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Ahe, atoll du bout du monde !

Ahe, atoll du bout du monde !

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Un mois au bout du bout du monde...
Pour nous c'est ce qui colle le mieux aux quelques semaines que l'on vient de passer au Kamoka, une ferme perlière sur l'atoll d'Ahe, dans les Tuamotu Nord au fin fond de la Polynésie Française...
D'ailleurs vous aurez constaté que pour donner des nouvelles c'était pas vraiment ça ;)

Alors Ahe, c'est là :

Ahe

Parmi les atolls des Tuamotu, Ahe n'a pas grand chose à voir avec les touristiques Rangiroa, Fakarava, Tikehau... qui eux sont desservis quotidiennement par les avions d'Air Tahiti.
Pour venir ici il n'y a que trois vols par semaine, et de temps en temps annulés pour cause d'avion vide. Personne ou presque ne débarque à Ahe ! L'avion met une bonne heure depuis Papeete et dessert ensuite d'autres îles aussi, façon gares SNCF : "Ahe, Ahe, 10 minutes d'arrêt" !

Ahe

Pas facile de raconter ces quatre dernières semaines, on a tellement vécu différemment de ce qu'on a l'habitude... L'isolement déjà, qui dépasse tout ce qu'on avait pu imaginer !
L'atoll d'Ahe est formé par une cinquantaine de petits motus, les îlots couverts de cocotiers qui poussent à même le récif. Les motus sont privés, en gros un par famille...
Ahe est de taille modeste, l'atoll doit faire une quinzaine de kilomètres de long. Mais comme les îlots sont tous au ras de l'eau, on devine à peine les motus en face, de l'autre côté du lagon.
La ferme perlière (la notre hein, parce qu'il y en a une petite dizaine au total réparties autour du lagon) est où il y a le doigt, un peu au Sud de l'unique passe qui fait communiquer le lagon et l'océan....
Tenukupara, l'unique village de l'île, est à une heure de bateau à peu près.

Ahe

Notre ferme perlière a donc son propre motu Kamoka sur lequel sont posés les bungalows des gens qui y bossent. La ferme en elle-même étant construite sur des pilotis au-dessus d'une patate de corail du lagon, à quelques dizaines de mètres du rivage auquel elle est reliée par un ponton. Être directement sur le lagon, ça simplifie la vie pour les bateaux et la manipulation des huîtres...
Fab ayant fait par hasard une photo pile au bon moment lors de son arrivée en avion à Ahe, ça nous permet de vous montrer notre espace de vie :

Ahe

La ferme vue depuis le motu...

Ahe

Et le motu vu depuis la ferme !

Ahe

Pour le boulot en lui-même et pour tout le monde, woofeurs ou non, c'est de 6h30 à 15h30 avec une heure de pause le midi. Mais il y a tellement à raconter sur notre expérience d'apprentis perliculteurs qu'on fera un article à part sur nos tâches quotidiennes de la récolte des huîtres à l'extraction des perles !

Dans celui-ci on va plutôt essayer de vous faire partager la vie sur Ahe ! Le problème c'est qu'on sait pas par quoi commencer... Les gens peut-être ;)

Alors outre Pa'u le patron (Patrick de son vrai nom, un personnage déjanté et attachant qu'il va falloir que l'on présente plus longuement...) et sa femme néo-zélandaise Leslie qui se chargent avec dévouement de cuisiner les repas pour tout le monde, la ferme compte quatre travailleurs : Laurent, Heiarii, Aristide et enfin Timi le greffeur.
Et comme le woofing est une affaire qui marche au Kamoka, il y a toute une équipe multinationale de rigolos comme nous qui viennent donner un coup de main, et dont l'effectif varie au gré des départs et des arrivées de chacun. La durée moyenne sur place tourne quand même entre un et deux mois, donc des liens se nouent... Vous aurez tous l'occasion de les voir en photo dans les articles à venir !
Et à part Timi qui passe ses journées à greffer, car c'est une opération qui demande un savoir-faire bien spécifique, il n'y a pas vraiment de poste attitré et tout ce petit monde bosse sans distinction aux multiples tâches que demande la perliculture...

Ahe

Sur la photo au-dessus vous reconnaîtrez un woofeur qui n'est pas un inconnu du blog des Lapinous puisqu'on a déjà vadrouillé ensemble deux mois en Indo. A peine deux semaines après notre arrivée à Ahe, Fab nous a donc rejoint au Kamoka le 1er Octobre, en provenance directe d'Australie ! Retrouvailles chaleureuses que la morale nous interdit de raconter ici...
Par la même occasion on vous présente Julia, woofeuse originaire d'Alaska, et Ida, Suédoise de son état.

On dort dans des bungalows - un peu délabrés mais qui font largement notre bonheur - dispersés dans la végétation du motu et généralement en hauteur pour limiter les invasions de crabes, entre autres. Il y a quelques années la production de la perle des Tuamotu était un véritable eldorado et le Kamoka a compté jusqu'à une trentaine d'employés, contre quatre aujourd'hui... Du coup il y a bien trop de cabanes, construites pour anciennement loger tout ce monde, et du moment qu'avoir l'eau ou l'électricité n'est pas une priorité, il y a le choix et chacun a le sien !

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Le paysage du motu est lunaire : pas de sable, juste le récif de corail à perte de vue, coupant comme un rasoir. Un certain nombre de paires de tongs s'y sont faites proprement lacérer (Fab ayant assuré le réapprovisionnement en venant d'Australie) et on ne compte même plus les écorchures sur nos pieds !

Ahe

Mais aller faire les malins sur le récif côté océan, aussi casse-gueule soit-il, vaut le coup... Car si l'on arrive entier jusqu'au bord de l'océan, en se jetant à l'eau avec un masque et des palmes c'est du très lourd sous la surface...

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La visibilité est juste incroyable, il y a une foule de poissons tropicaux, et le tombant qui plonge dans le grand bleu est magnifique.

Ahe

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Alors bien sûr il n'y a pas que de gentils petits poissons tropicaux sur la facade océanique de l'atoll...
Croisés au cours de ces quelques semaines : barracudas énormes, napoléons, bonites, thons, et bien sûr un bon éventail d'espèces de requins, notamment les rairas, le nom polynésien du costaud requin gris, un sacré client mais on y reviendra un peu plus loin...

Ahe

Malgré quelques mises à l'eau un peu téméraires avec Fab après le boulot, parfois jusqu'au coucher du soleil, on n'a jamais aperçu l'ombre d'un requin tigre, le plus gros et le moins sympa des squales polynésiens...
On va pas dire non plus qu'on cherchait à tomber nez à nez avec un de ces spécimens, mais les gars de la ferme affirmaient en croiser occasionnellement - et pas faire les malins quand ça leur arrivait - alors ça nous trottait toujours dans un coin de la tête et faut bien avouer qu'on se retournait toutes les 30 secondes pour surveiller nos arrières ;)

Bref après quelques semaines on connaissait bien notre récif, et rares ont été les fins d'aprem où l'on ne s'est pas mis à l'eau dans ce coin-là à la sortie du bureau...

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Le petit problème c'est qu'à la moindre houlette, la mise à l'eau et surtout la sortie devenaient périlleuses sur le récif tranchant...
On en a fait les frais avec Lapinette, balancés sur le corail à sec par une vague qu'on avait pas vu arriver. Les palmes récupérées in extremis par Fab, des bleus qu'on traine encore, et des écorchures de partout. Ce qui nous a donné l'occasion de passer par la case désinfection d'une blessure de corail : au citron vert, on en hurle encore en y repensant. Mais c'est drôlement efficace puisque les coupures qu'on n'a pas eu le courage de frotter (plante des pieds, paume des mains...) trainent toujours à cicatriser au contraire des autres.

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Le lagon juste devant la ferme est aussi pas mal pour piquer une tête...

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Là aussi il y a des requins, mais surtout des pointes noires plutôt trouillards (curieusement les requins à pointe noire côté océan le sont nettement moins).

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Et de temps en temps on a la chance de voir passer à quelques mètres de la ferme une famille de raies léopards, magnifiques quand elles nagent mais une catastrophe pour les perliculteurs vu qu'elles dévorent les huîtres...

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En prenant le bateau, on peut aussi aller plonger dans l'unique passe de l'atoll d'Ahe...

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Dans ce coin-là c'est le grand bleu, la profondeur dans le passage atteint plusieurs dizaines de mètres...

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Et on plonge en rang serré en scrutant tout autour, la passe étant l'accès au garde-manger du lagon pour les gros bestiaux du large... Barracudas, thons, et plus stressant pour nous : requin tigre.
C'est uniquement possible de se mettre à l'eau pile au changement de marée, sinon le courant - rentrant ou sortant suivant que le lagon se remplit ou se vide - est bien trop fort pour ne pas se faire embarquer à des kilomètres...
Ambiance...

Ahe

Coin idéal pour le snorkelling, le motu qui borde la passe est juste paradisiaque...

Ahe

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Outre les virées à la passe et en dehors de la vie au Kamoka, il y a les trajets jusqu'au village, à environ une heure de bateau. En général Laurent y va tous les jeudis, le jour de passage du petit cargo - le Dory - qui ravitaille l'île chaque semaine.
Le cargo reste au quai pendant quelques heures, le temps d'approvisionner l'épicerie du village et que les habitants d'Ahe viennent chercher leurs commandes diverses, puis reprend sa tournée à travers les Tuamotu et repart vers l'atoll suivant.

Alors histoire de voir à quoi ressemblait un village des Tuamotu, on a accompagné Laurent sur le bateau (en fait la barge, il n'y a pas de "bateau de plaisance" à la ferme, juste des utilitaires)...

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Les Lapinous vous présentent donc Tenukupara, le seul et minuscule village d'Ahe !

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Laurent ayant retrouvé des potes au village comme à chaque fois et l'apéro sympa tous ensemble sur le bateau s'étant prolongé tard dans la soirée, le retour jusqu'à la ferme de nuit fut une expérience... mémorable.
Nuit noire, pas de lune, pas de lumière sur le bateau, le lagon démonté par le vent de l'après-midi, et il fallait traverser jusqu'au Kamoka en face, en évitant de préférence les patates de corail et les bouées des fermes perlières.
Un truc de malade auquel heureusement Laurent est habitué en sachant retrouver même avec les yeux fermés et une dizaine de bières de 50cl dans le nez (vous avez bien lu, 5 litres éclusés en quelques heures, ce mec est un mutant). Comme nous aussi on en tenait une petite, on n'a pas vu passer l'heure et demie pour rentrer, à prendre des tonnes d'eau sur la tête vu qu'il était impossible de distinguer les vagues arriver sur le bateau...

Ahe

Et puisqu'on parle d'apéros, ceux d'Ahe sur la terrasse du bungalow n'ont pas été les pires pour le cadre...

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Pour le contenu et les amuse-gueules, Fab se donnait du mal !

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Et ça se passait généralement devant un spectacle de ce genre...

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Voila, on va arrêter là pour ce premier retour sur notre vie à Ahe...
Bien sûr en y ayant passé un mois on a encore plein d'autres choses à raconter ! Dans le prochain épisode qui arrivera dès qu'on pourra, on essaiera de vous montrer notre formation d'apprentis perliculteurs... et nos récoltes !
A suivre donc, les copains ;)

La suite de nos aventures à Ahe :
Les Lapinous apprentis perliculteurs
Raira, mamaru, mauri...