La traversée des Prairies constitue le second volet de notre périple de Montréal jusqu'à la route de l'Alaska.
Une plaine infinie qui couvre trois provinces, chacune large de 1000 kilomètres, du Manitoba à l'Alberta avec la Saskatchewan au milieu...
Le Manitoba, on y entre un peu après avoir quitté le magnifique lac Supérieur qui avait été notre toile de fond des jours précédents...
Les buildings de Winnipeg s'aperçoivent à des dizaines de kilomètres dans la plaine : on contourne sans hésitation et sans s'arrêter dans la capitale provinciale.
Direction Mount Riding, un plateau qui s'élève au-dessus des Prairies environ 200 km au nord-ouest de la ville, où on se déniche un chouette emplacement dans le camping du parc national.
Mount Riding est assez curieux, on n'y trouve pas que des grands espaces vierges que l'on pourrait attendre d'un parc national mais également un genre de mini station balnéaire au bord du Clear Lake : Wasagaming.
Quoi qu'il en soit les vélos sont l'arme absolue dans le coin !
Du camping à la plage au bord du lac...
Pour aller voir le coucher de soleil...
Mount Riding aura été une halte de 24 heures sympa, mais sans laisser un souvenir impérissable d'autant qu'aucun animal n'a daigné se montrer.
Malgré ça on aura longuement hésité avant de reprendre la route : d'une part si l'on devait demander notre chemin dans le coin on serait foutus...
D'autre part et surtout, toute la région est en alerte pour de violents orages au-dessus des plaines, comme souvent à cette époque de l'année à laquelle il faut rester attentif aux messages concernant la formation de tornades.
C'était vraiment quelque chose qui nous faisait stresser un max avant le départ de Montréal, là on se retrouve dedans. Et il va falloir slalomer entre les orages, que l'on voit grossir sur les radars météo (heureusement nos téléphones captent le réseau) et qui se matérialisent concrètement en impressionants nuages violets...
Alors que plus au sud vers Regina des tornades sont signalées (on suit en temps réel grâce au site de la météo canadienne), on ne prendra finalement sur la tête qu'un bout d'orage une fois réfugiés à Yorkton, jugeant plus sûr un centre-ville que des plaines dégagées.
Mais voir ce truc-là arriver sur nous et constater en même temps que pile notre secteur vient de basculer en rouge sur le site d'alerte nous aura donné quelques sueurs froides...
Éclairs et coups de tonnerre bien sentis, quelques rafales et de la grosse pluie, finalement rien de méchant mais on était pas fiers dans le camion !
« En plein milieu » du Canada, la province de la Saskatchewan est le stéréotype des Prairies.
Des champs jusqu'à l'horizon, des routes en lignes droites infinies...
Monotone, c'est certain.
Mais malgré tout avec un petit côté envoûtant, peut-être l'essence même du road trip dans les grands espaces nord-américains !
Et surtout les Prairies nous ont réservé un magnifique spectacle, lors d'une nuit à l'est de la province de l'Alberta, à environ 200 kilomètres d'Edmonton.
Depuis quelques jours, estimant avoir gagné des latitudes acceptables pour l'observation des aurores boréales en cas de forte activité, on surveillait les prévisions.
Un gros « push » (activité 9 sur une échelle de 10 !) nous avait mis en alerte avec une condition supplémentaire dans le choix du spot pour la nuit : loin des lumières d'une ville et un horizon bien dégagé vers le nord, car on pense être encore bien trop au sud pour être « dessous »
Hidden Lake Ranch, un minuscule camping familial sur la propriété d'un élevage de chevaux et tout au bord d'un petit lac, remplissait complètement le cahier des charges et avait tout du bon coin sympa !
Mais l'équation avait deux inconnues : la météo d'une part, ciel dégagé obligatoire. Le coucher de soleil sur Hidden Lake est encourageant !
Le timing d'autre part : les nuits sont assez courtes début août vers 55°N, et il ne fait vraiment noir que quelques heures. Et si l'on pose la question « est-ce-qu'il y aurait un bon spot pour observer les aurores boréales ? » aux rangers dans les parcs, ils répondent même que « ce n'est pas la saison... »
Malgré tout en se fiant aux sites de prévisions on met le réveil à 2h du matin, sachant que le pari vaut le coup !
Et à la sonnerie, la carte en temps réel laisse peu de doute (nous sommes le point bleu) : il y a du spectacle dehors...
Pari gagné !
L'intensité est de très loin supérieure à l'aurore boréale que l'on avait eu la chance de voir en Laponie il y a quelques années.
Ça danse dans tous les sens, de grandes draperies illuminent le ciel juste au-dessus de nos têtes, et les couleurs virent jusqu'au rouge par moments...
On réveille évidemment Chloé pour qu'elle assiste à un spectacle aussi magique, et elle en sortira tellement ébahie qu'elle se portera même volontaire les nuits suivantes pour le réveil et le coup d'oeil par la fenêtre du camping-car à 2h du matin.
Tous les trois au bord du lac pendant plus d'une heure (les moustiques ont su profiter de l'aubaine) à avoir des frissons, et pas seulement à cause du froid glacial...
On a fait de notre mieux, mais les photos d'aurores boréales qui donnent quelque chose c'est vraiment un défi : le sujet bouge, la luminosité est faible, et les couleurs saturent facilement sur l'appareil.
Beaucoup de tâtonnements entre durée de pose (assez longue pour capter suffisament de lumière, mais pas trop pour limiter le flou : entre 10 et 20 secondes suivant l'intensité du moment), focale (généralement 3.5, le mini possible pour notre reflex Sony) et sensibilité du capteur (ISO 800 ou 1600 suivant l'intensité).
Trépied, déclenchement avec le retardateur (pour atténuer la vibration de l'appareil suite à l'appui sur le déclencheur), désactivation de l'autofocus et mise au point à l'infini complètent notre mode opératoire.
On est très loin des clichés de spécialistes mais « on voit quelque chose » !
Difficile de retourner se coucher... L'aurore boréale ne faiblit pas, et reste même visible avec les premières lueurs du jour !
Parmi les 5 ou 6 campeurs présents - des gens du coin - nous étions les seuls à s'être levés, et le lendemain matin l'évocation du spectacle de la nuit les émeut autant que si on leur apprenait qu'un ours avait visité le camping : un « ah tiens... » vaguement blasé.
Encore des images plein la tête, on reprend la route avec l'idée de récidiver la nuit suivante. En se rapprochant d'Edmonton, le parc national d'Elk Island nous paraît être une bonne option, avec un grand lac dégageant la vue et réputé pour sa faune : bisons, ours, orignaux, wapitis...
C'est même plus ou moins une réserve naturelle, puisque les limites du parc sont clotûrées.
Pour autant on ne peut cacher une certaine déception entre ce qui était annoncé et ce que l'on aura vu à Elk Island...
Heureusement les castors sont bien là pour sauver l'honneur de la faune du parc (et les moustiques également) !
Le BTP canadien à l'œuvre !
À Edmonton, on choisit de s'écarter de la route directe vers Dawson Creek, la ville d'où débute la mythique Alaska Highway et qui serpente sur plusieurs milliers de kilomètres dans le nord de la Colombie-Britannique, le Yukon puis l'Alaska jusqu'à Fairbanks.
D'Edmonton à Dawson Creek, ce sont des prairies et encore des prairies... On en a un peu notre dose, on tire donc plein nord en espérant rattraper un peu plus tôt les paysages de la forêt boréale, en direction du Lesser Slave Lake.
Superbe spot - on l'a rajouté pour de futurs voyageurs sur iOverlander - déniché au bord du « Petit Lac de l'Esclave » (par opposition au « grand » plus au nord) !
Première sortie canadienne du drone (il finira sans dommage dans un sapin)...
Le spot y étant favorable, le « réveil à aurores boréales » est activé.
À 2h du matin, la carte de suivi est très loin des niveaux d'activité d'il y a quelques jours (bien que davantage au nord, on est à peine à la limite de la zone où on pourrait espérer apercevoir quelque chose).
Effectivement en regardant l'horizon vers le nord on aperçoit une lueur verte assez diffuse, pas de doute le pic d'activité est terminé...
Le jour suivant nous amène jusqu'à Peace River, au bord de la rivière du même nom.
Pas grand chose d'autre qu'un tour de vélo à faire dans le coin, mais on n'ose pas s'avancer davantage sur la route : nouvelle alerte aux orages violents sur notre itinéraire.
Notre spot sur les hauteurs de Peace River pour la nuit... sauf que des jeunes en motocross viennent nous emmerder, et qu'on se trouve un peu isolés pour une nuit sereine. On délocalisera finalement dans un coin plus proche de la ville.
Finalement pas d'orages, mais météo infecte le lendemain pour notre entrée en Colombie-Britannique !
Et ce n'est pas tout à fait à son point zéro, mais une centaine de kilomètres plus au nord que l'on rejoint l'Alaska Highway à Fort St John...
Alors il ne faut pas imaginer que d'un coup, parce que l'on est sur la « Route de l'Alaska », les villes industrielles disparaissent et les ours et les élans deviennent plus nombreux que les véhicules.
Pour ça il faut rouler encore plusieurs centaines de kilomètres, mais par contre ça finit effectivement par arriver...
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