Notre arrivée à Vancouver fin septembre marque la fin d'une fuite de 1000 kilomètres pied au plancher (c'est-à-dire à environ 80 km/h avec le camping-car...) depuis Jasper, pour éviter de justesse une vague de froid annoncée et de bonnes chutes de neige sur les Rocheuses Canadiennes.
Cet itinéraire Jasper - Kamloops - Vancouver, on l'a déjà emprunté l'été dernier (en bifurquant vers les États-Unis juste avant Vancouver) et il n'avait rien de fabuleux, hormis les cascades du parc de Wells Gray.
Mais c'est le plus direct par rapport à une route plus à l'ouest et un détour par Whistlers, afin d'être le plus tôt possible sur l'île de Vancouver où une improbable fenêtre météo de grand beau temps se profile !
L'agglomération de Vancouver c'est deux millions d'habitants (environ la moitié de celle de Montréal) : un peu traumatisant lorsque l'on débarque en trace quasi directe de l'Alaska et du Yukon !
Pour éviter d'aller se fourvoyer dans le centre-ville avec le camping-car, on établit notre camp dans le Stanley Park, un vaste et magnifique coin de forêt en bord de mer (le tour du parc fait environ 10 kilomètres) tout à côté du Downtown au sud, et relié à North Vancouver de l'autre côté par un pont.
Le stationnement à la journée coûte environ 12 dollars (moitié moins à partir d'octobre), malheureusement le parc ferme à 22h00 et on ne peut pas y passer la nuit, ce qui nous obligera à s'éloigner dans les faubourgs le soir.
Mais le parc est truffé de pistes cyclables (dont celle qui fait le tour complet en bord de mer) et avec nos vélos en quelques minutes on rejoint le centre-ville de Vancouver...
Au passage il faut parfois donner de sérieux coups de frein, Stanley Park pullule d'écureuils incivils !
Et on peut également y apercevoir des racoons...
Downtown Vancouver se parcourt assez facilement en vélo, par exemple sur l'esplanade en bord de mer, au pied des buildings...
Le port des hydravions, qui tournent sans arrêt...
Et un grand moment : la traversée de bout en bout du centre-ville de Vancouver par ses avenues principales, à l'heure de sortie des bureaux, environ une semaine après Hyder, Alaska !
On a été envoyés à l'autre bout de la ville sur les indications d'une armada de conseillères de l'office du tourisme, qui avaient pris à cœur notre recherche : une librairie avec des livres juniors en français.
Direction donc Granville Island au sud du Downtown, mais on s'est un peu loupés avec l'échelle du plan de la ville : plus de 20 kilomètres à la pédale au final, et un grand pont à se farcir dans chaque sens.
Quant aux boutiques du Kids Market où l'on était censés trouver des collections complètes de « Club des Cinq » et autres...
La pêche fut maigre, un seul livre déniché : Chloé mettra sûrement moins de temps à le lire que l'on en a mis en vélo pour venir jusqu'ici.
Coucher de soleil à Stanley Park, où des groupes hétéroclites se retrouvent sur les plages pour un peu de musique et des sarabandes animées !
Les grandes villes, généralement on overdose rapidement. En quelques heures ou en quelques jours, et Vancouver ne fait pas exception bien que c'était l'une des plus sympas à découvrir, surtout en vélo et sans avoir à se pencher sur le casse-tête traditionnel des transports en commun d'une vaste zone urbaine.
Alors on embarque le camping-car sur l'un des ferries pour Vancouver Island, en l'occurrence celui qui relie North Vancouver (terminal d'Horsehoe Bay) à Nanaimo, plus au nord et plus central que Victoria, l'autre option de débarquement à l'extrême-sud de la grande île.
La tarification est à la longueur du véhicule et au nombre de passagers : environ 150 dollars canadiens au total dans notre cas, pour une traversée qui dure 1h30. On peut éventuellement réserver, mais il y a un bateau toutes les deux heures environ et en arrivant en avance on a pu avoir notre ticket sans problème. Le site internet de la BC Ferries permet de suivre en direct le taux de remplissage de tous leurs prochains départs.
La dernière perturbation pluvieuse annoncée avant les jours de grand beau temps nous passe dessus comme prévu pendant la nuit, et lorsque l'on atteint la côte Pacifique de l'île de Vancouver le lendemain...
On a traversé l'île en largeur, direction Tofino pour un petit séjour les doigts de pieds dans le sable sur les plages du coin.
Problème : le camping sauvage n'est pas évident dans le secteur (une grosse partie de la zone est un parc national, Pacific Rim) et la ville de Tofino elle-même ne semble pas très « camping-cars friendly » avec des panneaux d'interdition partout.
Peu d'autre choix que les campings privés où il faudra aller batailler avant le week-end pour trouver un emplacement - car on n'est pas les seuls à avoir repéré cette dernière période de beau temps avant les incessantes pluies automnales - et le camping du parc national lui-même, où l'on parvient à récupérer par chance une place pour notre première nuit.
Ce camping de Green Point se trouve dans un cadre mystique, dans la rainforest. Le soleil n'y perce quasiment pas, mais l'immense plage de Long Beach est juste en contrebas, accessible en quelques minutes par un sentier.
À marée basse, les rochers découvrent des tapis de pousse-pieds !
Un vrai Breton n'y résisterait pas, mais d'une il n'est pas permis de ramasser quoi que ce soit dans la réserve du parc national, et de deux on n'a pas très envie de se taper une bonne grosse indigestion en voyage...
Et puis on découvre Tofino, village complètement isolé à l'ouest de l'île de Vancouver (si l'on excepte Ucluelet la communauté voisine, la ville la plus proche est à plusieurs heures de route), haut-lieu d'observation des énormes tempêtes hivernales propres à l'Océan Pacifique...
Un petit port, deux ou trois rues qui forment un minuscule centre-ville, quelques restos... et des loueurs de planches de surf à tous les coins.
Car l'effervescence et la renommée de Tofino se trouvent davantage sur la dizaine de kilomètres de côte que longe la route avant d'atteindre le village : c'est ici « La Mecque du surf au Canada ».
Nous aussi, on ricanait un peu avant de voir.
Mais l'engouement assez incroyable pour la glisse dans ce coin perdu et avec une eau plafonnant à 14°C en cette fin septembre (ce qui coupe court à toute motivation éventuelle pour une petite session personnelle) ne peut que laisser admiratif : chaque baie, chaque plage, chaque véhicule croisé sont remplis de surfeurs et de planches !
Et si vous vous étonnez de la qualité tout de même assez modeste des vagues, on vous répondra comme partout ailleurs sur la planète : you should have been there yesterday...
On déniche un emplacement au Bella Pacifica Campground pour plusieurs jours. Un de ceux reculés dans la forêt, les sites en front de mer étant évidemment réservés depuis des semaines.
Alors on a 100 mètres à marcher pour être sur la plage au lieu d'avoir les pieds directement dans le sable en descendant du camping-car, mais on s'en contente !
Les baies avec de grandes plages bordées de pins (à travers lesquels on aperçoit des propriétés allant de la cabane en bois à l'énorme baraque) se succèdent le long de l'océan.
En vélo par une piste cyclable qui longe la route principale, ou à pied par des sentiers côtiers, il est assez facile de se balader de l'une à l'autre.
Notre activité principale à Tofino restera quand même - une fois n'est pas coutume - l'écartement des doigts de pieds en éventail sur la plage du camping !
Avec le week-end, tous les campings sont complets (heureusement on a pu garder notre emplacement) et au coucher du soleil tout le monde se retrouve sur la plage pour le même rituel : des chaises pliables, quelques bières, parfois un feu...
Tofino nous rappelle un peu les douces soirées de début d'automne sur la côte Aquitaine (quelques îles à l'horizon en plus, quelques tout-nus sur le sable en moins) !
Et pour ne rien gâcher, la brasserie artisanale de Tofino se trouve idéalement placée à quelques coups de pédale de notre camping.
La production locale se consomme sur place, quelques tables sont installées au milieu des cuves, ou à emporter dans divers contenants...
Nombreuses bières expérimentales, et donc autant à goûter !
Entre autres originalités, une blonde rafraîchissante aux pignons de pin...
Côté balades - on ne peut pas vraiment parler de randos - il y a quelques sentiers joliment aménagés dans l'impressionnante rainforest du parc national Pacific Rim...
Et Tofino étant au bout d'une langue de terre qui ferme une grande baie abritée du côté opposé à l'océan, c'est l'occasion d'aller découvrir des coins plus tranquilles que les plages de surfeurs.
D'autant que la route d'accès à Grice Bay est fermée aux véhicules pour travaux, ce qui la laisse pour nous seuls en vélo.
Enfin nous seuls, c'est vite dit... sans pouvoir être catégoriques, on parierait assez gros avoir aperçu un gang de loups.
Ils sont réputés nombreux dans le secteur (et il y a des avertissements dans tous les campings, comme pour les ours sur le continent) et la démarche feutrée des « gros chiens » ayant traversé la petite route au loin devant nous laissait peu de doute.
Méfait des contes pour enfants, ce genre d'animaux inquiète bien davantage notre Chloé que les grizzlys d'Alaska...
Cinq jours sans un nuage, c'était exceptionnel dans ce coin qui attrape toutes les dépressions du Pacifique Nord, mais ça ne peut pas continuer indéfiniment et après une dernière soirée estivale, on prépare la fuite !
Un passage par Ucluelet le minuscule village voisin de Tofino, annoncé comme plus calme : on ne peut que confirmer, c'est même complétement mort !
Nous sommes le 30 septembre, date limite sur de nombreuses routes principales (sur l'île de Vancouver comme sur le continent) pour circuler réglementairement sans chaînes à neige « au cas où ». On n'en a pas et ne prévoyons pas d'en avoir, mais symboliquement il vaut mieux s'éloigner plus au sud !
D'autant que sur le retour de Tofino, du côté de Port Alberni au centre de l'île, on encaisse notre première forte gelée matinale !
Les quelques heures de route plein sud pour rejoindre Victoria, grande ville de l'île de Vancouver et capitale administrative de toute la Colombie-Britannique, font du bien au thermomètre !
On poursuit l'optimisation météo en envisageant la traversée en ferry du bras de mer qui nous sépare de la péninsule Olympic et de son parc national avec ses rainforests extraordinaires, côté américain, que l'on aperçoit au loin...
Il y a trois ferries par jour l'été (jusqu'à fin septembre), deux le restant de l'année, opérés par une compagnie privée. La traversée ne dure que 90 minutes mais il faut être présent à l'embarquement 90 minutes supplémentaires avant le départ pour les formalités de douane, ce que l'on a fait en arrivant la bouche en cœur...
Sauf que le bateau n'est pas du même gabarit que ceux de la BC Ferries et que la place est limitée pour les gros véhicules... et sans réservation (10 $US par internet) on n'a pas pu prendre le premier ferry et il a fallu attendre celui du soir.
Ça nous permet de visiter tranquillement Victoria à vélo !
Une ville plutôt sympa, avec de nombreux parcs...
Et une gigantesque librairie (Russell Books, dans le centre-ville) : on tient enfin notre vraie section francophone, junior et adulte !
C'était devenu vital, les 50 livres de poche embarqués pour l'année, auxquels étaient venus s'ajouter ceux commandés en ligne et récupérés sur la route, ayant été avalés en moins de deux mois !
Embarquement sur le MV Coho, en plein centre de Victoria et avec une vue imprenable sur la ville depuis le pont du bateau (les ferries pour Vancouver partent d'un autre port davantage excentré).
Les formalités d'immigration nous ont paru moins psychorigides que lors des précédentes entrées aux États-Unis, un officier américain plutôt affable passant de véhicule en véhicule sur le quai à Victoria pour vérifier les passeports et les visas.
Le contrôle de douane (concernant les marchandises importées, avec le questionnaire habituel sur le transport d'alcool ou d'armes) a lieu lors du débarquement après la traversée, à Port Angeles.
Bye bye Canada !
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