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L'épisode précédent nous avait laissés sur l'Icefields Parkway, encore dans le parc de Banff mais tout près de la limite avec celui de Jasper, inégalé pour sa densité en animaux sauvages. Et en ce qui concerne les ours noirs, on avait d'ailleurs pu constater qu'ils ne se préoccupaient pas trop des statistiques et vadrouillaient déjà en nombre à Banff...

Pour rappel la « Promenade des Glaciers » c'est une route longue de 230 kilomètres entre les villes de Banff au sud et de Jasper au nord, au cœur des Rocheuses Canadiennes. La frontière entre les deux parcs nationaux se trouve environ à mi-parcours, un peu au sud du Columbia Icefield Center qui concentre la fréquentation touristique au pied du glacier Athabasca.

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Le glacier Athabasca peut aussi s'admirer depuis le versant d'en face, et c'est tout l'intérêt de la rando qui mène à Wilcox Pass de l'autre côté de la vallée...

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Le départ est juste après l'entrée dans le parc de Jasper (marquée par la Sunwapta Pass, qui est aussi la ligne de partage des eaux : à partir de maintenant les rivières coulent vers... l'océan Arctique) au niveau du camping de Wilcox Creek.
400m de dénivelé à travers les sapins puis les alpages, soit une bonne heure de montée jusqu'au col Wilcox, avec des panoramas imprenables sur le mont Athabasca, le champ de glace Columbia et le glacier.

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Ici comme partout il y a une probabilité de tomber sur un ours en travers du sentier, d'ailleurs la plupart des randonneurs ont des clochettes accrochées à leur sac pour se signaler et ne pas prendre un animal par surprise au détour d'un lacet.
Des mouflons fréquentent également le secteur.
Mais finalement le spectacle est venu des ground squirrels...

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Leur nom francophone c'est « spermophile » ce qui peut laisser dubitatif. Entre chien de prairie et petite marmotte, ils ont le même système d'alerte perfectionné avec des guetteurs qui sifflent dès que l'on approche sur le sentier.
Et avec ses deux petits qui jouaient à cache-cache avec notre appareil photo, les parents un peu plus loin nous en ont mis plein les oreilles...

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Le col débouche sur une large vallée glaciaire, où l'on s'attendait à trouver un petit lac apparaissant sur la carte...
En fait ce sont plutôt des marécages.

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Il est possible de grimper sur une butte au-dessus du col pour vraiment faire face au glacier, environ 100m supplémentaires en altitude, ce que l'on n'a pas fait car le ciel se chargeait rapidement.
La vue sur le glacier Athabasca étant de toute façon déjà spectaculaire depuis Wilcox Pass !

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À quasiment 2500m d'altitude il peut faire froid très vite dans les Rocheuses Canadiennes, même en juillet...
Le retour se fait dans un vent glacial, face au Mont Athabasca.

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En reprenant la route vers Jasper on passe devant le Columbia Icefield Centre, où la concentration touristique est telle que l'on a beaucoup hésité avant d'y faire un arrêt express pour s'approcher à pied du glacier.

La prestation classique pour des milliers de visiteurs chaque jour combine la virée en minibus tout-terrain sur les pentes inférieures du glacier Athabasca et l'accès au « Glacier Skywalk », une plateforme en verre construite un peu plus loin au-dessus de la vallée. À plus de 100 dollars canadiens...

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Pour nous, marcher le kilomètre jusqu'à la langue de glace du glacier suffira largement en guise d'étirements suite à la rando matinale !

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On quitte ce coin de fous pour repartir vers les grands espaces toujours plus au nord...

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Un nouvel ours noir au bord de la route, ce doit être le cinquième ou le sixième vu sur l'Icefields Parkway.
On ne pensait pas que c'était possible, mais c'est bien une vague déception qui est ressentie désormais lorsque l'on aperçoit au loin un animal massif qui s'avère ne pas être un grizzly.

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Par contre une nouvelle case est cochée dans la liste des animaux rencontrés : les mountain goats !

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Les Athabasca Falls, plus ou moins en bord de route et trop fréquentées. Depuis la ville de Jasper, les tours organisés en bus jusqu'au Columbia Icefield marquent tous une pause ici au retour, c'est l'enfer.

Difficile de profiter du lieu donc, pourtant il aurait été assez facile de s'évader juste en regardant l'eau qui coule ici... Elle finira dans le Grand Nord de Jack London, jusqu'au fleuve Mackenzie et à travers le lointain territoire du Yukon.

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À partir des Athabasca Falls, il est possible de quitter la route principale qui continue vers Jasper pour emprunter un itinéraire parallèle sur l'autre rive de la rivière Athabasca.

Cette petite route (la 93A) vaut vraiment le coup même en camping-car, pas très large et un peu défoncée mais on n'y croise personne et les vues sont belles le long des 30 kilomètres jusqu'à Jasper.
On aperçoit regulièrement la pyramide enneigée du Mont Edith Cavell dans le paysage, l'un des sommets phares du parc de Jasper (mais ce secteur n'est pas accessible en 2018, la Cavell Road étant fermée jusqu'à nouvel ordre).

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De temps en temps un animal dans le genre cerf ou chevreuil traverse la route au loin, on avance à vitesse réduite...
Une femelle wapiti et son petit !

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Depuis Bend dans l'Oregon il y a déjà plus d'une semaine, on avait réservé un emplacement au camping de Whistlers, juste pour une nuit. On ne savait alors pas trop si ça serait la première à Jasper, au milieu des quelques jours que l'on compte passer ici ou à la fin, mais ça nous donnait un point de chute assuré pour un soir.

C'était d'ailleurs un énorme coup de bol, le seul des 800 emplacements de Whistlers disponible une nuit parmi les quelques dates que l'on avait consultées, sûrement un désistement qui venait d'avoir eu lieu.
Et à l'accueil la ranger est formelle : malgré les quelques annulations ça va être très, très compliqué de trouver un site pour une seconde nuit.
Mais bref ces problèmes sont repoussés au lendemain et on profite de notre spot au camping, déjà squatté par un chevreuil opportuniste !

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Comme dans tous les parcs fédéraux canadiens, pour faire un feu il faut un « permis » qui coûte environ 6€ et qui donne libre accès à la réserve de bois du camping.

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Le camping de Whistlers est à proximité immédiate de la ville de Jasper, elle-même au carrefour de trois vallées et complètement entourée par les montagnes.
Tout s'illumine au coucher du soleil, de plus en plus tard puisque l'on a encore gagné vers le Nord (Jasper est approximativement à la latitude d'Amsterdam)...

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À 23h la nuit n'est pas totalement tombée...
Le lendemain le réveil matinal forcé fera d'autant plus mal : si l'on veut rester dans le coin, il va falloir jouer serré dans les campings gérés par le parc national, répartis autour de la ville !

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À Whistlers, pas de miracle tout est archi complet on doit lever le camp. À Wapiti juste à côté il y a un emplacement « RV » qui se libère, autrement dit une place de parking sur le bitume proche de l'entrée, ce qui nous fait vraiment pas rêver.

Mais le ranger de l'accueil est sympa et nous donne deux bons plans : le premier c'est Snaring, un camping spartiate mais magnifiquement placé au bord de la rivière, à une dizaine de kilomètres de Jasper sur la route vers le nord-est en direction des Miette Hotsprings et de Hinton.
Il n'est pas très grand - 60 emplacements - mais les sites ne sont pas accessibles pour les gros camping-cars (au-delà de 8m de long, ce n'est pas notre cas) et en first come first served.

A priori ça tourne un peu tous les matins, et effectivement avec un peu de chance en arrivant pile au moment d'un départ, on a pu y trouver un chouette emplacement. Tout se gère en self registration en mettant une enveloppe dans une boîte (avec 15,70$ par nuit, soit environ 10€).

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Le deuxième bon plan potentiel placé sur le croquis ci-dessus, que l'on ne connaissait pas avant d'arriver à Jasper et qui s'apparente à du camping sauvage encadré, c'est l'Overflow Campground. Un vaste espace déboisé au bord de la Snaring River, gratuit mais sans point d'eau.

Comme son nom l'indique, il n'est ouvert que lorsque tous les campings du parc sont complets sans exception. Mais en juillet-août à Jasper c'est le cas tous les après-midis. Par contre les rangers demandent également chaque matin aux occupants de quitter le site.

Avec l'emplacement chopé à Snaring Campground, complété par un petit ravitaillement à Jasper et le check up météo pour les prochains jours au visitor center, on a gagné notre journée de bonne heure !
Dans les environs se trouve Maligne Canyon, une balade pas trop éprouvante (parce qu'on se réserve pour le jour suivant !)...

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Il y a six ponts ou passerelles répartis sur les 2 kilomètres de long du canyon, ce qui permet de moduler la rando en passant d'une rive à l'autre, au-dessus de la gorge.

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Par endroits il y a 50 mètres de vide...

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Il y a également un sentier davantage en retrait dans la forêt, celui que l'on a emprunté au retour non sans une petite appréhension en raison du risque « ours » et de l'heure tardive.
La vallée de la rivière Maligne s'enfonce dans une zone sauvage réputée pour sa faune, et Maligne Canyon n'est pas très éloigné d'un vaste secteur tracé sur notre carte par la ranger que l'on a questionnée à Jasper, où elle a écrit grizzlies...

En amont de la gorge, on peut trouver un coin à fossiles bien indiqué sur un plan au départ du parking mais beaucoup plus compliqué à localiser réellement.
Il faut chercher les empreintes sur une dalle lisse en bordure du torrent.

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Retour au camp de base à Snaring, pour le feu rituel !
À revoir les photos prises sur plusieurs semaines, notre régime alimentaire est quand même hautement basé sur une alternance de saucisses et de burgers au barbecue... heureusement que l'on fait généralement plus sain le midi.

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Quand on n'est pas trop cuits de la journée, on tente une virée digestive à l'heure où les animaux sortent.
C'est-à-dire que l'on part vadrouiller à vitesse réduite avec le camping-car dans les environs de Jasper, en se posant de temps en temps pour un tour d'horizon lorsqu'il y a une clairière ou un lac...

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Et en tombant sur un grand mâle wapiti au bord de la route, on a réussi notre soirée !

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À voir la taille de la bête, les avertissements lus un peu partout sur la dangerosité de les approcher d'un peu trop près sont de suite plus parlants !

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Le lendemain, on part à l'aventure : après un débat animé et puisque l'on n'a pas vu l'ombre d'un grizzly jusqu'à ce point de notre road trip, on décide d'aller tenter notre chance à pied en espérant enfin satisfaire ce qui tourne à l'obsession.
Une rando nous a tapé dans l'œil : les Opal Hills au-dessus du Maligne Lake, le coin à grizzlies gribouillé en rouge sur notre carte (à des fins dissuasives...) par la ranger à Jasper.

Surtout, on mise sur la présence d'autres randonneurs dans le secteur pour se rassurer, et éventuellement pour marcher en groupe comme le panneau d'avertissement à l'entrée du sentier le conseille.
Problème : le parking au départ est totalement désert. Pas complètement dingues non plus, on opte pour attendre du renfort...

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Le terrain de jeu ce sont des forêts épaisses, au-dessus desquelles on débouche dans un vallon isolé sur l'autre versant des Opal Hills. Truffé de baies sauvages, dont se baffrent les ours.
Environ 3h de marche en faisant une boucle, qu'il est possible d'allonger (on double quasiment le dénivelé) en grimpant jusqu'aux crètes.

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Alors que l'on est en attente sur le parking depuis un moment déjà, un ranger accompagné par un photographe se pointe.
Quand on lui explique que l'on hésite à s'engager sur la rando parce que nous ne sommes que tous les trois, et surtout que l'on n'a pas de bear spray, il nous fait comprendre que c'est de l'inconscience avec une gamine de 6 ans.

Du coup l'achat d'une bombe anti-ours, tant repoussée, devient inévitable à la boutique au bord du Maligne Lake située un peu plus loin...
Évidemment pour une rando ça fait mal au porte-monnaie : le jouet coûte plus de 50$ canadiens et ne sera pas conservable au-delà de l'aéroport, ni cessible car une déclaration nominative de possession d'un tel engin est laissée au vendeur.

Désormais équipés et l'utilisation de la rassurante bombe testée (c'est davantage psychologique que réellement sécurisant, ne sachant pas trop comment on maîtriserait la panique et nos réflexes face un grizzly qui aurait décidé de nous foncer dessus), on se lance !

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La bonne nouvelle étant quand même qu'une poignée d'autres randonneurs se sont engagés sur le sentier pendant que l'on se préparait. Tous portent des clochettes accrochées à leur sac à dos et un bear spray à la ceinture.

Et si l'on pouvait avoir encore quelques doutes sur la réalité de l'avertissement au départ de la rando, ils sont vite dissipés...

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Durant toute la montée à travers la forêt les filles ont chanté à tue-tête, procédé a priori efficace puisque l'on n'a même pas aperçu un écureuil.
Le compromis concernant l'objectif étant clair : voir un grizzly oui, de près non...

Et puis au détour du sentier on croise d'autres randonneurs (qui font la boucle en sens inverse) encore un peu pâlots : ils viennent d'apercevoir un grizzly à 100 mètres de distance sur le versant juste en face, a big one !
Selon eux il s'éloignait en direction de la crète, le danger semble limité.

Restés tout seuls dans le vallon, le mélange d'excitation et d'appréhension nous remue les tripes. Ça ne transparait pas forcément sur la photo mais c'est sûrement l'un des moments les plus intenses de tout notre voyage...

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En tout cas avoir trois paires d'yeux qui scrutent fébrilement la moindre tâche suspecte dans les pentes alentour, ça permet d'apercevoir d'autres animaux.
Un caribou, pas si répandu dans le parc de Jasper...

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Pour profiter encore davantage du coin et après un pique-nique où l'on n'aura jamais avalé aussi rapidement nos sandwiches (emballés dans des sacs hermétiques eux-mêmes enfermés dans des tupperwares !) on se lance à l'assault de la crète qui domine la vallée que l'on vient de traverser et les Opal Hills.

Pas vraiment de sentier, la montée - assez difficile - se fait plus ou moins en trace directe dans les éboulis et les pierres qui roulent sous chaque pas.

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On avait un peu sous-estimé l'ascension à se rajouter en plus de la boucle classique, un rab de plus de 300 mètres de dénivelé au final. Mais plutôt bien encaissés par l'équipe !
Par contre le froid glacial au sommet a interdit tout arrêt prolongé...

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À la descente, également au jugé en essayant de suivre des traces assez vagues pour retomber plus bas sur le chemin principal, il faut en plus slalomer entre les champs de neige à cause de nos chaussures de trail en toile absolument pas imperméables.
La panorama de chaînes de montagnes à l'infini est magique !

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Avec également le Maligne Lake au fond de la vallée...

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5 heures de marche au total, 800 mètres de dénivelé : c'est notre grosse rando à Jasper et peut-être même sur tout le voyage.
Cette boucle des Opal Hills est réellement magnifique... mais il restera quand même une petite déception de ne pas avoir rencontré - de loin bien sûr - un grizzly, d'autant qu'un autre groupe de randonneurs croisés en avait également aperçu un dans le vallon, peut-être le même que celui manqué de peu plus tôt dans la journée...

À la suite de cette épopée, on temporise tranquillement sur les bords du lac Maligne.
Déjà pour l'avoir pour nous seuls puisque les tours organisés depuis Jasper repartent au fur et à mesure de d'après-midi, et surtout pour maximiser nos chances de croiser des animaux le long des 40 kilomètres de route lors du retour en soirée vers Jasper.

Ça démarre assez bien avec une première femelle orignal !

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Les couleurs s'enflamment alors que l'on longe le Medicine Lake...

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Et puis the rencontre sur le bord de la route !

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Maman ours et ses deux oursons, à peine émus par notre camping-car puis par les quelques autres véhicules qui ont ralenti devant un tel spectacle, car on n'est pas totalement seuls à rentrer tardivement du Maligne Lake.

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On aura passé peut-être pas loin d'une demi-heure à leurs côtés, à quelques mètres respectueux, en s'arrêtant puis repartant au même rythme qu'eux et sans que ni les petits ni la mère ne montrent de signe d'énervement...

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Et dire qu'il n'y a pas si longtemps, obnubilés par l'envie de voir un grizzly, on aurait pu se croire lassés des ours noirs !

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Coucher de soleil sur le lac Medicine pour clore le spectacle...

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Revenus à la nuit à Jasper, on choisit de ne pas s'arrêter à l'Overflow campground mais de poursuivre vers notre prochaine destination : Mount Robson.

Une décision qui s'avère très vite un peu trop téméraire en raison du gros gibier, une fois sortis de la ville c'est quasiment tous les kilomètres qu'un grand wapiti sur le bas-côté de la route apparaît dans la lumières des phares du camping-car...
Arrêt pour la nuit dès la première aire de repos atteinte !

 

 
  liens utiles

Parc national Jasper
rando Opal Hills