Le Bélize est un petit pays souvent mis de côté par les voyageurs par voie terrestre, généralement un simple transit entre le Yucatán et le Guatemala.
Parce qu'il est méconnu et éclipsé sur la scène touristique internationale par les sites Mayas du Mexique voisin et la renommée du Guatemala, parce qu'il est réputé cher, parce qu'on y parle anglais et qu'il est fatalement assimilé à un pays américanisé.
Surtout, l'unique vision du Bélize aperçue puis propagée par la plupart des visiteurs est celle des Northern Cayes (Ambergris, Caye Caulker...) : des petites îles un peu aseptisées, bétonnées et faciles d'accès depuis le Mexique.
De notre côté on avait quand même la destination dans un coin de la tête depuis un moment, avec ses parcs nationaux immenses en pleine jungle, et sa côte sud où vivent les Garifunas, promesse d'une ambiance caribéenne qui ne manquera pas de nous rappeler la maison.
Direction le parc national de Bocawina pour commencer !
Dans l'immédiat et après avoir fait le plein de vivres à Chetumal côté mexicain, il faut se plier aux formalités du passage de frontière (détails des démarches en fin d'article).
Plutôt simple et rapide, mais razzia en règle de notre frigo par le douanier bélizien, qui a ni plus ni moins fait son marché dans nos provisions à grand renfort de « et ça qu'est-ce-que c'est ? du poulet ? ah bah c'est interdit, donnez-le moi ». Il est ressorti avec deux grands sacs de bouffe, qu'en plus il a exigé qu'on lui emballe...
L'autre subtilité de l'entrée au Bélize est l'assurance du véhicule, qui nécessite de savoir à l'avance combien de temps l'on va passer dans le pays (le tarif étant proportionnel à la durée). Pas forcément évident lorsque l'on voyage sans planning, mais on est partis sur une base de 15 jours.
Au final, environ 1h15 pour le passage de frontière Mexique - Bélize, sans réelle difficulté mais en s'étant quand même fait dépouiller le frigo.
Ça se corse plutôt une fois libérés sur la route, il n'y a aucun - mais aucun - panneau indicateur dans ce pays !
Mise à part l'orientation (mais il n'y a pas tant de routes que ça...) la conduite au Bélize reste simple. Peu de circulation, et les axes principaux sont plutôt en bon état.
Le pays est une ancienne colonie britannique, le British Honduras : on parle anglais, les limitations de vitesse sont en miles par heure, mais par contre on roule à droite.
Des bus bariolés desservent les villes principales entre elles.
Le paysage de la moitié nord du Bélize est plutôt constitué de mangroves et de vastes plaines cultivées, tandis que le sud et l'ouest sont plus sauvages, avec des montagnes recouvertes par la jungle.
C'est ce coin-là que l'on vise, et donc en particulier les parcs nationaux de Bocawina et de Cockscomb Basin.
À partir de Belize City (que l'on contourne bien prudemment car la plus grande ville du pays a très mauvaise réputation côté sécurité) la seule route s'enfonce dans les terres en direction de Belmopan, la capitale administrative.
De là, la route principale continue vers le Guatemala, et un autre ruban de bitume à travers la jungle part vers la moitié sud du pays : la
Hummingbird Highway.
Mais notre première nuit au Bélize sera finalement avant Belmopan, près du zoo du Bélize ou un écolodge met à dispo son parking pour les camping-cars de passage.
Le
Tropical Education Center regroupe quelques bungalows, une salle commune où l'on découvre la bière locale...
Et plusieurs sentiers dans la forêt environnante, avec des plateformes d'observation des animaux. Le soir un guide propose des sorties découvertes de la faune.
Les agoutis pullulent, il y a quelques crocos et tortues dans le marais sur la propriété, et de temps en temps il paraît qu'un tapir vient roder dans le secteur....
Pour une trentaine de dollars béliziens la nuit, on a également accès à la piscine, bienvenue avec la chaleur moite de la plaine de l'intérieur du pays.
Pour rejoindre ensuite le sud du pays, on doit traverser Belmopan. C'est l'une des plus petites capitales du monde (moins de 20000 habitants), une ville un peu artificielle où ont été basées toutes les administrations béliziennes.
Ravitaillements divers, notamment aux établissements
Quality Poultry Products pour du poulet à des tarifs défiant toute concurrence. C'est une entreprise tenue par les Mennonites, on y reviendra...
Passé Belmopan, la « route du sud », la Hummingbird Highway, longe les
Maya Mountains sur une centaine de kilomètres...
Jusqu'à rejoindre le pays Garifuna, qui occupe toute la bande côtière et les îles de la moitié sud du Bélize, de Dangriga à Punta Gorda (et se prolonge ensuite au-delà de la frontière, Livingston au Guatemala étant un haut-lieu de la culture Garifuna, et même plus loin sur la côte nord du Honduras).
Les Garifunas sont les descendants du métissage entre les esclaves africains évadés des plantations et les peuples autochtones, les amérindiens Arawaks. Ils étaient à l'origine présents sur l'île de Saint-Vincent dans les Antilles, puis ont été déportés sur une partie du littoral caribéen de l'Amérique Centrale. Les Garifunas ont leur propre langue, défendent âprement leur patrimoine culturel, et nous replongeront quelques jours dans une ambiance caribéenne qui nous est familière.
Mais pour l'heure, on part camper dans la jungle, dans le parc national de Mayflower Bocawina.
Depuis l'unique route qui dessert le sud du Bélize, Bocawina s'atteint par une piste d'une petite dizaine de kilomètres dont l'embranchement se trouve un peu au sud de Dangriga.
Les parcs nationaux du Bélize sont gérés sur le modèle américain : un centre d'accueil qui présente le parc, des rangers disponibles, un réseau de sentiers entretenus et cartographié, un espace de camping avec des sanitaires (minimalistes à Bocawina !)...
Bref de quoi profiter au maximum de ce que le parc a à offrir sans dépenser une énergie conséquente pour la logistique quotidienne, comme ce pouvait être le cas au Mexique.
S'y ajoute une surveillance rigoureuse de la zone protégée, qui permet une abondance d'animaux bien supérieure aux pays voisins appauvris par le braconnage et la déforestation.
C'est valable pour les oiseaux ou les félins, comme pour les reptiles !
Mise dans le bain immédiate avec la présence d'un boa constrictor de plusieurs mètres juste à côté du camping-car, en pleine digestion...
Le serpent n'étant plus sur sa branche le lendemain matin, on a bien regardé sous le chassis du camping-car que l'on n'ait pas récupéré un passager clandestin...
Notre Mini-Lapinette se passionne plutôt pour les fourmis locales, les
wee-wees.
Ce sont les proches cousines des « fourmis-manioc » des Antilles, et comme toutes les espèces de fourmis champignonnistes elles passent leur temps à débiter la végétation en petits morceaux qu'elles transportent jusqu'à leur colonie, où elles cultivent les champignons qui les nourrissent sur ces fragments de feuilles.
Une piste praticable en vélo permet de s'enfoncer davantage dans le parc depuis l'entrée, sur un ou deux kilomètres. Ensuite ce sont les sentiers à travers la jungle qui permettent la poursuite de l'exploration.
Le parc de Bocawina propose plusieurs randonnées, menant principalement vers des ruines Maya et des cascades.
On commence par les Bocawina Falls, deux cascades assez faciles à atteindre, au bout d'un sentier à peu près plat en pleine forêt tropicale.
Alors pour pimenter la balade on s'y lance en toute fin d'après-midi, imbibés d'anti-moustiques et avec une lampe frontale dans le sac au cas où (en réalité c'est surtout pour tenter d'apercevoir davantage d'animaux à l'heure à laquelle ils sortent).
Les Lower Bocawina Falls, pas franchement propices à la baignade...
En revanche un peu en amont, les Upper Falls permettent une douche rafraîchissante !
Pas d'animal croisé malgré le fait que l'on soit absolument seuls - on rêvait d'un tapir ou d'un jaguar au loin, mais comme on l'apprendra des rangers ce sont des rencontres extrêmement rares, mêmes aux heures favorables - en revanche des senteurs persistantes de poisson pourri nous ont fait suspecter la présence dans les environs immédiats d'un
fer-de-lance, le serpent trigonocéphale archi venimeux que l'on retrouve également en Martinique...
Nous sommes revenus au camping à la tombée du jour, dans le vacarme des cris des perroquets rentrant en groupe vers leurs arbres attitrés pour la nuit.
La balade aux Bocawina Falls nous a pris environ deux heures depuis le camping (7 kilomètres pour l'aller-retour).
Une autre rando, la grande classique du parc national de Bocawina, c'est celle qui mène aux Antelope Falls.
Pas excessivement longue (2h à 2h30 pour l'aller-retour jusqu'au bassin supérieur de la cascade), un peu raide sur la fin (300m de dénivelé positif au total), mais noyée tout du long dans la foret tropicale
Un hocco (
curassow en anglais local) débusqué au détour du chemin, un gros bestiau assez rare et qui cavale vite, en témoigne la netteté de la photo !
La fin du sentier grimpe en lacets de bas en haut des Antelope Falls : certains passages sont un peu tangents mais il y a des cordes en place.
Ce qui n'a pas empêché notre Mini-Lapinette de nous faire une énorme frayeur en dérapant, retenue par chance quelques mètres plus loin par une jambe prise dans une branche d'arbre, sans quoi elle aurait dégringolé beaucoup plus bas...
Le panorama depuis le haut de la cascade englobe la jungle du Bélize jusqu'à la Mer des Caraïbes au loin... par temps clair !
Et encore un tout petit peu plus haut, un joli bassin naturel permet de piquer une tête...
Une autre facette du parc ce sont les ruines Mayas.
À Bocawina, on est très loin des sites bien aménagés dédiés au tourisme de masse au Yucatán : les temples n'ont pas ou peu été dégagés et restent en quasi totalité couverts de lianes, aux trois-quarts engloutis sous la terre et les racines gigantesques des arbres de la forêt tropicale.
Les pyramides (imaginer une colline vaguement régulière avec quelques grosses pierres qui dépassent) de
Mayflower, le site qui contribue au nom complet du parc national, se trouvent juste en face de l'aire de camping.
Et
Maintzunun est une acropole datée du VIII
ème siècle au départ de la rando d'Antelope Falls. Mais en l'état actuel de son excavation, il faut encore pas mal d'imagination pour se représenter l'édifice original...
D'autres ruines Mayas ont été découvertes à travers le parc, des sentiers y mènent mais il semble qu'elles soient encore moins visibles que les deux précédentes. Si l'on a une âme d'Indiana Jones, c'est le paradis...
Et sans doute également de nombreux sites encore méconnus et enfouis sous la végétation, gardés par les toucans...
PASSAGE DE DOUANE... |
prix indicatifs en dollars béliziens, 1€ ~ 2,2 BZ$ en 2020 |
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Mexique > Bélize, poste-frontière de Chetumal
Note : ici, pas d'aller-retours entre différents bureaux de part et d'autre de la frontière. Toutes les étapes du processus se succèdent logiquement au fur et à mesure de l'avancée sur la route entre les deux pays.
sortie du Mexique
- fouille rapide du véhicule, clotûre des visas, éventuellement du TIP (le permis temporaire pour le véhicule au Mexique, dans notre cas on en avait fait un de 10 ans donc on le laisse évidemment courir pour les prochains mois ou les prochaines années
- passage à la fumigation (100 pesos)
entrée au Bélize
- parking obligatoire devant les bureaux de l'immigration
un panneau indique que tout véhicule étranger garé ici doit payer 30 BZ$, ça peut sembler du racket pour le stationnement mais c'est en réalité une taxe parfaitement établie, sa manière d'être perçue est juste un peu curieuse (un officiel tourne pour la collecte, et délivre un reçu)
- remplir la carte touristique au premier guichet (la durée de séjour par défaut est de 30 jours)
- un second guichet (« Motor Vehicle Desk ») permet d'obtenir le permis d'importation temporaire pour le véhicule, pour la même durée
l'assurance du véhicule
- une assurance gouvernementale est obligatoire pour les véhicules étrangers, même s'ils sont déjà couverts par une autre police (c'est le même principe au Costa Rica)
- la souscription se fait dans un grand bâtiment après la douane, il faut décider du nombre de jours et le tarif est proportionnel à la durée : 12 BZ$ pour une journée, 24 BZ$ pour deux jours, 29 BZ$ pour une semaine, 46 BZ$ pour deux semaines... Il est possible de payer en dollars US, en dollars béliziens, en pesos mexicains
- on ressort avec une vignette à coller soi-même sur le pare-brise, et au besoin il est théoriquement possible de prolonger la durée d'assurance initiale dans l'un des bureaux de l'« Insurance Corporation of Belize » dans les villes principales du pays
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