Après avoir passé un bon coup de
balai à l'intérieur et de brosse à l'extérieur, on a rendu le van qui nous a baladé sans le moindre souci le long des 3000 kilomètres que l'on a parcouru à travers l'île du Nord ces 15 derniers
jours...
A l'aéroport d'Auckland et pour la troisième fois du voyage on retrouve Fab, comme c'était prévu depuis déjà un petit moment, et malgré la perte de son téléphone portable qui le rend injoignable
la synchro est digne d'une montre suisse (ou presque). Il est arrivé la veille au soir de Tahiti, a passé la nuit sur un banc de l'aéroport, et affiche une bonne tête de bûcheron mal réveillé
mais les retrouvailles sont chaleureuses trois semaines après nos aventures communes dans les Tuamotu.
Le programme néo-zélandais c'est maintenant l'île du Sud, tous les trois et avec un nouveau van qui nous attend à Christchurch...
Une bonne heure d'avion et quelques paperasses plus tard, on peut inaugurer dignement notre jouet !
Le temps nous étant relativement limité (à peine deux semaines), on décide d'une boucle dans la moitié Sud de l'île seulement.
Premier objectif : les glaciers de la côte Ouest, mais il y a l'île à traverser en largeur et accessoirement l'imposante chaîne de montagnes qui sépare les deux côtés. Y aura donc de la rando sur
le trajet !
Mais notre aventure dans l'île du Sud démarre par un invraisemblable quiproquo en anglais avec une petite mamie néo-zélandaise, sur un parking de supermarché à Christchurch...
Avant de partir sur les routes, on veut faire le plein de vivres, mais pas n'importe où : chez
Countdown, une grande marque de supermarchés en Nouvelle-Zélande (non pas qu'on soit
sectaires, mais on y a une carte de réduc, et ils filent des bons pour les pleins d'essence).
Le drame : on ne trouve qu'un supermarché
New World, l'enseigne concurrente chez qui on n'a aucun rabais.
On demande donc gentiment à une petite dame qui pousse son caddie s'il y a des
Countdown dans le coin... Problème : elle comprend "condom" et se met à regarder suspicieusement Lapinette
au milieu de ces deux gros barbus.
S'ensuit un échange surréaliste avec la petite mamie qui ouvre des yeux de plus en plus horrifiés, nous entendant lui répéter "on voudrait notre marque favorite", "on a de grosses réductions avec
les
Countdown"... Et toujours sans qu'un de nous trois fasse le rapprochement avec la traduction anglophone d'un préservatif ni le fait qu'elle nous montre incompréhensiblement la
pharmacie de la zone commerciale...
Et ça se finira en apothéose avec Lapinette qui lui répète en boucle "
Countdown,
Countdown !" et la petite vieille qui lui répond "merci jeune fille, mais je sais ce qu'est un
condom quand même !" avant de partir vexée, et en nous laissant de plus en plus perplexes !
Et il nous a bien fallu 5 minutes et se repasser toute la conversation pour comprendre la confusion...
Après ces débuts en fanfare (qui nous ont quand même coûté au final une bonne galère pour faire des courses ensuite, vu qu'on a quitté Christchurch morts de rire en se disant qu'on chercherait un
Countdown plus loin sur la route, et qu'évidemment on n'a plus rien trouvé, ni
Countdown ni rien d'autre car l'île du Sud est bien plus déserte que ce que l'on pensait...) on
prend donc la direction du centre de l'île du Sud et des montagnes.
Le décor est planté dès les premiers kilomètres : ça va grimper et la neige n'est pas loin !
Toute ressemblance avec les Alpes Suisses est fortuite !
Comme prévu on tente quelques randos depuis le col qui sépare les deux versants (Arthur's Pass, à 1000m d'altitude environ).
48 heures après avoir quitté Tahiti, Fab joue dans la neige !
Petite parenthèse ornithologique au sujet d'Arthur's Pass...
On y trouve ces cocos-là, les
kea, alias perroquets de montagne en voie de disparition. Ces charmants volatiles néo-zélandais sont un peu chapardeurs sur les bords, en particulier ceux
qui ont été intelligemment nourris par les touristes de passage et qui sont habitués à l'homme...
C'est quasiment du racket : "si tu nous files pas à bouffer, on défonce les pneus et le toit de ton van à coups de bec !"
Alors bon on a pas le choix (on déconne hein, faut pas nourrir les kea ça les rend encore plus dingues, les miettes de la photo ont été jetées par un crétin qui passait... nous ce sont nos pompes
qu'on leur jette, pour les éloigner, d'ailleurs au grand mécontentement des néo-zélandais qui vénèrent ce bestiau infernal)...
Enfin la côte Ouest de l'île du Sud, où l'on retrouve les couchers de soleil sur la mer...
Mais aussi la pluie dès le lendemain, pour notre arrivée au Franz Josef Glacier.
Avec Lapinette, ça faisait pas loin de deux semaines qu'on avait pas eu une goutte de pluie, on avait fini par croire que finalement le capricieux climat néo-zélandais était une légende !
On a profité de la journée pluie pour recharger un peu les batteries et planifier les jours suivants vers l'autre glacier un peu plus au Sud et qui descend aussi quasiment jusqu'à la mer, le Fox
Glacier.
Lui on y arrive alors que le temps s'est dégagé, et ça en jette quand même un peu plus...
Nos lecteurs glaciologues (ils sont nombreux) doivent se demander pourquoi ici, à une latitude équivalente à celle de Bordeaux dans l'hémisphère Nord, les glaciers descendent jusqu'au niveau de
la mer alors que partout ailleurs dans le monde la tendance est plutôt à la fonte accelérée ?
Ben la réponse est simple : ici ils sont suralimentés. Il tombe sur les sommets plus de 20 mètres de neige par an, vu que les nuages venus de la mer se bloquent sur les montagnes et déchargent
toute leur cargaison en haut du glacier à 3000m d'altitude. Donc ça fond en bas, mais il en tombe tellement en haut que ça compense largement la perte. Et comme un glacier glisse en permanence
vers le bas, au final il conserve la même taille.
Nous ça nous épate !
Près de Fox Glacier (enfin c'est-à-dire à une quinzaine de bornes de piste sinueuse) on découvre Gillespie Beach, qui deviendra notre camp de base dans le coin. Cette plage de galets est
sensationnelle : perdue au bout d'un chemin à travers les collines, complètement sauvage, avec des centaines de troncs et de bois flottés déposés par les vagues (on est rentrés dans les
Quarantièmes Rugissants, les mers du Sud déchaînées pendant l'hiver austral) qui donnent un paysage surréaliste...
Les couchers de soleil sur la mer de Tasman y sont interminables (quelle différence avec ceux des tropiques où la nuit tombe en quelques minutes sans que le ciel ait le temps de s'illuminer)
!
Et depuis la plage, si l'on se retourne on voit ça...
Les plus hauts sommets de toute la Nouvelle-Zélande, avec au centre le Mont Cook (3700m).
Côté faune, le coin n'est pas mal non plus.
Le matin c'est réveil avec les moutons qui se baladent en toute liberté dans le secteur...
Et il se murmure qu'une colonie d'otaries habite dans les environs !
Une première recherche épuisante - 4 heures de marche sur un sentier transformé en bourbier par la pluie des jours précédents - jusqu'à une crique un peu plus loin ne donnera rien...
C'est finalement Fab, l'acharné, qui les dénichera ailleurs le lendemain au bout d'une exploration en solo !
Evidemment, les Lapinous se font indiquer le coin ;)
Nous aussi c'est la première fois que l'on voit des otaries dans leur milieu naturel !
Ce sont des otaries à fourrure (elles ont intérêt à avoir le pelage dru d'ailleurs, vue la température glaciale de la mer ici dans l'île du Sud, alors qu'on est presque en été !). On vous
présente le pacha, qui nous a gentiment fait comprendre en grognant de ne pas approcher trop près de sa famille...
Chouette plage, non ?
En balade autour de Fox Glacier...
Fab toujours à la recherche de bons coins !
Outre le glacier Fox lui-même, la grande attraction du coin c'est le Lake Matheson, réputé pour ses reflets de carte postale.
La première tentative, pourtant volontairement matinale, est un échec. Passé 9h00, les nuages commencent à masquer les montagnes, et le vent ride le plan d'eau. En plus quelques cars de touristes
débarquent à partir de cette heure-là et ça devient trop fréquenté. Du coup le lendemain c'est réveil aux aurores pour assurer le coup, et balade jusqu'au lac plutôt façon course à pied !
Mais ça vaut vraiment le coup...
A gauche le Mont Tasman, à droite le Mont Cook, le gratin des sommets de Nouvelle-Zélande. C'est sûrement la première fois qu'on se démène autant pour une photo, mais avec le silence matinal, la
petite brume qui finissait de se lever sur le lac et le reflet parfait des montagnes, l'atmosphère était grandiose !
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