Ben voilà, après un mois à vadrouiller sur les routes de Western Australia on débute notre migration vers le Red Center, en plein milieu de l'Australie... Et si vous avez lu la fin de l'article
sur la Gibb River Road et l'arrivée à Kununurra, vous savez déjà qu'il y a eu un petit brainstorming sur le trajet pour lequel opter !
On a donc choisi la solution aventureuse de la Tanami Road, la piste qui traverse le désert australien sur plus de 1000 kilomètres, qui nous foutait un peu la trouille mais nous excitait bien à
la fois. Sinon c'était 500 bornes de plus en suivant la route bitumée qui contourne le désert par le Nord.
Et le Purnululu National Park, un peu avant le début de la Tanami, n'est pas pour rien dans cette décision... C'est le nom aborigène des Bungle Bungle, des formations géologiques complètement
dingues, et c'est là :
L'accès au parc est sportif... 50km de chemin de terre caillouteux et façon montagnes russes, temps de parcours moyen annoncé dans les guides : 2h30. Gros 4x4 impératif évidemment, encore une
fois notre joujou fait des merveilles et - sur la lancée de la Gibb - on boucle la distance dans la fourchette rapide. Mais ça restera sans doute les passages les plus délicats que l'on ait eus à
négocier avec le 4x4 !
On se pose donc dans le parc pour deux jours, il y a deux aires de camping rudimentaires prévues à cet effet...
Outre les Bungle Bungle elles-mêmes qu'on s'est prévues pour le deuxième jour, il y a un autre truc à voir dans le parc : Echidna Chasm (bien s'appliquer à dire "kasseum" pour se la péter ici),
une sacrée faille qui s'enfonce dans une sacrée falaise.
On peut la suivre sur quelques centaines de mètres, c'est de plus en plus étroit... claustros s'abstenir !
On y traine pas mal dans cette fissure, il y fait - relativement - frais alors qu'en plein soleil c'est même pas la peine : invivable, pas de thermomètre sous la main mais on doit scorer la
quarantaine de degrés.
On s'était dégoté un petit coin pique-nique, mais un de ces bus 4x4 bricolés pour les touristes - hum- âgés a débarqué sur le secteur et on s'est retrouvés cernés par une ribambelle de croutons
insupportables, bière à la main, rots sonores, limite à s'asseoir sur nos genoux pour profiter de l'ombre, et on vous jure qu'on a dû surveiller nos sandwiches. Sans-gêne absolu, on commence à
connaître le vacancier australien de base.
Depuis Kununurra, d'où on a mis un petit paquet d'heures de route et de piste défoncée pour venir, il est aussi possible de prendre - à prix d'or - des petits avions jusqu'aux Bungle Bungle et
ensuite de se faire balader en bus tout-terrain à travers le parc national. C'est la raison de cet afflux de lourdingues...
Dommage le coin était sympa :(
Après la nuit sur un des deux terrains de camping rudimentaires du parc, on change de secteur pour découvrir ces fameuses Bungle Bungle qu'on voit sur toutes les brochures depuis une semaine.
On va pas tenter le possiblement barbant cours de géologie pour éviter de perdre des lecteurs du blog, mais en gros les roches du coin sont un espèce de mille-feuilles de "pierre de sable" (notre
traduction arbitraire du mot "sandstone" utilisé ici pour désigner la roche qui ressemble effectivement plutôt à du sable aggloméré qu'à du calcaire, et chers amis géologues épargnez-moi vos
remarques puristes ;) ou "purnululu" dans la langue aborigène locale, d'où le nom officiel du parc).
Du sable orange donc, qui a été compressé pendant des millénaires par les couches au-dessus, au point de s'agglomérer en roche. Roches qui ont été érodées au fil du temps pour former ces espèces
de monticules aux formes arrondise.
Et pour les différences de couleurs entre les couches ça dépend en gros de la porosité de celles-ci, qui les rend plus ou moins propices aux moisissures ou autres champignons qui donnent une
apparence plus foncée.
Voila pour l'explication façon succinte, on espère que tout le monde est encore là...
Et des sentiers permettent de se balader au milieu...
Une curiosité au milieu des Bungle Bungle : Cathedral Gorge, un genre d'amphithéâtre naturel creusé par la rivière pendant le "wet", la saison des pluies (m'enfin il a dû falloir pas mal de
millénaires quand même !)
On a fait la balade très tôt le matin, déjà pour éviter la chaleur et ensuite être peinards. Et voila qu'en approchant de Cathedral Gorge on entend de la musique !
En fait c'était un zikos allemand qui avait tenu à tester avec sa guitare l'acoustique de celle salle de concert naturelle. Doué le mec d'ailleurs...
On quitte les Bungle Bungle, et on s'attaque à un gros morceau de route : la Tanami Road, qui traverse d'Ouest en Est le désert du même nom. Raccourci sans autre intérêt que d'avaler 1000
kilomètres de piste à la place de quasiment le double de route goudronnée pour rejoindre Alice Springs. Et de jouer les aventuriers...
Cette fameuse piste, on y pensait déjà quand on ébauchait le voyage, moyen le plus rapide de rejoindre le Red Center depuis la Western Australia. Les infos prises dessus ne mentionnaient certes
pas une partie de plaisir mais pas non plus un truc infaisable ou complètement suicidaire. Faut être motivé, avoir à peu près confiance dans son véhicule et être autonome pour 1000 bornes et deux
ou trois jours en essence, eau, nourriture et réparations de base.
On pensait répondre aux critères, mais les amis citadins qui nous ont hébergé à Perth ont crié à la folie pure quand on leur a évoqué ce trajet-là. Du coup on s'était un peu calmés, et puis au
fur et à mesure qu'on demandait des avis sur cette piste en s'en approchant ça a recommencé à nous titiller, personne ne nous a dit "n'y allez pas". Le juge de paix ça a été le gars de l'office
du tourisme de Halls Creek, la ville de départ de la Tanami côté WA, qui nous a dit qu'elle était dans un état "beautiful".
Alors on a fait le plein des réservoirs, et zou !
Sur le panneau du dessus, ils auraient pu ajouter la distance : 1050 km. De quoi calmer les ardeurs.
Surtout que juste avant de s'élancer là-dessus on a vu en débarquer trois incroyables tas de boue qui devaient a priori être des 4x4 au départ d'Alice Springs.
Mais on a joué les gros durs et on s'est lancés à travers le désert. Et si on poste cet article c'est qu'on est arrivés au bout...
Pas grand chose à voir sur la Tanami Road qui est effectivement une piste longue, très longue...
Assez délicate parfois, surtout qu'on a pris plus de pluie sur la tronche pendant ce trajet que partout ailleurs depuis notre arrivée. D'où passages boueux, une mare ou deux ça va, quand c'est un
bourbier innommable sur plus de 50 bornes on vous jure que ça devient usant !
Au milieu du désert, un panneau : pour la première fois on change d'état australien, passant de la Western Australia au Northern Territory qui couvre tout le centre et le Nord du pays, d'Alice
Springs à Darwin.
Outre la banale démarcation administrative, vous pouvez remarquer à la tenue vestimentaire de Lapinette qu'on a laissé pas mal de degrés à la frontière...
On a aussi changé d'heure, le Northern Territory étant décalé de 1h30 par rapport à la Western Australia. Mais on a décidé d'instaurer le fuseau horaire des Lapinous pour ces journées à travers
le désert du Tanami, l'horloge du 4x4 a donc affiché une heure assez loufoque et utilisée nulle part ailleurs jusqu'à ce qu'on atteigne Alice Springs ;)
Au final : trois jours sur la piste, et deux nuits dans le désert du Tanami, rude mais pas aussi extrême qu'on l'eut cru. 1000 kilomètres sans rien certes, mais plutôt de la broussaille que les
étendues sableuses qu'on s'imaginait...
Arrivée victorieuse à Alice Springs, en ayant croisé moins de 10 véhicules au total depuis Halls Creek...
Et une bonne surprise pour les conducteurs fatigués, dans ce sens les 150 derniers kilomètres sont bitumés (une seule voie mais comme il n'y a personne c'est pas gênant).
Bon ça n'empêche que l'état de propreté du 4x4 est catastrophique, sachant qu'on est censés le rendre blanc au loueur sans qu'il ait une attaque. On a déjà fait un premier prélavage, et on peut
vous dire qu'il va nous falloir encore pas mal d'huile de coude pour ravoir la couleur de départ... sans compter la poussière rouge qui s'est infiltrée en masse jusqu'au fond des placards !
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