Shark Bay, c'est le nom de la réserve naturelle qui englobe deux longues presqu'îles parallèles à la côte et des baies immenses, qu'on atteint en roulant environ 300 bornes depuis Kalbarri notre
étape précédente, toujours plein Nord.
Sur une carte plus détaillée ça donne ça : une seule route, qui mène à Denham la seule petite ville du secteur, puis à Monkey Mia - un genre de complexe hôtelier - un peu plus loin.
Au niveau de l'échelle c'est le standard australien, il y a plus de 100 kilomètres entre l'entrée de la réserve et Denham qui se trouve à peu près en son centre. De quoi vadrouiller !
Le nom de Shark Bay n'est pas anodin et vient bien de l'abondance de requins dans cette zone. Mais comme c'est une portion de côte complètement préservée et isolée des activités humaines déjà pas
bien développées dans le secteur, les eaux de la réserve de Shark Bay abritent aussi des dauphins, des baleines, des raies manta, plein d'espèces de tortues et même des dugongs, cousins du
lamantin et genre de gros bestiaux broutant les prairies sous-marines.
Mais on a déjà le sourire en approchant de Denham : la côte a pris un petit air plus tropical qui nous déplait pas, les nuages qui nous accompagnaient depuis Perth ont enfin abandonné la
poursuite, et les degrés reviennent au fur et à mesure des kilomètres parcourus vers le Nord !
Shell Beach à l'entrée de la presqu'île, une plage recouverte de coquillages sur plusieurs mètres d'épaisseur...
Monkey Mia : un genre de village de vacances avec une attraction phare, des dauphins quasi apprivoisés qui se baladent le long de la plage en attendant un poisson balancé de temps à autre par des
apprentis rangers. On n'apprécie que modéremment, c'est tellement à l'opposé du côté sauvage de tout ce coin...
Nous ce qui nous attire ici c'est ça : un parc national isolé tout au Nord de la presqu'île de Denham. Une zone longue d'environ 50 kilomètres (baptisée d'un nom français, celui de l'explorateur
François Peron), accessible uniquement par des pistes sablonneuses à travers le bush, en 4x4 mode baroudeur donc.
En fait ce parc on a découvert son existence en arrivant à Shark Bay, les guides n'en parlent pas ou presque, sûrement en raison de l'accès un peu délicat. Mais les quelques brochures vantant un
coin super sauvage - et où en plus on est autorisés à rester les nuits - nous ont fait baver.
Le hic potentiel c'est donc l'accès, reservé uniquement aux vrais gros 4x4 et a priori aux gens qui savent s'en servir !
Alors ouep on nous annonce des pistes délicates mais comme on a répondu très fiers à la nana de l'office du tourisme que "oui on était des pros du tout-terrain" tout en repensant honteusement à
l'épisode du 4x4 ensablé quelques jours plus tôt en pleine nuit au bord d'une route déserte , on décide de se lancer dans l'aventure ! Et puis sans rire, on a un engin énorme, surélevé, et on
sait dégonfler et regonfler nos pneus (on a un petit compresseur qui se clipse sur la batterie) pour rouler dans le sable mou (hé ! vous sentez venir la catastrophe non ?).
Enregistrés jusqu'au lendemain soir pour rester dans le parc, c'est parti !
Avec notre gros 4x4 Land Cruiser (oui Toyota a eu vent du succès du blog des Lapinous et nous arrose grassement pour placer ce petit coup de pub) dont on a dégonflé les pneus, on passe partout
quasi sans encombre malgré des passages vraiment pas tristes qui n'auraient rien à envier à une traversée des dunes médocaines ! Et on se découvre une nouvelle passion pour le tout-terrain,
Lapinette en tête !
Personne, personne, personne. Ca permet de voir des bêtes dont on avait pas encore l'habitude !
On croise notamment notre premier émeu...
Un lézard-varan des sables un peu bizarre...
Et on n'en a pas vu en vrai (snif) mais un panneau demande de faire attention à des petits rigolos, les bilbies...
Un lapinou du bush !
Et des dizaines de dauphins le long de la côte, bien plus sympa à voir ici en pleine nature que nourris grassement à Monkey Mia pour attirer les touristes...
La soirée puis la nuit dans la réserve resteront mémorables, posés quasiment sur la plage au bord d'une petite baie, perdus au milieu de nulle part !
Côté paysages, le François Peron National Park propose du costaud...
Le cap Peron à l'extrémité de la réserve, là où les dunes rouges du bush atteignent l'océan...
Franchement certaines dunes d'Australie Occidentale n'ont rien à envier à notre Dune du Pyla, depuis Kalbarri on a pu voir des montagnes de sable gigantesques le long de la route. Un sacré
morceau ici aussi au cap Peron !
Faut bien finir par rentrer à Denham, on avait une autorisation de deux jours et une nuit dans le parc, pas plus. D'ailleurs les rangers nous ont controlé et c'est même la première fois que ça
nous arrive dans un parc national (en fait les parcs sont en libre accès 24h/24 mais avec un système d'auto-enregistrement à l'entrée, autrement dit on met des sous dans une boîte - 11$ par jour
quel que soit le parc - avec notre immatriculation, et avec ça les rangers qui gèrent la réserve naturelle savent quel véhicule peut vadrouiller dans le parc ou pas).
On finit par Big Lagoon, une lagune reliée à l'océan à l'eau super claire mais encore trop froide pour qu'on y pique une tête ...
Une petite vidéo pour illustrer notre apprentissage du tout-terrain sur les pistes du parc ;)
Alors avec le 4x4 on s'en est pas trop mal sorti non, pour des apprentis baroudeurs !
En fait pour la petite histoire en mode 4x4, en plus de la vitesse de croisière qui permet déjà de tracer tranquille sur les pistes sablonneuses, il y a une position "low" sur le levier de
vitesses qui est vachement rassurante et qui permet même enfoncé dans le sable à mi-roues d'en sortir comme dans du beurre. Un genre de vitesse archi démultipliée, le moteur hurle mais les roues
tournent tout doucement et c'est méchamment efficace. Pratique pour manoeuvrer dans les passages délicats...
Mais on devrait pas trop faire les malins (surtout moi)... Parce que la marche arrière on gère moins bien, et en reculant au milieu des caravanes dans un camping j'ai emplafonné une branche
d'arbre à hauteur de la vitre arrière, qui évidemment a explosé :((
En attendant - aucune chance de trouver une nouvelle vitre avant Carnavon à 300 km d'ici - on a bricolé pour dormir sans courants d'air, et on en a profité pour faire un peu de pub !
On achève nos quelques jours à Shark Bay par une dernière nuit sur une plage déserte, on vous laisse constater qu'on était pas ennuyés par les voisins encore ce coup-ci... par la mer non plus,
vous inquiétez pas on s'était garés au-dessus de la ligne de marée haute. Enfin on pense.
Au passage faut signaler que Shark Bay est plutôt sympa pour le camping sauvage, et c'est autorisé du moment qu'on s'inscrit - gratuitement - à l'office du tourisme pour signaler où l'on prévoit
de dormir (il y a 4 ou 5 plages où c'est possible dans les environs). C'est évidemment nettement mieux que les panneaux d'interdiction partout et de devoir se planquer des gardes.
C'est d'ailleurs ici (la plage s'appelle Goulet Bluff, vraiment un bon coin à te noter quelque part si tu prévois de venir en camping-car du côté de Shark Bay, cher lecteur !) qu'on a vu notre
plus beau coucher de soleil depuis l'arrivée en Australie...
Maintenant c'est le Ningaloo qui se profile, le concurrent de la Grande Barrière de Corail qui elle se trouve sur la côte Est de l'Australie. On va ressortir palmes, masques et tubas qui
séchaient désespérement dans nos sacs depuis l'Indo, se prévoir quelques plongées avec Lapinette la fraîchement diplômée, et peut-être débrayer un peu sur les plages parce que mine de rien on
tient un sacré rythme depuis qu'on est en WA !
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