peu trop, sans internet pour se tenir au courant des mesures gouvernementale liées à l'apparition du coronavirus au Costa Rica.
Un dernier coucher de soleil sur les volcans, avant de reprendre la Panaméricaine en direction du sud et franchir le Cerro de la Muerte le lendemain...
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