Nous voila donc basés à Alice Springs, en plein centre de l'Australie, pour notre cinquième et dernière semaine avec le 4x4 que l'on rendra ici avant de prendre l'avion pour Sydney...
Première constatation : Alice est une vraie ville, la plus grande que l'on voit depuis Perth, avec plein de campings pour loger les innombrables touristes australiens et étrangers qui débarquent
ici pour voir Ayers Rock, le gros rocher rouge au milieu du désert.
Deuxième constatation : c'est bien le climat du désert, super froid la nuit avec de la gélée presque tous les matins, et super chaud la journée. Jamais le moindre nuage, on a vraisemblablement
pris la seule pluie du mois dans le coin quand on était sur la Tanami.
Pour la première fois les nuits sont difficiles, même en dormant habillés et enroulés dans des couches de draps, duvets et couettes, on caille sévère dans le 4x4 pas du tout isolé du froid...
Notre programme : les trucs à voir dans le coin évidemment, et en premier lieu bien sûr Ayers Rock, ou plutôt Uluru comme le nomment les aborigènes. Mine de rien c'est quand même à 400 bornes
d'Alice Springs, cinq heures de route.
Pour ne pas faire un simple aller-retour là-bas, on compte enchaîner ensuite avec les Olgas (ou Kata Tjuta en langue aborigène) d'autres rochers rougeoyants un peu plus loin, puis Kings Canyon
plus au Nord, et revenir à Alice par la Mereenie Loop - une piste au beau milieu des territoires aborigènes - et à travers les montagnes des Mac Donnell Ranges.
Cette boucle assez réputée d'environ 1000 km s'appelle le Red Center Way, sur une carte ça donnerait ça :
Notre première préoccupation à Alice a été d'aller voir notre agence de location, pour connaître leur définition d'un état acceptable de retour du 4x4 la semaine prochaine. On compte pas se faire
carotter la caution - élevée - et pour ça faut leur ramener l'engin absolument nickel, extérieur comme intérieur. Aïe, après un mois sur les pistes la poussière s'est infiltrée partout, va y
avoir du boulot... On opte donc pour un léger prélavage - pas la peine de fignoler on va refaire de la piste dans le coin - histoire de déjà virer la tonne de boue accumulée sur la Tanami
Road...
Outre le carwash, à Alice Springs on a écumé les boutiques...
Et le saloon !
Cacahuètes en libre service, on peut vous assurer qu'on a amorti les bières à 7$ !
Kangourous, émeus, bétail... on faisait déjà gaffe. Mais dans le centre de l'Australie il faut aussi se méfier des dromadaires sur la route (vous noterez aussi que le mec de la DDE australienne
avait dû picoler un chouia pour la limitation de vitesse, parce que se prendre un dromadaire à 80km/h y a sans doute de quoi y laisser des plumes).
Minute culturelle des Lapinous : a priori le désert australien est la seule région du monde où des dromadaires vivent encore à l'état sauvage.
Et puisqu'on parle des animaux du coin, on a remarqué que les pigeons avaient un peu tendance à forcer sur le gel (celui de droite on l'a baptisé Greg, comprenne qui pourra !)...
Bref sur ces intéressantes considérations ornithologiques on prend la longue route pour Uluru, dont l'apparition au milieu du désert déclenche des scènes d'hystérie !
Parce que c'est quand même un truc spécial Ayers Rock... Ce rocher tu le vois dans toutes les brochures, sur toutes les cartes postales, partout. Et tu finis par te demander si finalement c'est
pas un peu cliché d'aller voir ce caillou isolé, cerné par des infrastructures touristiques dignes d'une grande ville (aéroport, hôtels luxueux, agences de location...) qui dénotent un peu au
milieu du désert...
Mais tu l'aperçois en vrai, et direct, pouf, t'es scotché.
Uluru est un parc national (qui englobe aussi Kata Tjuta un peu plus à l'Ouest) ce qui veut dire que l'accès rapproché - à moins de 20 kilomètres environ - est payant. Bien plus cher que les
autres parcs nationaux au passage, 25 dollars par personne, mais le pass est valable trois jours.
On ne fait pas dans l'original : la rando de 10 bornes qui fait le tour du rocher...
Et bien sûr l'incontournable coucher de soleil !
Une petite vidéo en accéléré, le changement de couleur du rocher comme si vous y étiez ;)
A propos on pensait batailler sévère pour se trouver une place avec une bonne vue, le coucher du soleil c'est le moment où tous les touristes du secteur débarquent à proximité du rocher. Mais la
bonne surprise c'est qu'il y a deux parkings distincts, un pour les cars qui doit bien regrouper 90% des gens car la plupart viennent ici en tour organisé, et un pour les voitures où il y avait
donc moins foule que ce qu'on craignait.
On n'était pas tout seuls certes, mais en fait c'est comme ailleurs, les familles en vacances débarquent avec l'apéro !
Pour l'hébergement il n'y a pas 50 solutions : juste Yulara, à 20km d'Uluru. Même pas une ville, un complexe hôtelier immense qui regroupe la gestion du terrain de camping au resort à 2000$ la
nuit. On s'attendait à des tarifs prohibitifs mais le camping de base est dans les standards habituels, et pour le ravitaillement on avait stocké à Alice Springs.
Et une demie-heure avant l'aurore c'est l'effervescence dans le bled : tout le monde reprend la route vers le rocher pour voir le lever du soleil...
Avant de laisser Uluru, un petit mot sur l'ambigüité notable au sujet de son ascension...
Le rocher est sacré au plus haut point pour les aborigènes, qui considèrent que le grimper va à l'encontre de leurs croyances. On peut donc lire un peu partout des panneaux "please don't climb",
mais sans interdiction formelle car la gérance du parc craint une baisse de fréquentation et donc de revenus...
Et il faut croire que sans l'habituelle menace de prune "fines applies", la demande des aborigènes n'a que très peu de poids sur les touristes, et - on va encore balancer - en particulier sur les
Australiens.
Bien sûr la vue doit être belle, mais lire les explications du "we don't climb" et grimper quand même, c'est pas vraiment faire preuve de respect...
Le pass du parc national étant valide trois jours, on consacre une journée entière à Kata Tjuta, le nom aborigène des Olgas. Situées à une cinquantaine de kilomètres d'Uluru, en poussant vers
l'Ouest.
La route est goudronnée jusque là, ensuite plus rien ou presque, le désert jusqu'à l'Australie Occidentale. Il y a bien une piste sableuse de quelques milliers de bornes qui part d'ici en
direction de Perth, mais il faut des tas d'autorisations et vraisemblablement un cv de pilote de rallye pour s'y engager...
Bref les Olgas ce sont des rochers de même nature qu'Ayers Rock, du sable orange aggloméré. Moins imposants, mais il y en a plus (36 au total).
Une balade réputée : Valley of the Wind, 3 bonnes heures de marche à travers les rochers, avec un peu de grimpette par endroits et pas mal de courants d'air d'où le nom. Evidemment on n'est pas
les seuls sur le coup et ça circule dense au début du sentier... Mais heureusement beaucoup de "randonneurs" font demi-tour au premier point de vue, et la suite du parcours est nettement plus
calme, et carrément magnifique.
Quelques paysages le long de cette rando largement à la hauteur de sa réputation...
Le coucher du soleil à Kata Tjuta n'a pas grand chose à envier à celui d'Uluru... Même couleur rouge, et moins de monde car il faut se taper de nuit la route de retour jusqu'aux hébergements de
Yulara.
En revenant de Kata Kjuta ce soir-là, nous on ne s'arrête même pas aux hôtels et on poursuit une centaine de kilomètres plus loin jusqu'à Curtin Springs, une roadhouse sur la route qui vient
d'Alice Springs. C'est un bon plan, le terrain de camping y est gratuit... mais faut aimer les émeus et les chanteurs de country :)
En fait le but c'est d'essayer de se rapprocher un peu de Kings Canyon, notre prochaine étape, pour pas passer la journée qui suit sur la route et y arriver trop tard pour avoir le temps de faire
la rando.
On a pas mal réussi notre coup puisque la matinée nous a ensuite suffi pour rallier Kings Canyon. Pour l'hébergement dans ce coin perdu c'est le même concept qu'Uluru, en vingt fois moins étendu
: juste un hôtel qui décline des prestations de la suite grand luxe au camping. Kings Canyon est au milieu d'un parc national (Watarrka) donc les tentatives de camping sauvage sont à éviter, et
après toutes ces randos une douche bien chaude n'est pas superflue... Tarifs du camping de base identiques à ceux d'Uluru (34$). C'est à quelques kilomètres du canyon lui-même...
La "rim walk" qui fait le tour de Kings Canyon en longeant le haut des falaises est phé-no-mé-na-le !
Mais à déconseiller aux âmes sensibles au vertige ;)
3 heures de marche dans un décor de Far West !
Ah ben d'ailleurs...
Depuis Kings Canyon il y a deux solutions pour rentrer à Alice Springs : reprendre toute la route en sens inverse ce qui doit chiffrer dans les 500 bornes, ou alors boucler par la bien nommée
Mereenie Loop. C'est un bout de piste en territoire aborigène qui permet de rejoindre le parc national des West Mac Donnell Ranges à l'ouest d'Alice, et de gagner pas mal de kilomètres.
Deux inconvénients, le premier mineur est qu'il faut un permis mais il suffit de raquer quelques dollars pour l'obtenir immédiatement d'un côté ou de l'autre de la piste.
Le second plus gênant c'est que cette piste est défoncée bien comme il faut, heureusement qu'il n'y a que 150 bornes à se taper...
Au sujet des monts Mac Donnell, soit on est claqués des trois derniers jours soit Uluru, Kata Tjuta et Kings Canyon nous ont blasé, parce qu'on a du mal à s'enflammer pour le coin. C'est pourtant
les premières vraies montagnes que l'on voit en Australie...
Avec des gorges...
Et toujours la couleur rouge au coucher du soleil, marque de fabrique du Red Center.
En prenant le temps de les découvrir, les "West Macs" doivent être super bien pour la rando. D'ailleurs il y a un sentier à étapes qui les traverse, façon GR20 corse, avec une centaine de bornes
de marche à s'envoyer en une semaine : la Larapinta Trail.
Mais d'une on n'a plus que 24 heures avant de prendre l'avion pour Sydney, de deux les randos précédentes nous ont cramé et on a même eu mal aux jambes pour un simple quart d'heure de marche
jusqu'à un point de vue !
Alors finalement on passera à Alice Springs cette dernière journée avant de rendre le 4x4, avec un nettoyage de fond en comble histoire de garder espoir pour la caution... Pas forcément marrant,
mais indispensable !
Quelques lignes quand même sur les aborigènes à Alice Springs : c'est navrant, triste... pas d'autres mots. Ils errent dans la rue du matin au soir, souvent avinés, complètement marginalisés.
Franchement c'est vraiment glauque, on ne sait pas vraiment comment l'état australien gère le sujet. Il donne plutôt l'impression de le cacher d'ailleurs, les aborigènes n'ont pas vraiment la
côte dans les médias et auprès des australiens blancs de peau en général...
Mais on n'a jamais eu le moindre problème, une aborigène a bien insisté pour nous piquer une bouteille de vin qu'on venait d'acheter, mais ça fait plus mal au coeur que craindre pour soi... Bref
il y a vraiment un gros problème.
Maintenant la question c'est : comment, après plus d'un mois à vivre comme deux ours à travers l'outback australien, on va gérer l'arrivée au milieu de la foule et des buildings de Sydney ?
Réponse dans le prochain épisode...
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