La Gaspésie c'est quasiment la région immanquable de tout voyage au Québec... une immense péninsule bordée d'un côté par l'estuaire du fleuve Saint-Laurent, de l'autre par la Baie des Chaleurs, et parmi les plus hautes montagnes de la province dans l'intérieur.
Et c'est d'ailleurs par les montagnes de la Haute-Gaspésie que l'on prévoit de commencer notre aventure dans la région, qui promet de belles randos dans un coin très, très sauvage !
On a traversé le Saint-Laurent sur le ferry qui relie Les Escoumins à Trois-Pistoles, sous un temps pourri qui doit durer au moins jusqu'au lendemain soir...
Comme la Gaspésie c'est quand même plus au nord et qu'on se rapproche de l'automne, vaut mieux pas se louper sur la météo là-bas... de la pluie par 15°C dans le Saguenay ça reste gérable, mais avec les 5°C matinaux prévus en Haute-Gaspésie (on ira même jusqu'à voir quelques petits flocons sur les sites de prévisions pour certains jours) ça risque d'être beaucoup moins marrant.
Donc on se félicite de ne pas avoir de planning et d'être libres de temporiser en chemin... Ça consistera à découvrir le parc du Bic d'une part, et à écumer les boutiques à Matane d'autre part pour trouver des vêtements plus chauds que ceux que l'on a prévus pour notre Mini-Lapinette.
Le parc naturel du Bic (géré par la Sepaq) est situé au bord du Saint-Laurent, environ 50 km plus au nord que Trois-Pistoles où l'on a débarqué. C'est un coin de petites îles, de caps et de baies qui se découvrent avec les marées...
...et qui abrite une colonie de phoques communs, dont l'activité favorite semble être de faire la sieste sur les rochers à marée basse !
Le bon spot d'observation c'est l'Anse à l'Orignal...
Le Bic c'est aussi le premier coin où l'on s'est fait virer pour camping sauvage, mais faut dire qu'on avait un peu poussé le bouchon en laissant garé le camping-car pour la nuit sur l'un des parkings de départ de rando à l'intérieur du parc, alors qu'il y a des vrais terrains (c'était toujours 25 dollars de gagnés !).
Mais le ranger qui est venu tambouriner à la porte pendant la soirée a été cool, nous a laissé finir de manger tranquillement et nous a même indiqué deux coins à l'extérieur du parc dans les environs où l'on pourrait poser le camping-car sans être dérangés. Bon y en a un c'était à l'arrière d'un motel miteux, et l'autre une aire de repos où il était écrit en gros que le stationnement était limité à 4 heures... on a opté pour la seconde option et personne n'est venu nous secouer.
Après cette étape stratégique sur la route de la Gaspésie et s'être comme prévus équipés un peu plus loin en couverture épaisse, vêtements chauds et bonnet en vue des températures qui nous attendent, on enchaîne les kilomètres en longeant la rive sud du Saint-Laurent. À Sainte-Anne-des-Monts on quitte la côte et ses villages pour s'enfoncer dans l'intérieur et grimper vers le parc de la Haute-Gaspésie...
Après les formalités d'usage pour s'enregistrer dans le parc (bon à savoir : les nuits de camping offertes avec le pass annuel des parcs Sepaq ne sont utilisables que le lundi, mardi et mercredi... et hors jours fériés, on s'est fait avoir en Haute-Gaspésie... finalement on a pu bénéficier de ces nuitées plus tard dans d'autres parcs où ça tombait mieux) on prend nos quartiers au terrain de camping « La Rivière » tout contents d'y avoir des places car il est réputé comme le plus sympa du parc (en fait il est quasiment vide).
Surprise du chef : l'emplacement qui nous a été attribué est déjà squatté... on y tombe nez à nez avec une maman orignal et son petit !
Sacré coup de bol étant donné que ce n'est pas si fréquent de croiser des orignaux (les cousins nord-américains des élans en Europe du Nord) ! Ils sont visiblement un peu paumés et en stress, on les laisse s'éloigner doucement...
Côté météo ça semble sentir bon, le ciel commence à se dégager en toute fin de journée et les prévisions annoncent un créneau favorable pour les prochaines 48 heures.
Et effectivement le lendemain matin...
Tout le monde est motivé pour attaquer les randos !
Et les randos en Haute-Gaspésie, y aurait largement de quoi y consacrer une semaine complète...
On s'échauffe avec le Mont Ernest-Laforce (820m) qui est une boucle de deux petites heures pas très loin de notre camp de base.
La balade est réputée pour ses fortes chances d'y apercevoir des orignaux... sauf qu'il faut préciser : de très bonne heure le matin, ce que l'on n'a pas réussi à faire !
Pourtant c'est pas faute de scruter de tous les côtés...
Le panorama magnifique au sommet du Mont Ernest-Laforce...
Mini-Lapinette pète le feu et marchera quasiment deux kilomètres toute seule sur le sentier, à fond dans son trip...
Cette petite rando ne nous ayant pas trop usés physiquement, on remet ça en fin de journée pour atteindre le Lac aux Américains (très court, moins d'une demi-heure du parking de départ).
Le créneau est bon : il n'y a personne et les couleurs sont superbes !
Ne donnez pas trop de
bleuets (baies sauvages qui ressemblent un peu aux myrtilles) aux enfants... il semblerait que ce soit un peu trop énergétique !
Les soirées et les nuits en Haute-Gaspésie commencent à être très, très fraîches en ce début septembre (on ne doit plus être très loin du 0°C le matin). Bon gros feu indispensable pour ne pas être reclus dans le camping-car dès la tombée de la nuit !
La rando phare de la Haute-Gaspésie c'est le Mont Jacques-Cartier, deuxième plus haut sommet du Québec (le plus haut étant situé dans le Grand Nord) avec 1270m d'altitude. Particularité : une harde de caribous, les rennes québecois, fréquente l'immense plateau rocheux du sommet.
Il n'en faut pas plus pour nous motiver, malgré les 40 kilomètres de piste pour accéder au départ situé au camping Jacques-Cartier complètement isolé au coeur des montagnes...
Pour info en haute saison (jusqu'à fin août) il y a une navette qui effectue ce trajet depuis l'accueil du parc, et vu l'état de la piste c'est sans doute l'option à privilégier. Là on est en septembre donc plus le choix, faut se débrouiller et y aller avec le camping-car ! On a en plus aperçu sur la carte une autre piste qui nous permettra ensuite de rejoindre la côte à travers la forêt... avec notre engin de 6 tonnes c'est peut-être présomptueux mais on tentera le coup ! Une réminiscence des aventures en 4x4 dans le désert australien...
Depuis le camping Jacques-Cartier, une réglementation très stricte est à respecter pour prendre le chemin du sommet, le but étant de préserver au maximum les caribous. Un ranger fait la navette en véhicule tout-terrain du camping jusqu'au point de départ réel de la rando quelques kilomètres plus haut, et la plage horaire pour boucler la marche va de 10h00 le matin à 16h00 l'après-midi. Juillet, août et septembre sont les seuls mois où l'accès est possible.
La randonnée en elle-même n'est pas excessivement dure, 4-5 heures aller-retour et 450m de dénivelé. La difficulté c'est par contre le vent glacial qui souffle en permanence sur le plateau dénudé à l'approche du sommet. La température peut descendre en-dessous de zéro même en été, y a intérêt à être très, très bien équipé côté vêtements.
Et en plus nous on est pris dans les nuages !
On la devine au fond, au sommet il y a une tour d'observation qui permet heureusement de se mettre à l'abri. Quant à apercevoir des caribous, il faut oublier tant qu'il y a les nuages qui réduisent la visibilité à quelques dizaines de mètres...
Sur la quinzaine de personnes inscrites pour grimper le mont Jacques-Cartier ce jour-là on reste les derniers au sommet bien au chaud dans le bâtiment, la plupart des autres randonneurs étant dépités par la météo et redescendant sans trainer.
Et comme on a du bol, les nuages finissent par se trouer dans l'après-midi !
La panorama se dégage enfin, on fait des détours un peu partout à travers la toundra du plateau en espérant tomber sur un caribou qui profiterait aussi des rayons de soleil... mais on n'en verra aucun !
La redescente dans un paysage lunaire en raison de l'altitude, on retrouvera la forêt un peu plus bas...
La météo étant à nouveau pessimiste pour le lendemain (le rythme deux jours de beau temps pour une journée pluie semble être bien installé !), à la suite de la rando au mont Jacques-Cartier on se résoud à contrecoeur à quitter la Haute-Gaspésie, qui aurait mérité bien plus que les deux journées que l'on y a passé. On va en profiter pour faire de la route et rejoindre le parc Forillon à la pointe est de la Gaspésie, beaucoup plus tourné vers la mer.
Comme prévu, on tente une piste (la « route n°2 ») qui descend des montagnes jusqu'au village de Mont-Saint-Pierre en bord de mer, à travers la réserve faunique des Monts Chic-Chocs. Finalement c'est vraiment une bonne idée, la piste est roulante et nous fait gagner une centaine de bornes non négligeables à cause du forfait kilométrique à respecter avec le camping-car, plutôt que de revenir en arrière par la route d'accès principale.
Pause à Mont-Louis, sur la côte nord de la Gaspésie...
Avant de se poser pour la nuit sur un super spot, un petit parking vraiment tout en bord de mer sans panneau d'interdiction ou quoi que ce soit. Sur la route cotière, après Anse Pleureuse, c'est au lieu-dit Manche d'Épée, entre les villages de Gros-Morne et de Madeleine-Centre.
La nuit est quand même agitée... la dégradation météo annoncée finit par arriver avec des rafales qui secouent le camping-car dans tous les sens, et la pluie qui fait un boucan d'enfer sur le toit.
Et comme d'habitude, y en a une qui ronfle sans que rien ne la perturbe, saturée de grand air !
Commenter cet article